Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/88

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seurs ont fait de même, mais ils en ont augmenté les revenus, bien loin de les diminuer. Cet Empereur fut le premier aussi qui fit bâtir des Hôpitaux pour les pauvres, et pour les pelerins ; il établit et renta des Colleges pour y faire étudier la jeunesse. Il est peu de Mosquées considérables, qui n’ayent leurs Hôpitaux et leurs Colleges. Les pauvres, de quelque religion qu’ils soient, sont assistez dans ces Hôpitaux ; mais on ne reçoit dans les Colleges que des Mahometans, à qui l’on apprend à lire, à écrire, à interpreter l’Alcoran. Quelques-uns s’y appliquent à l’Arithmetique, à l’Astrologie, à la Poësie ; quoique les Colleges soient principalement destinez pour y former les gens de Loy.

Les Hôtelleries de fondation qu’on trouve sur les chemins, sont de grands édifices longs ou quarrez qui ont l’apparence d’une grange. On ne voit en dedans qu’une banquette attachée aux murailles, et relevée d’environ trois pieds, sur six pieds de largeur ; le reste de la place est destiné pour les chevaux, pour les mulets, et pour les chameaux. La banquette sert de lit, de table, et de cuisine aux hommes. On y a pratiqué de petites cheminées à sept ou huit pieds les unes des autres, où chacun fait boüillir sa marmite. Quand la soupe est prête, on êtend la nappe et l’on se range autour, les pieds croisez comme les Tailleurs. Le lit est bientôt dressé aprés le souper, il n’y a qu’à étendre son tapis, ou placer son strapontin à côté de la cheminée, et ranger ses hardes et ses habits autour : la selle du cheval tient lieu d’oreiller ; le capot suplée aux draps et à la couverture : ce qu’il y a de plus commode, c’est que le matin on monte à cheval sans descendre de la banquette, car les étriers se trouvent tout de niveau. Les voituriers tiennent l’étrier opposé à celui du montoir : ces gens-là ne dorment gueres, ils passent plus