Page:Tousseul - Aux hommes de bonne volonté, 1921.djvu/32

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La révolte gronde dans les pays lointains que l’Europe avait « civilisés. » Les massacres — au nom du Christ encore, sans doute — ne servent à rien. Dans l’Afrique du Nord, dans l’Inde britannique, dans les îles océaniennes, en Égypte, les peuples soumis, ignorants, indolents, auxquels on a appris l’égoïsme occidental, le maniement d’armes savantes, à qui l’on a livré des femmes blanches, sont devenus le danger du continent. Des congrès d’indigènes ont arraché leurs droits, en dépit des massacres de Pendjab, d’Amaritsar, de Lahore, aux Européens occupés ici à raser leur propre sol.

Le panaméricanisme sera simplement commercial, sans doute. Et le péril jaune ?… Ces mots nous évoquent chaque fois un satanique visage de buis qui, des sommets neigeux d’Asie, contemple en ricanant l’Europe en délire.

Les remèdes ? Faire des enfants. Monstrueuse ironie ! Pourquoi les a-t-on laissé assassiner ?

La surproduction. Pour qui ? Pour la vieille société pourrie et malfaisante ?

À quoi bon, du reste ? C’est le châtiment inévitable d’un continent coupable. Il est bien cruel pour des soldats, comme les Belges et les Français, qui se sont battus pour un Idéal, de constater aujourd’hui qu’ils ont aidé à l’agonie de leur classe et de leur race.

Vieillards maudits, qui avez présidé à ce massacre obstiné, vous ne connaîtrez pas le châtiment, parce que vous mourrez avant sa venue.

Vous avez voulu entrer dans l’Histoire, vous avez ouvert les portes aux envahisseurs, qui demain seront nos maîtres, vous avez hâté la réalisation des sombres prophé-