Page:Tousseul - Aux hommes de bonne volonté, 1921.djvu/31

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Le Japon, pays de fleurs, de bois odorant, de porcelaine et de soie, voit s’allumer le soir les gueules rouges des usines. Il pénètre dans tout l’Extrême-Orient. L’Europe avait bâti sa fortune par le glaive — la colonisation sanguinaire au nom du Christ. Elle périra demain par le glaive et ce sont ses victimes d’hier qui se chargeront de son châtiment. La Hollande n’a qu’à se bien tenir, si elle veut garder ses colonies. Durant la guerre, les Japonais étudiaient paisiblement le malais et publiaient en cette langue un journal qu’ils envoyaient à Java ! La Chine, mastodonte branlant, est devenue une usine, un champ, un marché nippon.

Les Yankees convoitent nos colonies qui seraient, disent-ils, un excellent remboursement. Les grand’routes marines sont déplacées, le centre commercial a fait un bond vers les côtes américaines, les mers du Nouveau-Monde sont devenues des lacs, sillonnés, encerclés, gardés par les navires des États-Unis.

L’Amérique du Nord a envahi l’Amérique du Sud et l’Europe : le Danemark, l’Espagne, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la Russie, la Norwège. Elle recrée l’internationalisme commercial. Des pays sud-américains qui mendiaient leur vie à l’Europe la lui donnent aujourd’hui. La lutte économique des États-Unis a duré pendant la guerre avec leurs alliés. Leurs mesures étaient prises bien avant leur entrée dans la lutte !

Aujourd’hui, on dit là-bas : l’Amérique aux Américains, l’Asie aux Asiatiques. Demain, les uns et les autres seront chez nous : nous connaîtrons le panaméricanisme et le péril jaune. Vous l’avez voulu, George Dandin !