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Page:Tousseul - Aux hommes de bonne volonté, 1921.djvu/63

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ou qui toussent leur asthme dans les petits jardins des collines ou dans les taudis des villes.

Vous ébranlez le monde, Mineurs — que j’aime plus que je ne vous le dirai, car je ne dis jamais grand’chose — vous secouez la terre, perdue dans l’univers. Vos maisons lézardées accusent votre travail inquiétant, et les feux, les fumées, toute la vie de la surface proclame la sainteté de ce travail. Je vous aime et je vous bénis !

Ah ! riches, si, comme moi, vous aviez vu ce que coûte un morceau de houille, arrosé de sueur et de sang, vous le respecteriez et vous salueriez bien bas les hommes noirs au corps arqué et à la face pâle marquée de bleu, qui reviennent contempler — lorsque la fosse ne les a pas mangés vifs — la lumière et les couleurs.

Je songe à cette vie anonyme d’héroïsme… je songe aussi à ce que feraient ces hommes épiques s’ils se mettaient en colère.

***

Nous remontons : une berline nous accompagne. Zz ! Nous sommes au jour : nous respirons, nous voyons. Et, un goût de benzine dans les narines, je mendie une cigarette à tout venant pour étourdir ma grosse faim…