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DU CRÉPUSCULE AUX AUBES


Il sent frémir le pouls agité de la foule,
Qui bat sous la douleur et le faix du métier,
Et l’humaine souffrance élabore en son moule
Tous les vers qu’il écrit dans le silence altier.

Sa lenteur va plus loin que la hâte de l’homme,
Et si, courbant le front sur les sillons fleuris
Il entend murmurer le mot que l’herbe nomme.
Son oreille et son cœur n’en restent pas surpris.

Il sait que toute flamme et que toute allégresse
Viennent d’un centre unique où tout rayonne à flots.
Beauté, Vertu, Grandeur, et que rien ne transgresse
L’ordre mystérieux dans le grand souffle éclos.

Toujours plus haut il monte au delà de tes songes,
Ô monde pantelant qui gémis sur ton or !
Et s’il épreint les cris ainsi que des éponges
Pour en sortir un long sanglot : Confiteor !