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Notre hôpital public vient de faire appel au sens pratique des populations auxquelles il rend gratuitement service depuis soixante-seize ans. Ses proportions, son personnel, son outillage, tout cela n’équilibre pas les aptitudes à faire le bien, et les exigences du bien qui reste à faire. Le temps est venu d’agrandir la superficie utilisable, d’augmenter le nombre des internes et des infirmières, de perfectionner les accessoires indispensables ; l’heure est arrivée de donner à la maison l’appoint des découvertes scientifiques dernières, et d’assurer par ce moyen l’excellence de la desserte hospitalière aux deux cents et quelques mille habitants de la région, qui ont droit d’attendre, d’un hôpital public, la sécurité la plus parfaite dans le traitement des maladies.

Après deux mois de repos, les solliciteurs reprendront, en février prochain, la campagne active qui se prorogeait le lundi soir 13 décembre.

C’est la première fois que l’institution demande du secours, et il convient d’examiner comment elle a pu se soutenir si longtemps sans l’intervention efficace des pouvoirs publics, ou du moins sans l’appui immédiat de ses ressortissants.

Le traitement des malades étrangers sous un même toit est une œuvre essentiellement chrétienne. Le paganisme n’a jamais connu l’hôpital. Il faut attendre le quatrième siècle pour trouver un abri exclusivement destiné à ceux que l’Église appelle « les membres souffrants du Christ ». Constantin, suivant l’exemple des évêques de Rome, fonde des hôpitaux, une fois établi dans sa nouvelle capitale du Levant. Julien l’Apostat essaye d’imiter plus tard les disciples de Jésus, et il crée des refuges « où l’on pourra faire pour les païens ce que les chrétiens font pour tous. » Puis, l’hôpital déborde ses premières frontières ; il s’intronise dans les Gaules, traverse le Rhin, passe la Manche, et bientôt l’Occident et l’Orient se couvrent d’hôpitaux. À Paris, à Lyon, à Tonnerre, dans tous les centres populeux de l’Europe, l’Hôtel-Dieu nous dit ce que le moyen âge, le XIIIe siècle surtout, fait pour les malades et pour les blessés. D’ailleurs, les vastes lépro-