Page:Tremblay - Les ailes qui montent, hommage au nouvel an 1919, 1918.djvu/28

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Au vent de la jonchée affolante du Feu.
Comme un gibier fuyant que le chasseur embrouille,
Les hommes chercheront, tous, un dernier abri
Contre l’irruption des éléments en armes.
D’autres guerres viendront sur le Monde assombri,
Jeter leur épouvante et fondre leurs vacarmes,
Jusqu’au jour où le sol, tuméfié de morts,
Crevé jusqu’au tréfond par les folles mitrailles,
Stérile, dévasté, dépouillé des trésors
Qui germaient en gonflant ses fécondes entrailles,
Refusera la nourriture et la chaleur
Aux fugitifs hagards des haineuses tueries.

L’Humanité criera du fond de sa douleur,
Vers un Dieu relégué parmi les vieilleries,
Vers le Galiléen toujours crucifié ;
Et ses poings décharnés, souillés par l’homicide,
Frapperont lourdement son cœur pacifié,
Triste, honteux, vaincu par le remords lucide.
Alors elle verra le deuil originel
Qui pèse sur Caïn et sur le dernier crime,
Sur la masse et le glaive engendrant le shrapnell,
Sur le frère qui fuit son frère, qui l’opprime,
Sur les hommes traqués et luttant pour la faim.
Partout sera l’effroi dans le désert immense.
La terre nue aura les flammes pour confins.