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LES FERMENTS

Au moissonneur lassé de son œuvre d’amour,
Et qui contemple encor la fin grave du jour.
Tête nue, à genoux devant Dieu qui l’écoute
L’homme pense à l’effort que son zèle lui coûte ;
Mais il bénit le Maître, à l’heure du repos,
Et sent ressusciter en ses membres dispos
Une nouvelle ardeur à prodiguer aux autres
Le travail de ses bras et le pain des épeautres.
La forme se confond dans la brève clarté,
Silencieuse et chaude, où les souffles d’été
Inspirent aux voyants de généreux oracles.
C’est dans la nuit que Dieu libère les miracles
Qui font aimer en Lui les credos du terroir.
L’univers infini prend l’astre pour miroir,
Et darde son image au delà des vieux mondes,
Reflétés à nos yeux comme des pointes rondes,
Et portant jusqu’à nous de mourantes lueurs,
À l’heure où la Nature étouffe ses rumeurs,
Afin que la fatigue, en fermant les paupières,
Puisse oublier l’éclat des ardentes lumières.