Aller au contenu

Page:Tremblay - Les ferments, 1917.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
Le cri du nourricier

N’atteigne pas le terme où le poing veut venger
Ceux que votre superbe a privés de manger.
Car votre hypocrisie où la crainte s’isole
Ne laisse rien fleurir qui relève et console.
La Généreuse empêche, en vous nourrissant tous,
Le pays de crouler avec nos rêves fous
Dans l’industrialisme effréné des usines,
Où fondent les vigueurs que l’aisance fascine.
Videz prés et vallons sans penser à demain.
Et l’émeute naîtra pour un morceau de pain.
Voilà pourquoi les bois que mes travaux essartent
Me disent de rester à l’heure où d’autres partent,
Et pour chaque terrien pris dans le tourbillon
Qui souffle vers la ville et sèche le sillon,
Je livre la forêt au coutre des charrues
Pour rendre au champ désert les forces disparues.