On me pardonnera cette indiscrétion. Je m’autorise de l’exemple d’un poète oublié. Nous avons beaucoup de poètes oubliés. Celui dont je veux parler était pourtant un des précurseurs du décadentisme. Ce qu’il s’en fichait des règles de la versification ! Il racontait en vers très libres les péripéties d’une émeute qui avait eu lieu à Québec, et voici deux de ses vers qui me reviennent à la mémoire :
Une autre victime dont je tairai le nom :
David Michaud, un garçon bien paisible.
Cela vaut à peu près l’aveu tacite de Paulette Bourque, qui disait à ses frères et sœurs : « Je l’ai cachée comme il faut, ma gomme d’épinette, et vous ne pourrez jamais la trouver : Dans le grenier, sur les ravalements, le long de l’avant-couverture ».
Contrecœur, puisque Contrecœur il y a, était alors une paroisse très prospère. On y récoltait le blé à pleines clôtures. La mouche hessoise et le charançon, qui devaient plus tard forcer les gens à abandonner la culture du blé, n’avaient pas encore fait leur apparition. Les mœurs étaient paisibles. L’industrialisme n’avait pas encore gâté le pays. Il n’y avait pas de très grandes villes ; pas de dépeuplement de la campagne au profit des centres manufacturiers.
LE BON VIEUX TEMPS
On n’avait pas encore commencé à se vêtir de camelotte fabriquée en vue de l’usure rapide et des renouvellements fréquents. Chaque maison de campagne avait son rouet et son métier à tisser. On cultivait assez de lin pour suffire aux besoins de la famille. On le faisait rouir dans l’eau stagnante et, lorsque les tiges étaient suffisamment rouies, les voisins, et les