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PIERRE QUI ROULE

insulté M. Charles Langelier. Gardez vos leçons de gratitude pour votre parti qui semble en avoir joliment besoin.

« Ah ! parlons-en de la reconnaissance de ce parti qui, à votre dire, m’a généreusement recueilli après l’acte arbitraire que vous signalez !

« Voyons ; c’est au printemps de 1887 que j’ai cessé de toucher mon salaire à Ottawa.

« C’est à l’automne de 1888 que je suis entré à la rédaction de la Justice.

« Pendant ce long espace de dix-huit mois, qu’a fait pour moi ce parti généreux ?

« Je ne lui demandais pas de me créer une sinécure ; encore moins de me procurer une de ces entreprises lucratives dont le monopole vous est incontesté ; mais s’il eut été si charitablement disposé que vous vous plaisez à le dire, n’aurait-il pas pu utiliser mes services pour le compte du gouvernement ?

« Vous dites que j’étais sans ressources, qu’en savez-vous ? Mêlez-vous, s’il vous plaît, de votre propre cuisine, dont je vous ai toujours concédé la direction ; mais ne venez pas chez moi soulever le couvercle pour voir ce qui bout dans ma marmite.

« Vous ai-je jamais demandé, à vous ou à vos amis, de m’endosser un billet, de me faire un prêt, ou de me faire ouvrir un compte quelque part ?

« Me connaissez-vous, des créanciers ? Avez-vous jamais entendu dire que ma famille manquât du nécessaire ?

« Si vous ne me connaissez pas plus que ceux dont vous invoquez contre moi le témoignage peu compromettant, ayez assez de savoir-vivre pour ne pas vous apitoyer tout haut sur l’exiguïté relative de mon modeste revenu.