Aller au contenu

Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
PIERRE QUI ROULE

de culture, il s’était vu obligé de grever la belle ferme que son père lui avait donnée dans le « brûlé » de Contrecœur.

LE COMBAT DE SAINT-DENIS

En 1837, trois de ses fils étaient devenus hommes. L’aîné devait hériter de la terre paternelle, quitte à faire vivre le père et la mère et à payer une certaine redevance à ses frères et sœurs.

L’insurrection éclata au moment où les deux autres se disposaient à entrer en apprentissage. Lorsqu’ils entendirent le son des cloches et le canon qui grondait à Saint-Denis, les trois garçons, Hyacinthe, Quénoche et Tatite, s’emparèrent des trois fusils et partirent à travers champs pour se rendre à Saint-Antoine où ils arrivèrent juste à temps pour traverser à Saint-Denis sous le feu des soldats anglais.

Petit-Père avait beaucoup insisté pour se joindre à ses fils ; mais ceux-ci avaient fini par le convaincre de l’inutilité d’aller risquer sa peau lorsque son infirmité le rendait incapable de combattre.

Les boulets ricochaient autour du bac chargé de patriotes se portant au secours des insurgés qui, par les fenêtres de la maison St-Germain répondaient à coups de fusils aux coups de canon des assiégeants.

À un moment donné, la passerelle d’atterrissage de l’une des extrémités du bac fut emportée par un boulet. Le choc imprima au bateau un mouvement giratoire sans cependant faire chavirer l’embarcation à fond plat. « Couchez-vous » cria le traversier Roberge qui, continuant à ramer pendant que les autres se mettaient à plat ventre, aborda bientôt sur la rive de Saint-Denis. L’escouade franchit au pas de course la distance qui la séparait de l’abri provisoire des patriotes.