fournir un fort contingent de trappeurs au service des grandes compagnies organisées pour le commerce des pelleteries.
C’était surtout chez les nôtres que la compagnie de la Baie d’Hudson, la compagnie du Nord-Ouest et d’autres compagnies recrutaient les hardis voyageurs de là-haut. Le Canadien avait cessé d’être militaire, mais il était resté un peu coureur de bois. Le goût des aventures et de la vie nomade se perpétuait, en attendant que les fils des voyageurs de là-haut devinssent les bûcherons et les flotteurs de bois des grandes compagnies forestières.
LES ANCÊTRES DE QUÉQUIENNE
« Petit-Père, » l’aïeul paternel de Quéquienne, étant né d’un père relativement riche, au cours d’une période d’accalmie guerrière, n’avait jamais porté l’uniforme, ni même pris part aux lointaines excursions cynégétiques de ses contemporains. Il avait tenu table ouverte et mené joyeuse vie, en tout bien tout honneur.
Il s’acheminait gaîment vers la trentaine lorsqu’il épousa une jeune fille de quinze ans qu’il avait bercée jadis. Peu de temps après son mariage, il avait failli mourir de l’anthrax contracté en écorchant une de ses vaches morte du charbon. Pour lui sauver la vie, il avait fallu lui amputer le bras droit, ce qui l’avait dispensé de répondre à l’appel aux armes en 1812. Incapable de se livrer aux durs travaux des champs, il avait ouvert une école et ses élèves, qui ne le payaient pas très cher, lui avaient décerné le nom de « Petit-Père » pour le dédommager un peu.
La progéniture était survenue robuste, réitérée, nombreuse et frétillante. Avant que ses enfants eurent atteint l’âge où ils purent le remplacer aux travaux