CHAPITRE II
PÉRÉGRINATIONS PRÉLIMINAIRES
Ils revinrent au Canada dès qu’ils eurent acquis la certitude qu’on ne les arrêterait pas pour avoir pris part au combat de Saint-Denis. Tatite était, lui-aussi, revenu d’une villégiature peu agréable qu’il avait passée hors de l’atteinte des pourvoyeurs des geôles bureaucratiques. Tous trois se marièrent, s’efforcèrent de vivre heureux et… eurent beaucoup d’enfants, ce qui est une excellente manière de se distraire.
Vers ce temps-là, Contrecœur avait pour curé M. Manseau, un digne prêtre qui, entre autres qualités, possédait un goût inné pour la musique et le plein chant. Il avait entrepris de former une pépinière de bons chantres, ce à quoi il avait parfaitement réussi. Nos compatriotes ont généralement l’oreille juste, la voix sonore et harmonieuse. Le brave curé avait organisé un chœur qui faisait honneur à sa paroisse. Il eut bien voulu garder autour de lui tous les bons chantres qu’il avait formés. Malheureusement, il ne pouvait pas les retenir tous.
La paroisse commençait déjà à se faire un peu étroite pour les nombreux enfants qu’elle produisait.