Aller au contenu

Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
41
PIERRE QUI ROULE

boraient chez des amis ou même sur le perron de l’église. On arrivait de bonne heure ; on allait à confesse ou bien on encombrait les rares maisons avoisinantes en attendant l’heure de la messe. Bon nombre de gens restaient pour attendre les vêpres. On les invitait tous à diner et quelques-uns acceptaient.

La salle publique, dans la maison du bedeau, ne désemplissait pas. On y bavardait bien un peu, mais on ne s’y ennuyait guère et les jeunes gens s’y contaient fleurette. Ceux qui savaient le mieux tourner un compliment jouissaient d’une grande popularité. Je me rappelle un madrigal qui avait eu un succès bœuf. Le grand complimenteur Titoine, invité à concourir avec la grande complimenteuse Josette, lui avait dit : « Ma chère demoiselle, ce fut tant bien disposé, n’auriez-vous pas les dispositions nécessaires ? » Sans se déconcerter, Josette lui avait répondu, du tac au tac : — « Oui, monsieur, j’en doute beaucoup. »

On en est encore à discuter sur la question de savoir à qui la palme aurait dû être accordée. Je dois à la vérité de dire que cela ne se passait pas à Sainte-Victoire, où l’on avait adopté un autre genre de vocabulaire amoureux. Il y avait toutes sortes de types à Sainte-Victoire.

Il y en avait même qui n’étaient pas très fins ; mais, là comme ailleurs, ce n’étaient pas les plus fins qui étaient les plus intéressants. Il y avait Paulette Bourque, déjà nommé, qui avait été confirmé sans aller à confesse, ayant trouvé qu’il y avait trop de foule au confessionnal. Il y avait aussi la mère Larichette, qui avait donné à Quéquienne l’occasion d’entendre le dialogue suivant :

— Vous avez communié ce matin ?

— Ben sûr que j’ai communié.

— Mais, en passant chez vous, je vous ai vu déjeuner ?