réunissaient souvent durant les soirées d’hiver pour y entendre lire Geneviève de Brabant, Les quatre fins de l’homme, Le Miroir des âmes, l’Instruction de Jeunesse ou autres livres édifiants qu’on se passait d’une maison à l’autre.
UN MILITAIRE EN HERBE
Quéquienne avait été profondément impressionné par la lecture d’une dissertation sur l’état militaire. Le rôle glorieux du soldat, héroïque martyr des causes justes, lui faisait envie. Dès l’âge de dix ans, il avait résolu de se consacrer au noble métier des armes. Il en avait bien un peu parlé à ses parents, mais ceux-ci, la mère surtout, l’avaient si peu encouragé qu’il s’était décidé à garder pour lui-même ses rêves de gloire future. La soldatesque de 1837 avait laissé à la génération précédente des souvenirs peu propres à inspirer le respect de l’uniforme. Mais c’était à la France que notre héros en herbe voulait prêter l’appui de sa vaillante épée. Il se croyait Français de fait, puisqu’il l’était de langue et d’origine. Comme il avait fini par ne plus consulter personne à ce sujet, nul n’avait eu l’occasion de lui dire que l’état militaire, avait, de notre temps, cessé d’être une carrière surtout pour un Canadien-français. Replié sur lui-même et livré aux seules ressources de son imagination puérile, il s’était créé un état d’âme qui devait influer beaucoup sur son avenir.
LES ÉLECTIONS
Au cours de cette période, plusieurs élections avaient eu lieu. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Le mouvement agraire, qui semble se généraliser au-