noche l’avait connu à Saint-Barnabé. C’était même Mme Bernier qui était la marraine de Quéquienne.
M. Bernier ne boudait pas le travail intellectuel. Depuis sa jeunesse il s’était efforcé, et il s’efforçait encore, de compléter l’instruction élémentaire qu’il avait pu acquérir en bas de Québec. Bien qu’il eût dépassé la cinquantaine, il partait de très bonne heure le samedi matin, jour de congé, faisait souvent à pied, les trois lieues qui le séparaient de Sorel, allait passer la journée chez les Frères des Écoles Chrétiennes afin de se perfectionner dans l’art pédagogique, et revenait chez lui, un peu tard parfois, mais toujours assez tôt pour chanter les louanges du Seigneur à la messe du lendemain.
— « Si je ne puis, faire de mon école une école modèle, disait-il, j’en ferai du moins une école primaire supérieure. »
Quéquienne faisait des progrès rapides sous la direction d’un pareil maître. Sa seule rivale était une jolie petite fille d’à peu près son âge. L’instituteur aimait à entendre ces deux minuscules grammairiens âgés de neuf ans, étaler leur jeune science en faisant l’analyse d’une phrase inscrite au tableau noir. Quéquienne avait commencé par détester cette gentille enfant parce que ses camarades persistaient à lui dire que c’était sa petite blonde. Plus tard, il avait fini par l’aimer sans le lui dire, mais non sans se reprocher intérieurement ce qu’il considérait comme une faiblesse de la part d’un galopin de son âge.
Dans la famille Quénoche, les enfants étaient constamment occupés à quelque chose d’utile sous la surveillance de leurs parents, qui ne leur permettaient jamais de s’éloigner hors de vue. La préparation de leurs devoirs de classe et divers menus travaux leur laissaient très peu de temps à consacrer à la récréation. On lisait beaucoup à la maison. Les voisins s’y