CHAPITRE III
À LA CAMPAGNE
La banlieue de Sainte-Victoire commençait tout près de l’église. Deux routes, se croisant à angle droit, bornaient, au nord et à l’est, la Place d’Armes, l’église, le presbytère et l’école. Elles constituaient les deux seules rues du village, lequel comprenait une douzaine de maisons dont l’aspect n’avait rien d’absolument majestueux sous le rapport architectural.
Au nord et à l’ouest de l’église, une fois qu’on avait dépassé la salle publique ou maison du bedeau, l’œil ne rencontrait ni somptueux palais ni autre construction urbaine. La décharge coulait, lorsqu’il y avait de l’eau, au fond d’un ravin qui contournait le village et coupait deux des routes : celle de Saint-Aimé, de l’autre côté de l’école, et celle de Saint-Ours, entre la forge et la maison du notaire, celle-ci se trouvant, par le fait, reléguée dans la banlieue.
À dix arpents au nord de la Place d’Armes, la rivière Saint-Joseph, ou Pot-au-Beurre, épandait ses flots peu tumultueux sous l’unique arche d’un pont de 25 pieds de longueur. Les crues d’automne (d’hiver parfois) et de printemps et les dégels de printemps don-