Durant l’après-midi, il y eut pique-nique, concert en plein air, discours et pétards. La nuit venue, il y eut re-pétards, feu d’artifice et brouhaha ininterrompu. Les enfants des Canadiens récemment immigrés ne songeaient pas à demander des sous à leurs parents pour prendre une part active aux bruyantes et coûteuses réjouissances auxquelles se livrait la marmaille née à l’ombre de la bannière étoilée. La perspective de retourner au Canada les préoccupait beaucoup plus que la commémoration de l’indépendance américaine.
À WOONSOCKET
Pour ne pas manquer de travail, la famille Quénoche alla passer quelque temps à New-Worcester d’où elle se transporta à Woonsocket. Lors de ce dernier déménagement elle rencontra, au moment où « l’Aurore aux doigts de rose entrouvrait les portes de l’Orient, » une cavalcade et une longue file de voitures, le tout véhiculant un cirque et une ménagerie qui, après avoir donné une représentation à Blackstone, avaient nuitamment replié leurs tentes et allaient dresser celles-ci près d’Uxbridge. Les costumes des écuyères et les uniformes des musiciens étaient passablement défraîchis. Quéquienne put alors constater que, vu de trop près, « tout ce qui luit n’est pas d’or. »
Avant la construction du chemin de fer Providence & Worcester, le transport entre ces deux villes s’était effectué surtout au moyen d’un canal que l’on voyait encore, avec son chemin de halage, en maints endroits le long de la rivière Blackstone. Cette route fluviale une fois abandonnée, les anciens barrages, le canal, les écluses et déversoirs avaient été utilisés par les entreprises manufacturières. À Woonsocket, la rivière Blackstone décrit un « S » un peu allongé