avant de reprendre son cours vers l’Est. C’est dans cette espèce de boucle que se sont groupées les premières manufactures de l’endroit.
Les principales étaient alors la « Globe », la « Ballou », la « Lyman, » la « Bartlett, » la « Wells, » la « Harris, » la « Jenks, » la « Clinton, » (que les Canadiens nommaient « La Quarantaine »), la « Social, » la « Bernon » et la « Hamlet, » toutes manufactures de coton à l’exception de la « Harris » qui fabriquait des étoffes de laine.
La population totale de la ville ne dépassait pas 3,000 âmes, dont à peu près 200 Canadiens, hommes, femmes et enfants compris. Les nôtres, disséminés en petits groupes dans ce milieu anglophone, y étaient encore déplorablement isolés. Woonsocket compte aujourd’hui plus de 40,000 âmes dont les deux tiers sont d’origine française.
L’hygiène publique était alors piètrement organisée. Les manufacturiers avaient leurs coudées franches. Les règlements sanitaires ne les gênaient pas beaucoup. Les roues d’engrenage et autres mécanismes dangereux n’étaient pas toujours recouverts d’abris protecteurs. Malheur à l’ouvrier distrait ! Quelques-uns avaient perdu la vie pour s’être imprudemment approchés d’une grande courroie de transmission qui les avait saisis par leurs habits et leur avait brisé le crâne en les entraînant autour d’un arbre de couche. Nombreux étaient les mutilés qui s’étaient fait broyer les doigts ou rompre les os d’un bras ou d’une jambe.
Les portes des manufactures s’ouvraient à cinq heures du matin et se fermaient à sept heures du soir, avec relâche de midi à une heure pour le dîner, ce qui faisait bien treize heures de travail par jour. Et il en était ainsi durant toute l’année. Pas de Noël, pas de Jour de l’an ; une seule fête dans les douze mois : c’était le 4 juillet.