CHAPITRE IV
RETOUR AU PAYS
La crise industrielle s’était accentuée au début de la guerre. Les manufactures avaient supprimé deux jours de travail par semaine et l’on s’attendait à voir l’ouvrage manquer tout-à-fait. Découragées, les familles canadiennes songeaient à retourner dans la vallée du Saint-Laurent. Quelques anciens cultivateurs résolurent de faire le trajet en utilisant des chevaux que la rareté de l’argent leur permettait d’acheter à des prix avantageux. La lenteur et l’incommodité de ce genre de locomotion devaient être compensées par le fait qu’ils économisaient ainsi le prix des billets de chemin de fer et qu’ils arrivaient pourvus de chevaux et de voitures, ce qui les dispensait d’en acheter pour se livrer à leurs travaux agricoles.
Quénoche suivit leur exemple. Il était un peu fatigué du métier, et se proposait de redevenir cultivateur dès qu’il le pourrait. On se mit en route dans une voiture lourdement chargée et recouverte d’une bâche à la bohémienne. Ce pique-nique ambulant eut bien quelques charmes, mais il eut aussi ses incommodités. Bien que le temps fût généralement beau, quelques