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PIERRE QUI ROULE

Il rêvait toujours d’art militaire et attendait son heure. Le père Michel Menon venait de temps à autre lui faire lire des lettres qu’il recevait de son fils Louis, jeune homme d’une vingtaine d’années alors occupé à guerroyer contre les sudistes. Quéquienne était même chargé de répondre à ces lettres, et cette correspondance était plutôt de nature à lui inspirer le désir d’aller chercher sa part d’aventures dans les champs virginiens.

À L’ARMÉE AMÉRICAINE

Il avait débuté en qualité de commis chez un cultivateur qui s’était fait marchand au village de Sainte-Victoire et qui n’avait pas tardé à fermer boutique. Il avait passé quelques mois dans un magasin de Saint-Robert et, depuis le printemps de 1863, il était employé chez un marchand de Contrecœur lorsque, vers la mi-octobre, il partit, sans tambour ni trompette, pour aller s’enrôler à Rouse’s Point.

Dans un roman publié vingt ans après, il a relaté toutes les aventures et mésaventures que lui ont procurées ses 18 mois de service devant l’ennemi. Si je racontais toute la vérité, il pourrait m’accuser de plagiat, car il me faudrait lui faire jouer à lui-même le rôle qu’il prête à l’un de ses personnages. Je me bornerai donc à résumer en peu de mots ce qui lui arriva depuis l’automne de 1863 jusqu’au printemps de 1865 : Deux mois de garnison au Fort Trumbull. Envoi au front en passant par New-York, Philadelphie, Baltimore et Washington. Hivernement au Camp Reynold et à Catlett Station. Rencontre inattendue de Louis. Menon à ce dernier endroit. Campagne de 1864. Batailles de Wilderness, Spotsylvania, North Anna et Cold Harbor. Siège de Petersburg. Randonnée dans la Virginie Occidentale et le Kentucky.