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Trouées dans les Novales

Sous basse pression, et avec l’aide de quelques verges de voile, la progression était presque imperceptible ; les minutes interminables s’écoulaient longuement, laissant à l’équipage et aux passagers la tristesse monotone des heures vides.

L’obscurité baissa, les biphores s’éteignirent sur les crêtes, et le jour terne grandit, sans percer complètement le gris sale du brouillard ; de temps à autre on percevait le son lointain des phares-sirènes, mais sans pouvoir saisir la provenance de ces signaux.

L’imagination voyageait. On croyait voir, dans les pieds de vent, des voiles ou des sémaphores, des havres ou des roches, au gré des perspectives trompeuses s’échelonnant et se diffusant sur les glaces. Mirages. Partout le glauque et le linceul des brumes. Partout la bacchanale des écrêtements brutaux et des embruns frappant violemment le pont. Des