et se remémorait avec curiosité les moindres détails de l’accident qui avait interrompu temporairement sa vie laborieuse.
Il avait revu l’alise sans peur. Le silence sauvage des cabanes abandonnées, grises dans les ronces et les broussailles maigres, ne l’avait pas plus ému que la présence d’étraves rompues, de sanglons déchiquetés et de quilles vermoulues gisant dans les souilles de la grève. La tranchée était recouverte d’une végétation plus riche, et sans la croix noire qui s’y dressait. Pierre n’aurait pas su pourquoi cette différence dans le coloris des herbes. Il restait peu de chose de ce qui avait été l’Anglo-Saxon : des tôles tordues, des poutrelles rouillées, des membrures oxydées. Ces débris trouaient le fouillis des algues et des goémons.
Au Cap, le panorama était moins terrible. La tour ronde du phare, debout sur le roc à pic, dominait l’océan, sans