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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/151

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ECRIVAINS DE TRANSITION 143

suivit dans le journal la publication de son Farrago et de son Lay Preacher, mais il fut souvent contraint de remplir ses colonnes avec d’amples extraits de nouveaux livres de Londres, et avec les lettres de Cowper. Réactionnaire d’opinions et de goûts, il guerroya contre les néologismes, annota Shakespeare, et défendit avec intransigeance ce qui restait encore de « colonial » dans l’Amérique nouvelle. Il mourut assez jeune, en 1812, à temps pour ne pas être témoin de la seconde guerre avec la Grande-Bretagne. Son journal qui, au bout de cinq ans, était devenu mensuel, lui survécut quinze ans ; il mérite quelque crédit, tout autant que la Monthly Anthology de Boston, pour avoir tenu l’étendard des idées conservatrices dans une période de transition.

Dennie et le Portfolio nous font ressouvenir d’un coryphée mi-oublié du Fédéralisme dont ils déploraient la mort avec des lamentations exagérées. 11 s’agit de Fisher Ames, du Massachusetts (1758-1808), membre du Congrès sous le gouvernement de Washington et, suivant l’opinion de ses contemporains, écrivain et orateur d’une rare éloquence. Au moment où Fisher Ames cesse de se lamenter sur la décadence de son pays natal, un Virginien instruit, John Randolph de Roanoke, s’adonne h la polémique avec une rare vigueur dans l’invective. 11 atteint même à la forme de l’invective littéraire quand il s’élève contre la « coalition de Blifil et Black George [J. Q. Adams et Henry Clay] — combinaison inconnue jusqu’ici de Puritain et d’escroc ».

A côté de ces auteurs, tous réactionnaires, d’autres écrivains montrèrent une foi solide dans l’avenir. Parmi ces esprits pleins d’espoir et d’énergie se range Noah Webster (1758-1843), du Connccticut, le fameux lexicographe. Nous n’avons pas à nous occuper de son impor-