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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/152

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144 LA PÉRIODE DE FORMATION (1789-1829)

tant dictionnaire de 1828 ; nous ne pouvons non plus retracer l’existence, aussi variée que fructueuse, qu’il mena depuis qu’il obtint son diplôme à l’Yale à côté de Joël Barlow. Gomme Rush et Carey, Webster donna son opinion sur une multitude de sujets. 11 composa des pamphlets politiques, émit des théories sur les épidémies, discuta sur les banques et les assurances, rédigea un syllabaire dont on a peut-être bien vendu 70000 000 d’exemplaires, et publia des essais sur l’hygiène, l’étymologie, les droits d’auteurs, la pédagogie, etc.

L’avertissement de Webster sur les dangers de l’imagination fut certainement pris à la lettre par un autre fabricant d’ouvrages classiques, presque aussi fameux que lui — Lindley Murray (1745-1826), dont la fameuse grammaire écrite et publiée à York, en Angleterre (1795), fut mise entre toutes les mains. L’Amérique peut revendiquer les autobiographiques Memoirs (1826) de Murray, œuvre pieuse, presque aussi majestueusement parée que les mémoires de Cellini le sont peu ; et son œuvre se complète par des éditions des classiques soigneusement « purifiées » par ses soins.

On trouve dans la littérature américaine de cette période une moralité de convention assez sévère. Nous l’avons signalée dans les romans ; nous la voyons, portée h un degré ridicule, dans les biographies si populaires du « curé » Mason L. Weems (1760-1825), de Virginie, qui, dans sa Life of George Washington (1800), inventa la célèbre histoire du cerisier et de la hache afin d’inculquer à ses jeunes lecteurs la passion de la véracité. Le traitement qu’il fait subir aux matériaux qui lui furent fournis pour sa biographie du général Francis Marioii (1805) est plaisamment naïf, mais il ne fit jamais que prendre les libertés que tout le monde s’accordait alors, et