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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/222

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214 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

Comme tout véritable idéaliste, il ne sut pas se contenter d’une demi-séparation avec son Eglise, mais il se résolut, autant qu’il le pourrait, d’oublier son existence même. N’ayant rien d’un agitateur, il rompit tout simplement avec le Christianisme, et ce fait nous paraîtra moins surprenant quand nous saurons qu’au début de 1832 il avait perdu sa femme, épousée trois ans auparavant. Découragé et mal portant, il résolut de changer de climat, et l’hiver suivant il s’embarqua pour Malte.

Le journal qu’il tint met en lumière bien des aspects curieux de son caractère. Beaucoup moins séduit qu’Allston, Irving et Cooper par les charmes de l’Europe, il eut néanmoins le désir de se rencontrer avec quelques auteurs dont il appréciait les écrits — principalement Carlyle, avec qui il se lia d’une des plus belles amitiés qu’aient enregistrées les annales de la littérature. Il fait étalage de son américanisme dans la parfaite intrépidité et l’étroitesse toute partiale de ses jugements — à aucune des célébrités qu’il rencontre il n’accorde les honneurs de la première classe ; — aucun de ces écrivains ne lui paraît posséder des connaissances exactes au point de vue de l’idée religieuse. En d’autres termes, il ne rencontra aucun « sage » tel que lui-même s’efforçait de le devenir, et il en fut désappointé. En octobre 1833, il revint vers la Nouvelle-Angleterre.

Après quelques prédications, il s’établit à Concord, où il fixa sa résidence habituelle et, pour augmenter ses revenus, il fit des conférences, choisissant d’abord des sujets scientifiques : choix heureux, puisque l’étude vers laquelle il le dirigea devait lui fournir plus tard de multiples occasions de s’illustrer, bien en rapport avec la nature de son activité et avec l’esprit pratique de ses auditeurs. A cette époque, en 1835, il contracta un second