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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/256

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248 LA PEIilODE LOCALE (1830-1865)

Poe, qui avait eiicoie accru sa mauvaise réputation en portant contre Longfello-sv de sauvages accusations de plagiat, se vit laissé seul avec la charge du périodique. Mais à la fin de l’année, la publication avait eu le sort de cent et cent autres magazines américains, et peu de ses contemporains se doutaient que, un demi-siècle plus tard, les historiens se pencheraient sur ses pages poudreuses pour y découvrir les traces de la plume de son rédacteur en chef. La fin de 1845 fut aussi marquée par la publication d’un recueil de poèmes, en tète duquel figure « The Raven ». Puis la famille se réfugia dans le faubourg de Fordham, où elle ne tarda pas à tomber dans le besoin ; la pauvre jeune femme dépérissait de jour en jour. Il est impossible de ne pas s’apitoyer devant les souffrances de Poe, mais on ne peut s’empêcher de s’irriter de son obstination presque stupide à se faire des ennemis. Pendant qu’il s’efforçait de maintenir la fortune chancelante du Broadway Journal, ne s’avisa-t-il pas de vouloir imposer son a Al Aaraaf », comme un poème inédit, ii un auditoire de Boston, et de déclarer que cette œuvre de jeunesse était bien assez bonne pour des transcendantalistes ?

Pendant que sa femme s’éteignait lentement, 

ne fallut-il pas cju’il composât ses Literati — critiques qui malmenaient dans bien des cas des auteurs contemporains trop insignifiants pour mériter son attention, mais non pour nuire à sa réputation ? Cependant, autant on doit regretter ses déplorables faiblesses de toutes sortes — il fut aussi faible dans sa coquetterie à l’égard des poétesses expansives que dans son impuissance à contenir son dépit envers les écrivains heureux de son sexe — autant il serait difficile de les lui imputer a crime. La révolte de son orgueil blessé h l’idée d’un appel à la charité publique ; son chagrin maladif quand la femme