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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/340

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332 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

emploi dans les services publics. L’Attorney Général, Mr. James Speed, eut une autre opinion de l’affaire, du moins une opinion plus en rapport avec le libéralisme de Lincoln, sous le régime duquel tous deux avaient servi, et il accorda à Whitman un poste qui compensait amplement celui qu’il avait perdu. C’est quelques semaines plus tard, en septembre 1865, que parut la brochure dans laquelle, en un langage aussi caustique qu’il était outré et discourtois, William D. O’Connor commentait la mesure du Secrétaire de l’Intérieur et prenait la défense de son ami a the Good Grey Poet », sobriquet que garda finalement Whitman.

L’année suivante, Whitman imprima son volume de poèmes guerriers intitulé Driun Taps. C’est de la description plutôt que du lyrisme. Ce volume ne put du moins servir à renforcer les accusations d’obscurité, d’égoisme et d’obscénité que l’on avait tout d’abord portées contre lui. La poignante et noble élégie sur Lincoln : « When Lilacs last in the Door-yard Bloom’d », y était ajoutée en supplément et elle dut gagner au poète bien des cœurs hostiles. Whitman fut un des hommes les plus convaincus dans sa poursuite de la voie qu’il s’était tracée, et tout en remplissant à Washington ses modestes fonctions d’employé, il jugea bon de réimprimer les Leaves of Grass, en 1867 et en 1871, en y ajoutant chaque fois quelques pièces nouvelles.

En février 1873, une attaque de paralvsie rendit Whitman incapable d’aucun travail, et presque au même moment il perdit sa mère. Il se retira de W^ashington à Camden, New Jersey, avec la perspective de rester toute sa vie invalide et réduit à la misère, un peu du fait du manque de probité de ses éditeurs. Il supporta vaillamment toutes ces épreuves, comme le