Aller au contenu

Page:Trent - Litterature americaine.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

POETES ET nOMANCIEP.S 335

un organe littéraire et une Association Walt Whitman, outre divers cercles, tandis qu’une formidable littérature de monographies et d’essais germait autour de ses œuvres.

L’historien impartial est forcé d’admettre que presque toute cette admiration que Whitman mit tant d’empressement .H recueillir de son vivant, et qui maintenant provoque tant de sourires ou de railleries, émanait de gens qui n’étaient pas particulièrement qualifiés pour émettre des jugements littéraires et qu’elle était fondée sur des motifs spéciaux ; c’est peut-être là une question d’ordre physiologique autant que psychologique. Cependant les fréquentes tentatives faites pour proscrire le whitmanisme comme une forme particulièrement virulente de la décadence moderne semblent quelque peu exagérées. Des hommes très capables et très sains l’ont admiré, tandis que le fait pour ses œuvres de n’avoir pas pénétré au sein des foules qu’elles célébraient ne prouve pas le moins du monde qu’elles aient été purement artificielles. Cela prouve au contraire, et Whitman lui-même parait l’avoir compris, que la littérature démocratique qu’il a ébauchée n’existe pas encore et n’existera de longtemps, si jamais elle existe. Mais cela n’empêche pas Whitman d’avoir bien été sous maints rapports l’organe d’un élément longtemps muet du peuple des Ktats-Unis, et d’avoir su tirer de son contact avec les masses la plupart des articles essentiels de sa profession de foi poétique. Et puis la liberté de style et de rythme de Whitman est-elle un signe de décadence ? La culture maladroitement assimilée a souvent eu pour résultat des excentricités de style chez les Américains dont la forte virilité était ii cent lieues de la décadence, alors que les tentatives de rythme libre se rencontrent assez commu-