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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/404

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396 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

d’or de l’éloquence américaine». Les triomphes oratoires de Webster, Everett, Clay, S. S. Prentiss, Hayne, Yancey, Choate, Phillips et autres relèvent en partie de l’histoire politique et en partie de l’histoire littéraire ; ils dépendent de la critique littéraire tout autant, ou tout aussi peu, que les triomphes des grands acteurs. Par suite, les critiques américains peuvent, en toute impunité, mettre Daniel Webster au rang de Démosthène et de Cicéron. L’effet produit sur l’auditoire contribue pour une part importante à la valeur des orateurs, et la question se pose de savoir quelle classe particulière d’auditeurs fut le mieux qualifiée pour apprécier l’impression produite par l’orateur. Mais nous pouvons juger les discours imprimés en nous plaçant à un point de vue littéraire, et c’est ici que la critique a le droit d’intervenir.

A ce point de vue les Américains n’ont-ils pas prisé trop haut les œuvres de leurs orateurs et de leurs publicistes. Les œuvres de Garrison, de Greeley, de Thomas II. Benton, de Seward, d’Alexander H. Stephens et de JefFerson Davis sont d’excellents matériaux pour l’histoire, une source d’inspiration patriotique, d’intéressants documents humains, mais ce n’est pas de la littérature au sens esthétique du mot. Les discours et les traités sur le gouvernement de John C. Calhoun, de la Caroline du Sud, interprète éloquent des théories constitutionnelles, sont d’une logique merveilleuse mais s’adressent presque exclusivement h l’intellect. Hugh S. Legaré, du même Etat, a montré par ses œuvres critiques qu’il aurait pu, dans un autre milieu, se faire un nom en littérature ; mais il se spécialisa dans l’étude du droit romain, et sa carrière politique fut malheureusement trop courte. Charles Sumner s’attira par ses discours tout à la fois de l’honneur et des horions ; il avait pour la science le