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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/81

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l.A l’HOSE DK LA DERXII.ItK l’KItlODK COLONIALE 73

Pepys, Sewall se révèle à nous, dans maint passage tic son journal, aussi clairement que le secrétaire de l’Amirauté anglaise. Tandis que Pepvs rassemble cartes et livres, Sewall sélectionne les sermons qu’il présente aux dames, auxquelles sa qualité de veuf l’autorise a faire la cour. Parmi elles se trouvait une certaine Mrs. Winthrop, dont le sentiment ne pouvait certainement être éveillé par « de futiles poésies amoureuses », mais qui revit avec son amant, ou plutôt son admirateur, dans quelques pages du journal de ce dernier, presque aussi nettement que l’oncle Toby et la veuve Wadman dans les pages de Sterne. Et de même que jamais aucun soupirant ne fut plus prosaïque que ScAvall, jamais aussi aucun prétendant éconduit ne fut plus philosophe. Faisant ses adieux à la dame récalcitrante, il remarque que « sa tenue n’était pas aussi soignée qu’autrefois. Dieu soit loué ! » Quand, plus tard, elle « donna un festin » auquel il ne fut pas convié, nous pouvons être certains qu’il ne se désola point outre mesure, quand il nous dit qu’il « demeure confiné dans la salle du conseil, par crainte de la pluie, et dîne seul avec des pâtés de Kilby arrosés de bonne bière ». Ce survivant des temps théocratiques ne dédaignait évidemment pas les plaisirs de la table ; il aimait la causerie tout autant que les sermons, plaidait gravement la cause du salut ultime de la femme et s’élevait contre les facéties du premier avril.

Le journal de Sewall n’est pas le seul de cette période qui mérite d’être lu. Le Journal d’un voyage entrepris à cheval en 1704, de Boston à New York, par Mrs. Sarah Kemble Knight, maîtresse d’école dans la première de ces villes, nous offre le récit pittoresque d’une expédition unique dans son genre qui exigeait au moins quelques-unes des qualités d’une véritable « Wife of Bath », et