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☞ ACCOUER. v. a. C’est quand le Véneur court un cerf qui est sur ses fins, & le joint pour lui donner le coup d’épée au défaut de l’épaule, ou lui couper le jarret ; & pour lors on dit, le Véneur vient d’accouer le cerf ; le cerf est accoué. Dict. Œconomique.

ACCOUPLAGE. s. m. Voyez ACCOUPLEMENT ; c’est le même, & il est le meilleur. Accouplage ne se dit que par le peuple.

ACCOUPLE. s. f. Liens dont on attache les chiens ensemble. Copula.

ACCOUPLEMENT, s. m. Assemblage, jonction du mâle & de la femelle pour la génération. Copulatio. Le Peuple croit que l’antechrist naîtra d’un accouplement sacrilége & incestueux. On croit que la cause des monstres d’Afrique vient de l’accouplement qui s’y fait des animaux de différentes espèces. On ne le dit en parlant des hommes, qu’en l’adoucissant par une épithète qui sert de correctif : c’est un heureux accouplement. Il est plus propre en poësie.

Tu menois le blond Hymenée,
Qui devoit solennellement,
De ce fatal accouplement
Célébrer l’heureuse journée. Malh.

Accouplement, se dit aussi des bœufs qu’on attache ensemble sous le même joug. Jugum.

ACCOUPLER. v. act. Associer, attacher, joindre ensemble deux choses de pareille nature. Copulare. On conj. Je m’accouplai, je me suis accouplé. Ces personnes sont mal accouplées ; leurs humeurs ne compatissent point. Il étoit défendu par la Loi de Moyse d’accoupler un bœuf & un âne pour labourer. On s’en sert dans un mauvais sens, & d’un ton railleur. C’est un Mercure de profession, qui sçait accoupler les amans avec leurs belles qui ne sont pas inhumaines. Comb.

ACCOUPLER. v. act. Associer, joindre deux choses ensemble. Copulare. Ces personnes sont mal accouplées ; leurs humeurs ne sympathisent point ensemble. On s’en sert dans un mauvais sens, & d’un ton railleur : c’est un Mercure de profession, qui fait accoupler les amans avec leurs belles qui ne sont pas inhumaines. Comb.

On le dit aussi du menu linge qu’on attache ensemble avec du fil pour en faire des paquets, de peur qu’il ne s’égare, quand on le donne à blanchir.

Accoupler, se dit encore des oiseaux, des animaux qui se joignent, qui s’apparient pour perpétuer l’espèce. Les pigeons s’accouplent au mois de Mars & de Septembre. Ce pigeon cherche avec qui s’accoupler. Le temps d’accoupler les serins arrive ordinairement à la fin de Mars. Vous prendrez pour cet effet une cage neuve ou fort propre, afin qu’il n’y ait point de mittes. Hervieux. Il y a des serins si mauvais qu’ils tuent les femelles qu’on leur donne pour couver. Il faut leur donner des femelles bien fortes, & qui soient, si faire se peut, d’un an plus vieilles que ce mauvais mâle, & accoutumées à demeurer ensemble. J’ai enseigné cette manière d’accoupler les mauvais serins à quelques-uns qui m’ont avoué qu’ils avoient réussi. Id.

Accoupler. M. le Baron de Polnitz a dit : Tout le long des bâtimens magnifiques qui forment des arcades, sur lesquelles il y a une galerie découverte qui accouple trois gros pavillons.

Accouplé, ée, part. pass. & adj. Copulatus. On dit, en termes d’Architecture : Colonnes accouplées. Ce sont plusieurs colomnes jointes ensemble, & qui font grouppe.

ACCOURCIE. s. f. Terme de Marine. Passage que l’on ménage dans le fond de cale & des deux côtés, pour aller de la poupe à la proue le long du vaisseau. Fori.

ACCOURCIR, v. act. Rogner, retrancher, rendre plus court. Curtare, resecare.. On conj. J’accourcis. Il faut accourcir ce manteau, en rogner un doigt. Il faut accourcir ce livre, en retrancher la moitié. Il faut accourcir les étriers d’un point, resserrer l’estrivière. On dit aussi accourcir, en parlant d’un discours ; c’est-à-dire, l’abréger. Contrahere, coarctare.

On dit aussi, Accourcir le chemin, quand on prend quelque faux-fuyant qui abrége le chemin, qui le rend plus court. Uti vià compendiariâ. On dit aussi, que les jours accourcissent, quand le soleil a passé le solstice d’été, quand les jours deviennent plus courts. Decrescunt dies. ☞ Ce verbe en cette phrase est ordinairement n. p. & signifie, Devenir plus court. Les jours commençoient alors à s’accourcir. Acad. Fr.

Accourcir le trait. Terme de Chasse. C’est le ployer à demi, ou tout-à-fait pour tenir le limier. Saln.


Accourci, ie. part. & adj. Contractus, decurtatus, comme son verbe.

ACCOURCISSEMENT. s. m. Ce qui accourcit, ce qui abrége. Contractio. Le passage qu’on a ouvert par ce parc, sert beaucoup à l’accourcissement du chemin. Viæ compendium.

ACCOURIR, verb. neut. Venir promptement, & en hâte en quelque lieu ; soit qu’on nous y appelle ; soit que notre passion nous y porte. Accurrere, advolare. On conj. J’accours, j’accourois, j’accourus. Je suis accouru, j’accourrai, &c. L’armée est accourue en diligence au secours de cette Place. Toute la Noblesse accourut au bruit du canon, pour se trouver à la Bataille. Ses amis sont accourus en foule, pour le féliciter de sa nouvelle dignité ; pour honorer son entrée. Il se dit figurément des personnes qui se portent à quelque action avec beaucoup d’ardeur. Accourir à la vengeance. Ablanc.

Accouru, ue, part. & adj.

ACCOURS. s. m. Vieux mot que Nicod explique par subvention, affluence d’advenants. Accursus. Il s’emploie encore en termes de Chasse. Ainsi l’on dit : La chasse de sanglier se fait à force, aux accours, aux chiens courans, levriers, & avec limiers & abboyeurs.

ACCOUSINER. v. act. Consanguineum appellare. Appeler cousin, traiter de cousin. Accousiner quelqu’un. Il se dit avec le pronom personnel. Ces deux Messieurs sont parens ; car ils s’accousinent. Ce mot est populaire, & a vieilli.

ACCOUSTIQUE, s. f. Signifie l’Art qui traite de l’ouïe & des sens. Ars quæ de sonis agit. Ainsi l’on dit dans les Mémoires de l’Accadémie des Sciences de l’an 1711. L’Accoustique n’offre qu’un article sur les systèmes tempérés de Musique. Journ. des Sçav. Ce mot est Grec Ἀκουστικὴ & vient d’Ἀκόω, j’entends.

ACCOUTREMENT. s. m. Habillement, parure. Ornatus. Il ne se dit que parmi le peuple, ou dans le burlesque. Quand cet artisan a marié sa fille, elle lui a coûté cent écus pour tous ses accoutremens.

Accoutrement. Il se peut dire figurément des ornemens de l’éloquence. Un Orateur me choqueroit infiniment moins sous l’accoutrement le plus grossier, que sous le fard & l’ajustement d’une courtisane. Morabin. p. 101.

ACCOÛTRER. v. a. Vieux mot, qui signifioit autrefois, Habiller, orner, parer. Ornare. Il y avoit des singes qu’on avoit accoutrés en charlatans. Ablanc. Charles VIII. accorde à la Duchesse Anne par un traité de 1491, qu’il lui sera donné 60000 livres à ce qu’elle puisse tant mieux accoustrer aucuns ses affaires. Il n’est plus en usage qu’en cette phrase figurée. Cet homme en une telle occasion, a été mal accoutré ; pour dire en raillant, qu’il a été maltraité, ou bien blessé. On diroit plus proprement, Accoûtrer, & préparer des peaux. Ces mots viennent du Gaulois, ou de l’Allemand. On appelle en quelques Cathédrales, comme à Bayeux, Coutre, le Sacristain ou Officier qui a soin de parer l’Eglise ou l’Autel, & en Allemand Kuster Sacristain, Νεώκορος. Du Traité de Charles VIII, dont nous venons de parler, le P. Lobineau juge qu’accoustrer pourroit bien venir de l’ancien mot Breton cost, dépens, d’où a encore été formé celui de custus, cousts ; mais il se trompe, il vient de Kuster, comme nous l’avons dit. Voyez Coustre.

ACCOUTUMANCE. s. f. Habitude que l’on contracte en réitérant plusieurs fois la même action, en la faisant tourner en coutume. Consuetudo, assuetudo. On est souvent emporté par la force des mauvaises accoutumances qu’on a contractées dans la jeunesse. L’accoutumance de prendre du tabac est difficile à surmonter. Ce mot qui commençoit à vieillir du temps de Vaugelas, s’est rétabli peu à peu, & plusieurs bons Ecrivains s’en servent. Bouh. Habitude est plus doux, & je dirois plutôt, il a fait cela par une mauvaise habitude, que par une mauvaise accoutumance. Corn. On lui a substitué coutume, quoique ce soit un mot équivoque, & qu’accoutumance exprime bien mieux & uniquement ce qu’il signifie. Mais il n’y a point de raison contre l’usage. Cependant comme les meilleurs Ecrivains se servent du mot accoutumance, il ne faut point absolument le condamner. Un esprit abattu & comme dompté par l’accoutumance au joug, n’oseroit plus s’enhardir à rien. Boil. La jeunesse change ses goûts par l’ardeur du sang, & la vieillesse con-


Tome I. K serve