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ACR — ACR


donna Hercule ; c’est-à-dire, d’Ace, ou Acon. Ptolomée Philadelphe dans la suite la fit appeler Ptolémaïde.

Et tout ce qu’a Sidon de brave & de galant,
Tout ce qu’Acre a de noble avec eux s’enrollant,
Est venu prendre part sous Alphonse à la gloire
D’aller où vos drapeaux conduiront la victoire.

P. Le Moine.

☞ ACRE. s. m. Monnoie de compte de quelques endroits des Indes orientales. On le nomme plus communément Lacre. Voyez ce dernier mot.

Acre, que l’on appelle plus communément Rotte, est aussi un poids dont on se sert dans plusieurs Echelles du Levant. Voyez ROTTE.

☞ ACREMENS. s. m. pl. On nomme ainsi à Constantinople une sorte de peaux de bœufs & de vaches qui y sont apportées de la Mer Noire. Les Acremens approchent assez des peaux qu’on appelle Premiers Coûteaux, & ne se vendent qu’environ un quart de piastre moins. Voyez COÛTEAUX.

ÂCRETÉ. s. f. Qualité de ce qui est âcre, qui pique la langue. Acrimonia. Quand les arbres sont greffés, les fruits qu’ils portent perdent beaucoup de leur âcreté. Les fruits que produisent les terres fortes & un peu grasses, sont plus long-temps à perdre la dureté, l’âcreté & l’insipidité ; défauts dont deux ou trois mois de serre achevent de les guérir. La Quint.

ACRIDOPHAGE. s. m. & f. Acridophagus. Ce nom vient du Grec ἀϰρὶς Sauterelle, & φάγω, je mange ; & signifie, qui vit de sauterelles. C’est le nom d’un peuple d’Ethiopie, voisin des déserts. Au printemps les Acridophages font provision d’une espèce de grosses sauterelles, qu’ils salent pour toute l’année, n’ayant point d’autre nourriture, parce qu’ils sont éloignés de la mer, & qu’ils ne nourrissent point de bétail. Les Acridophages, dit on, ne passent guère quarante ans, & meurent consumés d’une vermine ailée qui s’engendre de leur corps. Voyez S. Jérôme contre Jovinien, L. 2. & sur S. Jean, C. 4. Diodore de Sicile, L. 3. C. 3 & 29, & Strabon, L. 16. Pline met aussi des Acridophages dans la Parthie, & S. Jérôme dans la Lybie. Quand ce qu’on dit d’ailleurs de ces peuples seroit fabuleux, l’acridophagie pourroit être vraie ; & encore aujourd’hui on mange des sauterelles en bien des endroits de l’Orient.

Tout cela rend plus probable, & presque certain, le sentiment de ceux qui croient que ce sont des sauterelles dont S. Jean vivoit dans le désert, & que c’est-là ce qu’il faut entendre par ἀϰρίδες, en S. Matth. C. 3, v. 4. Au Levit. C. xi. v. 22, un des animaux qu’il est permis de manger aux Israélites, est appelé par les Septante ἀϰρίδα, & par S. Jérôme locusta. Il s’agit là d’animaux, & les Septante n’ont assurément pû entendre par ἀϰρίδα une espèce de légume, ou la pointe des branches des arbres. Et c’étoit sans doute une pénitence bien austère, que de ne manger, comme le S. Précurseur, que des sauterelles & du miel sauvage. Licophron, ancien Poëte, & Aristophane, parlent des sauterelles comme de la nourriture la plus vile, & Théophilacte en parle comme de celle des paysans. Enfin, Ælien, de Hist. Animal. dit que l’on mangeoit des cigales, qui sont une espèce de Sauterelles. On ajoute encore, que ἀϰρίδες ne sont pas les pointes des branches tendres des arbres, c’est ἀϰρόδρυα. C’est ainsi que S. Epiphane les appelle. Il faut cependant convenir qu’Isidore de Péluse, qui écrivoit proche de la Palestine, parlant dans sa 132e Lettre de cette nourriture de S. Jean, dit que ce ne sont point des animaux ; & qu’il taxe même d’ignorance ceux qui le disent, ὀυ ζῶὰ ἐστιν, ὥς τινες ὄιονται ἀμαθῶς ; mais que ce sont les pointes des herbes & des plantes. Mais il s’est trompé ; ce que nous avons dit ne laisse aucun lieu d’en douter, & S. Augustin, Béde, & beaucoup d’autres, sont du sentiment contraire. Ainsi c’est avec raison que les Jésuites d’Anvers rejettent avec mépris le sentiment des Ebionites, qui, au lieu d’ἀϰαρίδες, mettoient ἐγχρίδες, qui signifie une espèce de mets délicat fait avec de l’huile & du miel ; celui de quelques Novateurs qui veulent qu’on lise ἀϰραδες, ou χαριδες, des cancres marins ; & celui de Béze, qui lit ἄϰρος, des poires sauvages. Ludolf croit aussi que ce sont des sauterelles que mangeoit S.


Jean, Hist. d’Ethiop. T. II. p. 24.

ACRIMONIE. s. f. Aigreur piquante. Les sels ont beaucoup d’acrimonie. L’acrimonie de la bile est cause de beaucoup de maladies. Modérer l’acrimonie, ou l’âcreté des humeurs.

☞ ACRISE. s. m. Roi d’Argos, pere de Danaé. Ayant été détrôné par son frere Proétus, il fut rétabli par son petit-fils Persée, qui le tua ensuite par un malheureux accident.

ACRO. Ce mot qui est Grec, & vient d’ἄϰρος, haut, ce qui est au haut, au sommet d’une montagne, quand il est joint au nom d’une ville ; signifie souvent la citadelle de cette ville ; parce que les citadelles se construisent sur les lieux élevés qui commandent les villes. Ainsi Acrocorinthe est la citadelle de Corinthe ; Acropolis, la citadelle d’Athènes, qu’on nommoit en Grèce du nom général πόλις, ville par excellence, comme Rome étoit appelée Urbs. Acrocorinthe est représentée sur quelques Médailles qui peuvent donner du jour à ce que nous venons de dire. Une Médaille d’Auguste porte d’un côté la tête de cet Empereur couronné de laurier. Imp. Cæsar Augustus. Au revers. Octaviano iter iivir. Un rocher ou montagne escarpée de laquelle le haut est occupé d’un temple, ou d’un bâtiment, dont il ne paroît que le frontispice qui est à six colonnes, trois de chaque côté, & dans l’exergue. Cor. c’est-à dire, Corinthus.

☞ ACROATIQUE. adj. m. Cet adjectif signifie secret, particulier, réservé. Aulu-Gelle dit qu’Aristoque donna deux sortes de livres à ses Disciples, les uns exotériques, & les autres acroatiques. Il donnoit & expliquoit les premiers indifféremment à tout le monde, & cette explication se faisoit le soir : mais pour les livres acroatiques qui traitoient de la contemplation de la Nature, & des recherches de la dialectique, il les expliquoit le matin dans le Lycée, & n’y admettoit pas indifféremment toutes sortes de personnes. Lorsqu’Alexandre se plaignit à ce Philosophe, de ce qu’il avoit publié ses livres acroatiques, & que tout le monde pourroit par-là devenir aussi habile que lui qui étoit son disciple, il lui répondit qu’ils ne pouvoient être compris que de ceux qui avoient pris ses leçons, & entendu ses explications.

☞ ACROBATES. s. m. pl. Espèce de Danseurs de corde. Il y en avoit de quatre sortes : les premiers voltigeoient autour d’une corde, comme une roue tourne autour de son essieu, & ils se suspendoient par le cou, par le pied, &c. Les seconds voloient du haut en bas sur une corde, appuyés sur l’estomac, les bras & les jambes étendues. Les autres couroient sur une corde tendue obliquement de bas en haut. Les derniers enfin dansoient, sautoient, faisoient toutes sortes d’exercices sur une corde tendue horizontalement à neuf ou dix pieds de terre. Moreri.

ACROCERAUNES. Acroceraunia, Acroceronii montes. Selon Servius, c’est le nom de plusieurs montagnes de différens pays, ainsi appelées de ἄϰρον, le sommet d’une montagne, & ϰεραυνὸς, foudre, parce que les hautes montagnes sont souvent frappées de la foudre. Il y en a dans l’Epire qui donnent aussi leur nom à un Promontoire qui s’avance dans la Mer Adriatique. Acroceraunium. Le Cap Acrocéraunien, aujourd’hui Capo della Chimera, ou della Languetta.

ACROCÉRAUNIE. Acroceraunia. Ville épiscopale de l’Epire, au pied des monts Acrocérauniens, aujourd’hui appelée Chimère, nom qui vient d’un château nommé Chimère, que Pline dit avoir été sur le sommet de ces montagnes.

ACROCÉRAUNIEN, enne. s. m. Acroceraunius. Ptolomée appelle ainsi les Habitans des montagnes de l’Epire dont on vient de parler, Peuple agreste & barbare, qu’on nomme aujourd’hui Chimériots, du nom de ces mêmes montagnes, qui sont appellées montagnes de la Chimère, ou plutôt du nom de la Ville dont on vient aussi de parler. Le Cap Acrocéraunien. T. Corn. Les monts Acrocérauniens sont des bras du Pinde que quelques-uns disent être appellés Monts du Diable. id. Je ne sçais pas quelle délicatesse M. Dacier n’a pas voulu se servir de ce mot dans sa Traduction d’Horace. Il l’a cependant mis à la marge ; & dans ses Notes il ôte la première partie du nom, & les appelle Monts Cérau-


niens