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Passion de Notre Seigneur, & cinq ans avant que Pilate eût le Gouvernement de la Judée. Voyez Eusèbe L. IX. C. 4. & 6. Ruffin L. 1. C. 5. & suiv. Baron. & Spond. ad an. 134. n. 63. & ad an. 311. n. 6. Bolland. Tom. 1. p. 363. Les Quartodécimans avoient aussi de faux Actes de Pilate. Baron. ad an. 134. n. 63. Les vrais Actes de Pilate furent envoyés par ce Président à Tibère : Tibère en fit son rapport au Sénat, qui les rejetta ; parce qu’ils ne lui avoient point été adressés. C’est ce que témoignent Tertullien dans son Apolog. C. 5. & 21. Eusèb. Hist. L. 2. C. 2. Orosius L. VII. C. 4. Grégoire de Tours L. 1. C. 24. & avant eux tous, Saint Justin Martyr dans son Apologie à Antonin Pie.

Il y aussi de faux Actes des Apôtres faits, disoit-on, en Hébreu, par je ne sai quel Abdias, traduits en Grec par son disciple Eutrope, & du Grec en Latin par Jule Africain. Volffgang Lazius les publia en 1551. sur un manuscrit de près de 700. ans, comme si ç’eût été une pièce authentique. Un disciple de Manès, nommé Leucius, ou Seleucus, composa aussi de faux Actes des Apôtres sur la fin du IIIe Siècle. On a vu encore autrefois les Actes de S. Thomas, les Actes de S. André, les Actes de S. Paul & de Thècle, de S. Philippe ; les Actes de Saint Matthieu, de S. Pierre, & de S. Jean : mais ce sont des Livres qui ont été déclarés apocryphes ; les derniers ont été fabriqués par l’hérétique Peucius. Ceux de S. Thècle étoient l’ouvrage d’un Prêtre d’Asie, que S. Jean dégrada, en punition de la supposition de cet ouvrage. Ce que nous en avons, sous le nom de Saint Basile de Seleucie, semble n’en être que l’extrait ou l’imitation. Pautin donna cette pièce en Latin & en François l’an 1608.

Actes des Apôtres. C’étoit une pièce de Théatre ancienne, que les Confrères de la Passion ont représentée long-temps autrefois à l’Hôtel de Bourgogne. Le Gendre.

Acte, en Poësie, se dit de certaines divisions ou parties principales du Poëme Dramatique, pour laisser reposer les acteurs & les spectateurs. Actus. Ainsi dans l’intervalle des Actes, le Théatre demeure vuide, & sans action, qui se passe aux yeux des spectateurs ; car on suppose toujours qu’il s’en passe une hors de leur vûe. Ce n’est pas seulement pour les délasser qu’on pratique ces intervalles ; c’est encore pour ménager la vraisemblance, & rendre par-là l’intrigue plus intéressante : car le spectateur qui a vu préparer l’action qui se doit passer dans l’intervalle, s’efforce de jouer dans son esprit le rôle des acteurs absens ; de sorte qu’il est surpris plus agréablement, quand un nouvel acte venant à commencer, il voit les effets de cette action qu’il n’a fait que deviner, & dont il n’a pu prévoir les suites que confusément ; ainsi son attention & sa curiosité sont réveillées par la suspension & l’incertitude, d’une toute autre manière que si voyant toutes choses arriver il concevoit l’intrigue trop aisément.

Les Actes sont partagés en plusieurs scènes, qui doivent être liées les unes aux autres. Les anciens Poëtes Grecs n’ont point connu ce partage des pièces Dramatiques en actes. Leurs épisodes, ou les chants du Chœur, étoient presque la même chose. Les Latins ont les premiers inventé cette division, que les Modernes ont imitée. C’est la pratique constante de tous les Anciens, qui ont divisé leurs pièces en cinq actes, pour leur donner une juste grandeur. Neve minor, neu sit quinto productior actu. Hor. Le partage en trois actes n’est supportable que dans les farces ; mais la règle des cinq actes est inviolable pour faire un Poëme Dramatique parfait & achevé. Dac. Ce jugement de M. Dacier, fondé sur le témoignage d’Horace, tout décisif qu’il paroît, n’est pas sans appel ; & il ne seroit pas impossible de montrer par les principes d’Aristote même, qui nous a donné les règles du Théatre, qu’une pièce Dramatique de trois actes est fort supportable.

Au Collége on appelle aussi Actes, les Thèses qu’on soutient en public, pour acquérir quelque degré dans les Facultés, ou pour faire paroître la capacité d’un Ecolier. Je suis prié d’aller à l’Acte d’un tel Ecolier, il m’a apporté une Thèse. Ce Bachelier a fait tous ses Actes en Sorbonne. Il y a aujourd’hui un Acte dans les Ecoles de Droit, de Médecine. L’Acte des herbes ; c’est ainsi que l’on appelle dans les Statuts des Apoticaires de Paris le second examen que subissent les Aspirans Apoticaires.

Acte de Foi, Jour de cérémonie de l’Inquisition pour la pu-


nition des Hérétiques, ou pour l’absolution des accusés. Dies damnandis aut absolvendis haereticis dictus, destinatus. On choisit d’ordinaire pour l’exécution un jour solennel, afin que la chose se passe avec plus d’éclat. On conduit tous les coupables à l’Eglise. Là on lit leur sentence d’absolution, ou de condamnation. Les condamnés à mort sont livrés au Juge séculier par l’Inquisition ; & elle prie que tout se passe sans effusion de sang. S’ils persévèrent dans leurs erreurs, ils sont brûlés vifs. Cette solennité s’appelle Acte de Foi. Auto da fè.

☞ ACTÉON. s. m. C’est le nom d’un grand Chasseur, petit-fils de Cadmus, & fils d’Aristée & d’Autonoé. Etant à la chasse dans le territoire de Mégare, il surprit Diane dans le bain, & l’ayant contemplée pendant qu’elle étoit toute nue, il en devint épris, & selon Hygin, il la voulut violer. La Déesse le métamorphosa en Cerf, & ses chiens l’ayant méconnu sous ce déguisement, le déchirèrent en morceaux, & le dévorèrent. Les Orchoniens lui faisoient tous les ans des sacrifices par ordre d’Apollon. Cette Fable est une morale excellente pour certains Seigneurs qui se font manger tous les jours par leurs chiens & leurs équipages.

Actéon. s. m. C’est le nom d’un des chevaux qui conduisoient le char du Soleil dans la chute de Phaëton, selon Fulgence le Mythologue. Actéon signifie lumineux : d’ἀϰτίν, ίνος, rayon du Soleil.

ACTEUR, Actrice, s. m. & f. Comédien, ou Comédienne, celui ou celle qui représente sur le Théatre quelque personnage d’une pièce Dramatique. Actor, Femina personam agens in scena. Comme la Tragédie dans son origine ne consistoit qu’en un simple Chœur, qui chantoit des Hymnes à l’honneur de Bacchus, Thespis pensa le premier à introduire un personnage, qui, pour délasser le Chœur, récitoit les avantures de quelque homme illustre. Eschyle trouvant que ce seul personnage étoit ennuyeux, comprit qu’un second Acteur qui s’entretiendroit avec le premier, occuperoit plus agréablement l’auditeur par le moyen du dialogue. Il habilla plus honnêtement ses Acteurs, qui avant lui, étoient barbouillés de lie, & leur chaussa le cothurne. Sophocle qui s’apperçut que les deux Acteurs d’Eschyle ne suffisoient pas pour la variété des incidens, ajoûta un troisième interlocuteur ; les Grecs en demeurerent là ; au moins dans les Tragédies Grecques il n’y a presque jamais que trois Acteurs qui parlent ensemble dans une même scène. Dans les Comédies on se donnoit plus de liberté. Les Modernes ont fait monter sur la scène un plus grand nombre d’Acteurs. Cela augmente le trouble qui y doit regner, & fait une diversité plus intéressante. Dac. Un bon Acteur doit exprimer par sa contenance, & par ses gestes, le caractère qu’il veut représenter. Il ne suffit pas de réciter les paroles, il faut que l’Acteur paroisse animé de toutes les passions du personnage qu’il joue, autrement il est un froid & ennuyeux Acteur. Horace parle d’un Acteur qui jouoit le second rôle, en imitant le premier Acteur, & qui se rabaissoit exprès pour servir de lustre à l’Acteur principal. On ne sait pas trop aujourd’hui de quelle manière jouoient ces seconds Acteurs. Ce mot ne se prend pas en mauvaise part, comme Comédien, à moins que l’épithète qu’on y ajoûte ne détermine autrement le sens.

Quoi ! toujours misérable Auteur,
Et toujours ridicule Acteur,
D’une méchante Comédie,
Tu divertiras les passans ?

Acteur, Se prend aussi figurément, pour marquer la part que les personnes ont aux affaires. On dit, en parlant d’un homme qui a conduit un intrigue : Il a été le principal Acteur en cette affaire. On le dit aussi dans des parties de jeu ou de plaisir. Il nous manque un Acteur.

ACTIAQUE. adj. Actiacus. On appeloit ainsi certains Jeux qu’on célébroit à Rome en l’honneur d’Apollon, surnommé Actien. Ils revenoient de cinq ans en cinq ans, comme les Jeux Olympiques ainsi que l’a remarqué Strabon, & non pas de trois ans en trois ans, comme dit Etienne de Bysance, & quelques autres après lui. Strabon est d’autant plus croyable, qu’il vivoit du temps d’Auguste qui rétablit les Jeux Actiaques, ainsi que le Temple d’Apollon Actien, qu’il rendit plus magnifique qu’il n’étoit.


On