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AEN AEO — AEQ AER


signifie, qui n’a point de jour certain. M. Châtelain, à la fin de son Martyrologe universel, a fait imprimer un catalogue des Saints aëmères, c’est-à-dire, des Saints dont on ne connoît point le nom. De l’α privatif, & ἡμέρα jour.

AEN.

AËN, ou AÏN. Ville ou Bourgade de la tribu de Juda, dans la Terre-Sainte. Aën. Elle fut donnée ensuite à la tribu de Siméon, & elle étoit dans la partie septentrionale de cette tribu, aux confins de celle de Dan. Elle devint aussi ville Lévitique. Voyez Jos. XV. 32. & I. Paral. IV. 32. Ce mot est hébreu, & signifie, Fontaine.

ÆNÉE. Voyez Énée.

AËNGANNIM. Voyez Engannim.

ÆO.

ÆOLE. s. m. Æolus. Nom propre d’homme. Il y a trois Æoles. L’un qui regna dans les îles qui ont porté son nom, & qui par la fumée de ces îles découvrit, dit-on, les vents qu’il devoit faire trois jours après. Voyez Pline, L. III. C. 9. & Solin, C. 12. Un autre qui regna en Etrurie ; & un troisième fils d’Hellen. Quelques-uns attribuent à ce dernier l’invention de la Carte des vents. Quoiqu’il en soit, c’est de cette invention que les Poëtes ont pris occasion de faire un Æole Roi des vents, ou du moins modérateur & distributeur des vents. Ovide le fait fils d’Hippotas ; d’autres lui ont donné Jupiter pour pere. Les uns disent que Ménécla, & d’autres, que Lygia fut sa mere. Il résidoit, selon la Fable, dans les îles Vulcaniennes, qui furent appelées de son nom Æoliennes. Le Géographe Denys a dit qu’il fut grand hospitalier. Au lieu de ce que nous avons rapporté de ses prédictions sur les vents, Isacius & Palæphatus disent qu’il étoit grand Astronome ; & Strabon, que par le flux & reflux, il prévoyoit les tempêtes & les vents qu’il devoit faire. Bochart, L. I. C. 33. croit que cette fable est venue de la Langue phénicienne, où עעול, Aol, signifie, tempête ; d’où s’est fait en Grec ἄελλα.

ÆOLIE, ou ÆOLIDE. Æolis, Æolia. Pays de l’Asie mineure, entre la Troade au septentrion, & l’Ionie au midi, & située sur la mer Ægée. Il s’appela d’abord Mysie ; mais les Æoliens étant venus l’habiter, ils lui donnèrent leur nom.


ÆOLIEN, enne. Æolius, & au plur. ÆOLIENS. Æoles. Peuples de Grèce ainsi appelés d’Æole fils d’Hellen. Ils quitterent la Grèce leur patrie, passerent dans l’Asie mineure, s’emparerent de la Mysie, & fonderent peu à peu une des trois grandes colonies des Grecs en Asie. Les jeunes gentilshommes servoient chez les Æoliens aux sacrifices publics.

Æolien, enne, est aussi adjectif. Le dialecte Æolien se rapporte au Dorien. Port-R. La musique Æolienne étoit douce, appaisoit les passions, & endormoit agréablement. T. Cor. Les îles Æoliennes étoient plusieurs îles dans la mer de Toscane, entre l’Italie & la Sicile, plus près toutefois de la Sicile.

Les îles Æoliennes sont sept petites îles, entre l’Italie & la Sicile, Lipara, Hiera, Strongyle, Didyme, Ericusa, Phœnicusa, & Eronymos. Voyez Æole.

ÆOLIPILE. Voyez Eolipile.

ÆOLIQUE. adj. m. & f. Æolicus. Qui appartient aux Æoliens. Le dialecte Æolique est un des cinq dialectes de la langue Grecque ; c’étoit la manière de parler propre des Æoliens. Dialectus Æolica. C’est du dialecte Æolique que la langue latine s’est formée. Je trouve cependant qu’on dit communément Æolien plutôt qu’Æolique, si ce n’est dans les Colléges.

ÆON. s. m. Ce mot qui est Grec, αἰών, siècle, signifie, la durée d’une chose, éternité ; mais les hérétiques des premiers siècles y ont attaché une autre idée. Abusant de la philosophie de Platon, ils donnoient de la réalité aux idées que ce Philosophe avoit admises en Dieu ; bien plus, ils les personnifioient, & feignoient que c’étoient des êtres distincts de Dieu, & qu’il avoit produits les uns mâles &


les autres femelles ; c’est-là ce qu’ils appeloient Æons, de l’assemblage desquels ils composoient la Divinité toute entière, qu’ils appeloient πλήρωμα, nom Grec, qui signifie Complément, comme si c’eût été là le complément de la Divinité. Au reste, quoique tous les Æons fussent différens de Dieu en grandeur, ils étoient de la même nature, & de la substance même de Dieu. Simon le magicien est le premier inventeur des Æons ; Valentin les perfectionna, & en reconnut jusqu’à 30. S. Irénée, L. I. des Hérés. & L. II. C. 4. Tertullien, dans son Traité contre les Valentiniens, & S. Epiphane, dans l’Hérésie 31, sont parmi les Anciens, ceux qui ont le plus expliqué la doctrine des Æons. Théodoret & Philastrius en ont aussi parlé. Et parmi les Modernes, Baronius à l’an de Jesus-Christ 145 & 175. le P. Alexandre, M. de Tillemont & M. Fleury, Hist. Eccl. & M. Du Pin, Biblioth. des Auteurs Eccl. II. Part. Des 3. premiers siècles. Les Centuriateurs en ont aussi dit quelque chose. Cent. II. C. 5.

Æon. C’est la première femme du monde, dans le système des Phéniciens. Elle apprit à ses enfans à faire usage du fruit des arbres pour leur nourriture, dit Sanchoniathon. Voyez Éon.

ÆQ.

ÆQUATEUR. Voyez Équateur.

ÆQUIPOLLENCE, ÆQUIPOLLANT, ÆQUIPOLLER. Voyez Équipollence, &c.

ÆQUIVOQUE. Voyez Équivoque.

AER.

AËRER. V. a. Donner de l’air, chasser le mauvais air. ἀερείν, purgare. Il signifie aussi mettre un bâtiment, une maison en bel air. Aperto, Liberiori cœlo exponere, supponere. Aërer la chambre d’un malade. Il a fait percer sa galerie des deux côtés pour l’aërer davantage. Dans la troisième acception il est de peu d’usage, & en sa place, on dit, mettre en bel air. Ce mot vient d’aër.

AËRÉ, ée. adj. Qui est bien exposé à l’air dans une plaine, ou sur une élévation. Liberiori cœlo expositus, suppositus. Une maison bien aérée est fort saine. Le Château neuf de S. Germain est bien aëré. Il ne se dit qu’en parlant de la situation d’une maison.

AËRIE. Nom de l’île de Crète. Voyez Créte.

AËRIEN, enne. adj. Qui est fait d’air, ou qui se résout en air. Aërius, Aëreus. Dans la dissolution des corps, les parties aëriennes s’élevent en l’air. Les atômes aëriens montent les premiers dans un alembic. On dit que les bons ou mauvais Anges qui paroissent, prennent des corps aëriens. Les Esséniens, la secte la plus parfaite des Juifs, pensoient que les ames étoient d’une matière aërienne. Arn. Porphyre & Jamblique ont admis des démons, des esprits aëriens, auxquels ils ont donné divers noms. Les Peintres appellent une perspective aërienne, celle qui fait paroître les corps diminués à proportion de leur éloignement, ou distance de la ligne de terre, ou du plan géométrique.

AËRIENS. Nom de Sectaires, qui tirent leur origine d’un certain Aërius, lequel vivoit encore au temps de S. Epiphane, & qui avoit sur le mystère de la Trinité les mêmes sentimens que les Ariens. Il avoit outre cela plusieurs opinions particulières qui sont rapportées fort au long par ce S. Evêque, hœrs. 75. & entr’autres celle-ci : qu’il n’y avoit aucune différence entre les Evêques & les Prêtres ; que la prêtrise & l’épiscopat étoient absolument le même Ordre & la même dignité. L’Evêque, disoit-il, impose les mains, le Prêtre les impose aussi : l’Evêque est assis dans le trône, le Prêtre y est aussi assis : S. Epiphane se déclare en ce lieu-là fortement pour la supériorité des Evêques, & il répond en particulier à toutes les raisons d’Aërius, qui s’appuyoit principalement sur quelques passages de S. Paul, & entr’autres sur celui de l’Ep. I à Tim. C. 4. v. 14. où ce S. Apôtre lui recommande de ne point négliger le don qu’il a reçu, lorsque l’assemblée des Prêtres lui a imposé les mains. Il n’est parlé en cet endroit, disoit Aërius, que des Prêtres seulement, & nullement des Evêques. Mais il est aisé de voir que le mot de Prêtres dans S. Paul, signifie également les Evêques ; ensorte que Presbyterium, qui est dans le grec & dans le latin de la vulgate, se prend pour le sénat ou l’assemblée de ceux qui présidoient aux églises. S. Paul avoit ordonné Thimo-


thée