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a des gens qui se font des affaires de gaieté de cœur. Vois-tu la belle affaire que tu m’as faite par tes beaux avis ? Il étoit bien embarassé, mais je l’ai tiré d’affaires. Je lui ai fait une fâcheuse affaire, sans y penser. Cet homme vous donnera bien des affaires. On dit dans le style familier, Avoir des affaires par dessus la tête ; pour dire, avoir beaucoup d’affaires, beaucoup d’embarras.

Affaire, se dit aussi d’un grand dessein, d’une entreprise. Consilium. D’un grand coup, d’un accident particulier. Casus, eventus. L’entreprise du canal de Languedoc a été une grande affaire. La mort du Général ennemi est une grande affaire, un coup fort avantageux, très-important. Le tonnerre est tombé sur sa maison, c’est une affaire toute fraîche.

Affaire, se dit particulièrement des procès, & de tout ce qui se traite en quelque jurisdiction que ce soit, tant en matière civile, qu’en matière criminelle. Lis, causa, controversia. Il a une grande affaire au Conseil, au Parlement. C’est une affaire de grande & de longue discussion. Celui qui n’entend point les affaires, ne doit point se mêler de plaider. Ce Procureur, cet Avocat, ce Juge, ont beaucoup d’affaires ; pour dire, ont beaucoup de procès à instruire, de causes à plaider, d’instances à juger. Les affaires ne finissent point maintenant. On ne sauroit sortir d’affaire, vuider d’affaire, terminer une affaire avec ce chicaneur. Mon affaire va bien. Ce n’est pas parler en langage d’affaire ; c’est-à-dire, en homme habile & expérimenté dans les affaires. Il s’est bien démêlé de cette affaire. Voilà le nœud de l’affaire, la difficulté du procès. On le dit aussi en d’autres matières. Cette affaire est bien embrouillée, bien intriguée. En ce sens on appelle un homme d’affaires, celui qui fait les affaires d’une maison ; un solliciteur à gages, celui qui a soin des affaires domestiques d’un Seigneur. Le Droit civil accorde une action à celui qui a manié les affaires d’autrui, même sans commission, du moins pour ce qu’il a fait utilement.

Affaire, se dit aussi des querelles, des combats, des différends, des brouilleries d’amitié. Rixa, jurgium, contentio. Ne vous faites point d’affaires avec cet homme-là, il a la mine de vous mal-mener. Scar. L’inquiétude des esprits vifs suscite par-tout des affaires. P. Gail. Il y a une grande affaire à la Cour, un tel & un tel se sont querellés. Cette plaisanterie lui a fait une affaire avec un de ses bons amis. Cet homme s’attire toujours quelque affaire ; pour dire, il se fait toujours quelque querelle. C’est une affaire d’honneur, de pique. Il s’est démêlé avec esprit de l’affaire qu’on lui avoit faite. On fait honneur à l’affaire de Bleneau de l’appeller un combat, ce ne fut qu’une déroute. Bussi.

Affaire, se dit aussi des divertissemens. Oblectamenta voluptatis. Cet homme a tous les jours quelque affaire de plaisir ; pour dire, quelque partie pour se divertir.

On appelle Gens d’affaires, les Financiers, les Traitans & Partisans qui prennent les Fermes du Roi, ou le soin du recouvrement des impositions qu’il fait sur les Peuples. Publicani, vectigalium redemptores. La Chambre de Justice est établie pour la recherche des malversations des Gens d’affaires : toutes leurs contraintes portent cette clause, comme pour les propres deniers & affaires de Sa Majesté.

On dit qu’un homme a affaire à une femme ou une femme à un homme ; pour dire qu’ils ont ensemble un commerce criminel ; de même qu’en Latin Res. Rem habere cum muliere.

Affaire amoureuse. Mots plaisans, pour signifier le service galant qu’on rend aux Dames qui ne refusent rien. Trente-six yvrognes comme vous, ne valent pas en l’amoureuse affaire un buveur d’eau. Voit. Et même sans le mot d’amoureuse, celui d’affaire tout seul signifie la même chose. Mais à propos comment va cette affaire ? Voit.

Affaire. s. f. On dit ironiquement à un homme que ses affaires sont faites, pour dire qu'il ne doit plus rien espérer, qu'il n'a plus rien à prétendre. Acad. Fr.

Affaires, signifie quelquefois, Dettes, embarras. Debitum, aes alienum. C’est un homme qui a beaucoup d’affaires, de dettes. Ce Marchand met ordre à ses affaires, a payé ses dettes.

On dit, aller à ses affaires, faire ses affaires ; pour dire,


aller à la garderobe. Latrinam petere. Il est tout constipé, il ne sauroit faire ses affaires.

On appelle a la Cour un Brevet d’affaires, le Brevet qui donne permission d’entrer dans la chambre du Roi quand les autres se sont retirés, & dès qu’il est sur sa chaise d’affaires. Depuis n’a guères, j’ai vû le Roi dans ses affaires. Voit.

Affaire, se dit aussi des choses qui nous conviennent. Il cherche un bon cheval, j’ai son affaire. Conveniens. Ce valet est son affaire. Ce mot est du style bas & familier en ce sens.

Si feu mon pauvre père Etoit encor vivant, c’étoit bien votre affaire. Racine.

Affaire, signifie aussi, Marché, traité, convention. Pactum conventio. J’ai fait affaire avec un tel de sa maison, de sa charge. Je vous donne ma parole, c’est une affaire faite. Parlons d’affaire ; c’est-à-dire, concluons.

En termes de Fauconnerie, on dit qu’un oiseau est de bonne affaire, qu’on l’a rendu de bonne affaire, quand on l’a bien affairé, bien duit à la volerie.

Affaire, étoit autrefois masculin. Plaidoyés & avis sur plusieurs grands & importants affaires, de Messire Jacques Marion, conseiller du Roi en son conseil d’Etat, & son Avocat Général au Parlement de Paris.

AFFAIRÉ, ée, adj. Qui fait l’empressé, l’occupé, l’homme chargé d’affaires, Negotiosus, negotii plenus. Il y a des gens qui sont toujours affairés, qui disent qu’ils n’ont point de temps à eux.

Il vous jette en passant un coup d’œil effaré, Et sans aucune affaire, est toujours affairé. Mol.

Ce mot est bas, & on ne s’en sert guère que par ironie.

Affairé, signifie aussi, un homme accablé de dettes, dont les affaires sont embarrassées, Ære alieno oppressus. Quelque riche que soit un homme, il ne trouve rien à emprunter, quand on le croit affairé.

AFFAISSEMENT, s. m. C’est l’abaissement de quelque chose, causé par son propre poids, par sa propre pesanteur, ou par quelque force extérieure. Sedimentum. L’affaissement de la terre en cet endroit est fort considérable. L’affaissement se dit encore des tas de fumier que les Jardiniers entoisent, & empilent, & qui s’affaissent notablement quelques jours après avoir été dressés. Il est à craindre que ces couches ne viennent à un trop grand affaissement, si l’on n’a soin d en bien fouler le fumier. Liger. Il se dit aussi parmi les Jardiniers des terres & des sables, lorsqu’en ayant nouvellement porté en quelque endroit, ou qu’en ayant nouvellement remué de deux ou trois pieds en fond, elles paroissent surpasser la superficie de la terre où elles sont, & puis qu’elles viennent à s’abaisser ; pour lors ils disent : Il s’est fait un petit affaissement de ces terres. La Quint. Liger. Les Jardiniers habiles en remplissant quelque grand trou, ont accoutumé de le remplir d’un bon pied au moins plus haut que le reste de la superficie, en vue que l’affaissement qui doit survenir après les pluies, ou les neiges, rende tout le terrain égal. La Quint.

AFFAISSER, v. act. C’est faire que des choses que l’on met les unes sur les autres, s’abaissent, se foulent, & tiennent moins d’espace en hauteur. Deprimere, stipare. Les pluies affaissent les terres. On affaisse les marchandises, quand on les emballe.

Affaisser, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie, s’abbaisser par sa propre pesanteur, ou par quelque force ou impression extérieure. Sidere. Les fortifications de terre s’affaissent sensiblement. Ce mur commence à s’affaisser. Il n’y a guère de planchers qui conservent toujours le niveau, & qui ne s’affaissent avec le temps. Les montagnes s’affaissent quelquefois. Un bâtiment s’affaisse lorsqu’étant fondé sur un terrein de mauvaise consistance, son poids le fait baisser ; ou lorsqu’étant vieux, il menace ruine. En termes de Jardinage, on dit, cette terre, ou cette couche s’est affaissée. ☞ La terre s'est affaissée en quelques endroits, & a bouché les entrées d'une partie de ces caves qui se sont rendues célébres sous le nom de Catacombes. Misson, let. 28.

On dit figurément d’un vieillard qui se courbe, qu’il s’af-