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faisse, qu’il commence à s’affaisser sous le poids des ans.

Affaissé, ée, part. Qui s’est abaissé, qui occupe moins d’espace en hauteur. Depressus.

AFFAITAGE. s. m. Terme de Fauconnerie. Soin qu’on prend pour affaiter, ou pour bien dresser un oiseau de proie. Cura cicurandi accipitris. Il faut bien du soin & de l’industrie pour réussir à l’affaitage d’un oiseau. Les effets de l’affaitage sont tout-à-fait merveilleux, puisqu’il fait que l’oiseau naturellement farouche, fier, fantasque & passionné pour sa liberté, la quitte néanmoins au premier rappel du Fauconnier, & abandonne l’air où il vole, pour se rendre volontairement esclave.

AFFAITEMENT. s. m. Voyez Enfaîtement.

AFFAÎTER. v. a. Raccommoder le faîte d’une couverture, y mettre des faîtières. Tecti fastigium reficere. Voyez aussi Enfaîter. Affaîter se dit peu.

AFFAITER. v. a. Terme de Fauconnerie, qui se dit en parlant des oiseaux sauvages qu’on apprivoise, qu’on rend familiers & doux, qu’on assure pour revenir sur le poing, ou au leurre. Cicurare, mansuefacere, erudire. C’est aussi l’introduire au vol, le curer, le traiter, r’habiller ses pennes, le tenir en santé, & le rendre de bonne affaire. Curare. On affaite l’oiseau en le portant d’ordinaire sur le poing ; en le découvrant souvent pour lui faire voir toutes sortes d’objets ; en se faisant connoître à la voix, au visage ; en le caressant de toutes les manières, & en se rendant fort doux à son égard, & patient à souffrir toutes les mauvaises humeurs.

Affaiter des peaux. Terme de Tanneur. C’est les façonner à la tannerie. Coria, pelles effingere, perficere.

Affaité, ée. part.

AFFAITIER, & AFAITIER. Verbe actif, qui vouloit dire autrefois, instruire, rendre habile en quelque science.

Car de plusieurs langages s’estoit fait affaitier.

Rom. de la Rose.

Affaitier, signifioit aussi, raccommoder. Et lui demandez de ce cuir qu’il emporte, & vous dira qu’il en veut ses soliers affaitier, quand ils seroient dépéciés. Merl.

AFFAITIÉ. part. & adj. Appris, instruit. Jean li Nivelois fut moult bien affaitié.

AFFALE. C’est le commandement aux gens de mer pour faire baisser quelque manœuvre. Deprime.

Affalé, adj. masc. Terme de Marine qui se dit d’un vaisseau qui est arrêté sur la côte, qui ne peut s’élever, ni courir au large par trop, ou trop peu de vent:ou que le vent ou les courans forcent à se tenir près de terre. Navis coacta littus radere.

AFFALER. se dit en général, pour dire, Abaisser. Deprimere. Il faut affaler cette manœuvre, cette poulie, c’est-à-dire, il faut faire baisser.

AFFAMER. v. act. Faire souffrir la faim, causer une faim qu’on ne puisse supporter ; Retrancher, couper les vivres; empêcher qu’ils n’entrent en quelque lieu, afin d’y causer la famine. Famem inferre. Quand les places sont trop fortes, on leur coupe les vivres par un blocus pour les affamer.

Affamer, se dit aussi des goulus qui affament les autres, parce qu’ils ne leur laissent pas assez de quoi manger.

Affamé, ée. part. Famelicus, fame pressus. Il est cruel comme un loup affamé.

Affamé, se dit figurément en choses morales & spirituelles, & signifie, une personne qui désire ardemment quelque chose, qui a une passion extrême d’en jouïr. Cupidus, incensus, inflammatus fludio alicujus rei. Ce Prince est affamé de gloire. Cet homme est affamé de nouvelles. Il est affamé d’argent. Pensez-vous que ce soit un homme affamé de femmes ? Mol. Ce qui rend la solitude insupportable à la plûpart des gens, c’est que leur cœur demeure vide & affamé de louange, & qu’étant privé de cette nourriture ordinaire, il ne trouve pas dans soi-même de quoi se remplir. Port-R. Ne vous attachez jamais à ces hommes ambitieux, & affamés de gloire:ils vous sacrifieront toujours à leur vanité.

De louange & d’honneur vainement affamée, Vous ne pouvez aimer, & voulez être aimée. Voit.


Depuis Janvier jusqu’en Avril,
Sans redouter aucun peril,
Dorilas affamé de gloire
Forme de genereux desseins,
Dont ce Héros perd la mémoire,
Depuis Mai jusqu’à la Toussaints.

Affamé, se dit dans le commerce, d’un homme qui a toujours besoin d’argent, qui a trop souvent recours au crédit, ou à la bourse de ses amis.

Affamé, se dit aussi des choses qui sont faites avec avarice, ou épargne, ou qui n’ont pas la grandeur ou la grosseur requise. Constrictus, Arctatus. Ainsi on dit qu’un habit est trop affamé, ou trop étroit ; un caractère, une lettre affamée, qui n’est pas bien nourrie, ou assez chargée d’encre. Macer, tenuis, tenuior, exilis, exilior, gracilis.

On dit en proverbe, ventre affamé n’a point d’oreilles; pour dire qu’un homme qui a faim n’écoute guère ce qu’on lui dit. Jejunus venter non audit verba libenter. On appelle un poux affamé, un gueux à qui on a donné un emploi lucratif, dans lequel il veut s’enrichir en peu de temps. Il est affamé comme un jeune levron. Affamé comme un rat d’église. Mascur.

AFFAN. Ce mot vouloit dire autrefois, entente, intelligence. Peyre Guillen tout son affan mist Dieu in ley far per mon dam. C’est-à-dire, Dieu mit toute son entente à la faire pour mon dommage.

AFFANEURES. s. f. pl. Terme dont on se sert en quelques provinces, pour signifier le blé que les batteurs & les moissonneurs gagnent, au lieu de l’argent qu’on leur donne ailleurs.

AFFARE. s. m. Est un terme usité en Dauphiné, pour signifier toutes les dépendances d’un fief.

AFFÉAGER. v. a. Donner à féage. C’est lorsque le Seigneur aliéne une portion de terres nobles de son fief, pour être tenue en roture ou en fief à la charge d’une certaine redevance, par celui qui en devient acquéreur. Voyez l’art. 358 de la Coutume de Bretagne.

AFFEBLOYER. v. a. Qui vouloit dire autrefois, lorsqu’il était en usage, Affoiblir. Debilitare.

AFFECTANT, ante. adj. Qui témoigne vouloir quelque chose, ou l’aimer. Affectator, Consectator, Consectatrix. Les Républiques bannissent les citoyens affectans la tyrannie. Le style d’un Orateur affectant certaines figures ou expressions, est vicieux. Ces façons de parler ne sont pas bonnes:il faut dire, Qui affecte, & non pas Affectant.

AFFECTATION. s. f. Desir véhément dont on fait paroître trop de marques au dehors. Affectatio, confectatio. L’affectation des honneurs, & du commandement, est choquante. L’affectation qu’a une partie pour choisir un Rapporteur, le rend suspect aux autres.

Affectation, se dit aussi de certaine manière de parler ou d’agir qui n’a rien de naturel, qui est particulière à quelqu’un, & d’ordinaire vicieuse. Affectatio, nimia concinnitas. L’affectation est une envie démésurée de plaire, mais mal entendue. Bail. L’affectation est un mensonge, qui déguise le naturel, pour chercher dans un air emprunté de quoi se rendre ridicule. Id. Ceux qui parlent bien, parlent en termes propres & naturels, sans qu’il y paroisse ni étude, ni affectation. Cail. En pensant vous élever, vous tombez dans une affectation basse, puérile, fade, impertinente. St Evr. Le Tasse donne quelquefois dans l’affectation. Bouh. Croit-il réjouir les honnêtes gens par quantité d’affectations indignes & ridicules ? Racin. On dit que c’est Gorgias qui a introduit le premier l’affectation de cette politesse. Ablanc. Tout est naturel en lui; il n’a rien qui ressente l’affectation. On ne penseroit point à démèler les intrigues de cette femme, sans l’affectation qu’elle a de passer pour une femme modeste & régulière. Bell. Une affectation trop étudiée de paroître prude est suspecte. Id. Les uns méprisent la mort par brutalité, & les autres par l’affectation d’un courage magnanime. La Plac. On a blâmé l’affectation des hyperboles, & des figures extraordinaires des premières lettres de Balzac. En cherchant trop le plaisant & l’agréable, on tombe d’ordinaire dans une sotte affectation. Boil. Les femmes ont certaines affectations qui les rendent ridicules.

Affectation, signifie aussi, Hypothèque, ou autre obliga- dont


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