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rent à Abdere. Quelques Auteurs veulent que ce soit Aspérosa, ville maritime de Romanie. Voyez Aspérosa. Elle a encore été nommée Astrizza.

ABDÉRITE. s. m. Abderites, Abderita. Qui est de la ville d’Abdere. Les Médailles de cette ville ont une tête rayonnée, avec ce mot ΑΒΔΗΡΙΤΕΩΝ. Les Abdérites étoient si stupides, que leur stupidité avoit passé en proverbe, & qu’on disoit, Un esprit d’Abdere, Abderitica mens, pour, un esprit grossier, pesant, stupide. Cicéron ad Attic. viij. ep. 7. appelle un projet mal concerté, sans vûes, sans prudence, Un projet Abdéritique. Abdere néanmoins produisit de grands hommes, témoin Protagore & Démocrite.

☞ ABDEST. s. m. Terme de relation. Nom que les Persans & les Turcs donnent à la Purification que la Loi leur ordonne, & qu’ils pratiquent avant que de commencer toutes leurs cérémonies. Lavatio, ablutio. Les Turcs font cette Purification en versant de l’eau sur leur tête, & se lavant les pieds trois fois ; mais les Persans se contentent de passer leur main mouillée deux fois sur leur tête, & ensuite sur leurs pieds. Abdest est un mot Persan composé d’ab, qui signifie de l’eau, & de dest, la main. Voyez Oléarius & Ricault : l’un parle de l’Abdest des Persans, & l’autre de celui des Turcs. Les Turcs ont trois sortes d’ablutions. La première, qu’ils appellent Abdest, & qui consiste à se laver les mains, les bras, le front, le visage, le dessous du nez & les pieds, leur sert à se préparer à prier Dieu, pour entrer dans la mosquée & pour lire l’Alcoran. Interp. de la Porte. Les Turcs font l’Abdest tous les jours au matin. Ils se tournent pour cet effet vers la Mecque, & ils se lavent trois fois la bouche, les mains, le nez, les bras, la tête, les oreilles, les pieds, lavant le pied droit le premier. Ils se jettent aussi trois fois de l’eau au visage. Bruyn. Voyez encore Ablution.

☞ ABDIARE. s. f. Royaume d’Asie. Abdiara. Il est dans l’Inde, au-delà du Gange, au nord de celui de Pégu, duquel il dépend.

Abdiare. s. f. Nom propre de ville Abdiara. C'est la capitale du Royaume d’Abdiare. Elle est située sur la rivière de Pégu, environ à vingt lieues au-dessus de la ville de ce nom.

ABDIAS. s. m. & nom propre. C'est le nom du quatrième des douze petits Prophètes, que les protestans appellent communément Obadias, faisant passer la prononciation Hébraïque dans les autres Langues : ce qui est, à mon sens, pécher contre le premier principe des Langues, qui est l'usage. Car de quelque manière que l'on prononce un nom dans la Langue originaire de ce nom, il faut le prononcer comme il est établi par l'usage qu'on le prononce dans la Langue dans laquelle on parle, ou l'on écrit, & il n'y a pas moins d'absurdité à vouloir dire Obadias, Jeschejahu, Jechezchiel, &c. au lieu de Abdias, Isaie, Ezéchiel, qu'il y en auroit à vouloir dire, Miriam, Jehoschua, Jehohhanan, Petrus, Alexandros, Julius Caesar, Pompeius, Hyeronimus, Quintus-Curtius, &c. au lieu de Marie, Jesus, Jean, Pierre, Alexandre, Jules César, Pompée, Jérôme, Quinte-Curce, &c. Aussi tous les Traducteurs François de l'Ecriture, & ceux même de Genève ont dit Abdias. Au reste, ce nom vient de עבד abad, servir, honorer, & יה Ja, abrégé de Jehovah, nom de Dieu. Ainsi il signifie, serviteur de Dieu, ou de Jehovah.

Abdias. s. m. C’est aussi le nom propre d’un Auteur fabuleux, qui rapporte une histoire apocryphe du combat des Apôtres. Cet imposteur se vante d’avoir vu J. C. d’avoir été l’un des soixante-douze Disciples, d’avoir suivi en Perse S. Simon & S. Jude, & d’avoir assisté aux actions & à la mort de plusieurs Apôtres ; & entr’autres, il rapporte celle de S. Thomas, qui fut, dit-il, déchiré par un lion, peu de temps après avoir maudit un homme. Wolfgang Lazius qui découvrit le manuscrit de toutes ces fables dans une caverne, le publia à Bâle en 1551. Mais malgré l’éloge qu’il en fait, jusqu’à le mettre en parallèle avec les Actes des Apôtres, rapportés par S. Luc, les savans critiques en ont fait voir la fausseté par une infinité de contradictions. Voyez Jean Hessels, Bayle & Dupin.

ABDICATION. s. f. Démission, acte de renonciation à une


Charge, à une Magistrature. Abdicatio. Il faut remarquer que l’abdication diffère de la résignation, en ce que l’abdication se fait purement & simplement, au lieu que la résignation se fait en faveur d'une tierce personne.

On dit, L’abdication d'un fils rebelle & désobéissant. Dans le Droit Civil l’abdication est opposée à l'adoption. L’abdication n'étoit différente de l'exhérédation que dans cette circonstance : c'est que le fils abdiqué étoit exclus de la famille & de la succession paternelle, par un acte public pendant la vie du père ; au lieu que l'exhérédation n'avoit d'exécution qu'en vertu de son testament. Les causes de l’abdication étoient les mêmes que celles de l'exhérédation. Harris, dans son Dictionnaire Anglois des Arts, dit qu'on trouve qu’abdication s'est dit encore d'un homme libre qui renonce à sa condition pour se faire esclave, ou d'un Citoyen Romain qui renonce à cette qualité & aux priviléges qui y étoient attachés.

On dit aussi au Palais, faire une abdication de biens, quand on en fait un abandonnement entier.

ABDIQUER, verbe actif. Renoncer à une Magistrature, à une Charge, s'en dépouiller, l'abandonner. abdicare. Dioclétien & Charles-Quint ont abdiqué l'Empire. Il se dit aussi absolument ; ce Prince à été forcé d’abdiquer.

On dit en Droit, Abdiquer un fils, pour dire, l'abandonner, le chasser de sa maison, ne le reconnoître plus pour fils. C'est l'exhéréder, & le priver de tous les avantages attachés à sa qualité de fils. Est quasi negare filium.

Abdiqué, ée, participe passif & adjectif. Abdicatus.

ABDOMEN, s. m. Terme d’Anatomie, qui signifie la partie extérieure du bas-ventre, depuis les cuisses en remontant jusqu’au diaphragme. Abdomen. C’est, dit Harris, le plus bas des trois ventres du corps humain, appellé proprement le bas-ventre, qui comprend dans sa capacité le ventricule, les boyaux, le foie, la ratte, la vessie, &c. & qui est couvert en dedans d’une membrane, que l’on nomme Peritonœum ; sa partie inférieure Hypogastre, Hypogastrium : sa partie de devant est divisée dans l’Epigastre, Epigastrium, les Hypocondres, le droit & le gauche, & le nombril. Il est terminé en haut par le cartilago ensiformis, à droite & à gauche par les fausses côtes, en-bas par les vertèbres des reins, par les os du Coxendix, l’os pubis & l’os sacrum. Il a dix muscles, dont il est couvert, & qui servent à expulser les excrémens, & l’urine, & le fœtus dans les femmes. Nous rapporterons leurs noms propres chacun à leur place. Selon M. Dionis, l’Abdomen est la partie antérieure du ventre, laquelle se divise en trois régions, dont la supérieure s’appelle épigastrique ; la moyenne, (celle du milieu) ombilicale ; & l’inférieure, hypogastrique. La première commence au cartilage xiphoïde, & finit deux travers de doigt au-dessus de l’ombilic ; la seconde commence où finit la première, & se termine environ deux travers de doigt au-dessous de l’ombilic ; & la dernière descend jusqu’à l’os pubis. Chacune de ces trois régions se divise encore en trois parties, une moyenne, & deux latérales. La partie moyenne de la région épigastrique est appelée épigastre ; & les latérales, hypocondres, dont l’un est à droite, & l’autre à gauche. La partie moyenne de la région ombilicale se nomme ombilic, ou nombril ; ses parties latérales sont les deux lombes. Le milieu de la région hypogastrique s’appelle hypogastre : ses côtés sont les îles ou les flancs. Il se dit quelquefois, mais improprement, des parties contenues dans le bas-ventre. Les Grecs l’appellent επιγάστριον & les Arabes mirach.

☞ ABDON ou ADDON. s. m. quelques-uns des Interprètes de l’Ecriture-Sainte ont donné ce nom à l’homme de Dieu, dont il est parlé au chap. 13 du IIIe livre des Rois, qui menaça de mort Jéroboam, parce qu’il sacrifioit aux Idoles : le Roi ayant commandé qu’on arrêtât ce Prophète, sa main sécha, & ne fut guérie que par les prières de cet homme de Dieu, qui refusa les présens qu’il lui voulut faire en reconnoissance.

ABDUCTEUR. adj. m. Abductor.C'est une épithète que les Médecins donnent au quatrième muscle des yeux, qui les fait mouvoir en dehors, & regarder de côté pour marque de mépris & de dédain : c'est pourquoi on l'appelle aussi orgueilleux, & indignabundus, ou dédaigneux, fastidiosus.