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fastidiosus. On le dit aussi des muscles du pouce, & d’autres parties du corps qui se peuvent mouvoir en dehors. L’Abducteur est le troisième muscle de l’index. Il prend son origine de la partie externe & moyenne de l’os du coude, & passant sous le ligament annulaire, il va s’insérer à la partie latérale & externe des os du doigt indice, qu’il tire en dehors vers les trois autres doigts. Dionis. Ce mot vient du Latin abduco, qui signifie Emmener.

ABDUCTION, s. f. Abductio. Terme d’Anatomie. Le mouvement d’abduction, dans les muscles du pouce, est celui qui fait que les doigts s’éloignent du pouce. Dionis. Et dans les muscles des yeux, le mouvement d’abduction est celui qui éloigne la vûe, ou l’œil du nez, & fait regarder par-dessus l’épaule.

ABE.

☞ ABE. s. f. Nom d’un habit des Orientaux. Aba. L’Abe des Orientaux est une espèce de manteau ou de chape, dont ils se servent en campagne, qui est de poil de chameau, & barré en pal de blanc & de noir. P. Helyot, T. I. p. 320. On pourroit l’appeller en latin Penula Orientalis.

ABÉATES. s. m. Abeatæ. Habitans de la ville d’Abée. Corn. Ce sont les Habitans de la ville d’Abée du Péloponèse. Ceux d’Abée de Phocide s’appellent Abantes.

ABÉCÉDAIRE. s. m. Qui est encore à l’abécé. Elementarius. S. Jérôme & S. Fulgence, 3. Mythol. CX, disent Abecedarius, a, um. On se moque d’un vieillard Abécédaire, qui est encore à l’a, b, c, qui ne sait rien. On a donné le titre d’Abécédaire à un livre de Pierre d’Alva sur la Conception de la Vierge en vingt-un volumes, dont la première lettre A contient trois gros vol. in-fol. imprimés à Madrid en 1648. Il est intitulé, Abecedarium Marianum. S. Augustin, dans ses Rétractations, Liv. I, Chap. XX. dit qu’on appeloit Abécédaires, Abecedarios, les Pseaumes dans lesquelles les premières lettres de chaque strophe, ou quelquefois peut-être de chaque vers, suivoient l’ordre alphabétique. Dans l’Ecriture, le CXVIIIe Pseaume & les Lamentations de Jérémie sont de cette sorte, par où il paroît que les Hébreux ont été les premiers Auteurs de cette espèce de Poësie, inventée apparemment pour aider la mémoire.

Abécédaire, signifie encore, suivant Danet, le Maître des petites écoles, qui apprend à lire aux enfans.

ABÉCHER. v. actif. Donner la béchée ou becquée à un oiseau qui n’a pas encore l’adresse de la prendre lui-même. Escam ingerere. Ce mot vient de à & de bec, c’est-à-dire, Mettre au bec. Nicod.

En Fauconnerie on dit, Abécher l’oiseau ; pour dire, Lui donner une partie du pât ordinaire pour le tenir ou pour le mettre en appétit, dans le dessein de le faire voler un peu après.

ABÉE. s. f. Ouverture par où on laisse couler l’eau d’un ruisseau ou d’une rivière, sur la grande roue d’un moulin pour faire moudre. Elle s’ouvre & se ferme avec des pales ou lançoirs. Il en est fait mention dans la Coutume de Loris, Ch. X. Ce mot peut venir de baie, ouverture. Foramen.

ABÉE. Abea. Ville du Détroit Messénien, ou Mansertin, près de Phares, dans le Péloponèse. Elle fut ainsi appelée, dit Pausanias, d’Abdas, fils de Lyncée & d’Hypermnestre. Quelques Auteurs la confondent avec Ira, l’une des sept villes qu’Agamemnon offre à Achiles. Iliad. IX. Il y avoit un temple fameux où Apollon rendoit des Oracles ; les troupes de Xerxès le brûlerent. Il y eut aussi dans la Phocide une ville de ce nom bâtie par les Abantes.

ABEILLE. s. f. Insecte volant, grosse mouche qui a un aiguillon fort piquant, & qui fait le miel & la cire. Apis.

Comme on voit au printemps la diligente abeille,
Qui du butin des fleurs va composer son miel. Boil.

Swammerdam en fait la description, aussi-bien que des bourdons appellés fuci. A l’égard des abeilles qui font le miel, qu’il appelle, apes operariæ, il dit qu’on ne peut découvrir si elles sont mâles ou femelles ; mais dans le roi & les bourdons, les parties qui ser-


vent à la génération, sont très-perceptibles. Jean de Horn, fameux Anatomiste, a fait voir les œufs des abeilles dans la femelle, que l’on nomme ordinairement le roi. Elles ont un tissu dont elles sont enveloppées, qui est ourdi de même que celui des vers à soie. Swammerdam montre aussi des rayons de miel où l’on voit les appartemens du roi & des autres abeilles. On découvre sensiblement dans les abeilles les poumons composés de deux petites vessies. Leur gouvernement ne consiste que dans un amour mutuel, sans qu’elles aient la moindre supériorité les unes sur les autres. Les abeilles servent d’aliment aux hirondelles, qui ont l’adresse de les prendre en volant. C’est pourquoi lorsqu’il va pleuvoir, & qu’il y a peu de ces petits animaux dans l’air, les hirondelles descendent vers la terre pour y chercher leur aliment : d’où est venue l’erreur de croire qu’elles prédisent la pluie. Il y a aussi des mouches d’eau, qui portent les aiguillons dans la bouche, aussi-bien que tous les autres insectes aquatiques. Aldrovandus les décrit sous le nom d’abeilles amphibies ; & Jonston les appelle abeilles sauvages. Il y a une espèce d’abeilles sauvages qu’on trouve dans les jardins & dans les bois. Swammerdam en distingue de six sortes. Il y en a qui ont des cornes fort longues ; d’autres dont le corps est velu. Mouffet les appelle abeilles solitaires dont le nid est fait de gravier, de sable & d’argile. Il décrit aussi sept sortes de guêpes. Il y en a de bâtardes, qu’on appelle pseudophecæ. Hoefflnagel en a dépeint vingt-quatre sortes, entre lesquelles il y a une mouche à trois queues, en latin vespa. Il y en a une que Goedart appelle gloutonne & dévorante, que quelques-uns nomment muscalupus, parce qu’elle dévore sa proie avec les dents. On voit dans l’Abissinie une espèce particulière d’abeilles. Elles sont plus petites que les autres, noires, & sans aiguillon ; elles ont leurs ruches cachées dans la terre, & font du miel & de la cire d’une blancheur extraordinaire. Maty. Les abeilles des Antilles & de l’Amérique méridionale sont plus petites que celles de l’Europe. Il y en a qui sont grises, d’autres brunes, ou bleues. Ces dernières font plus de cire, & de meilleur miel. Elles se retirent toutes dans des fentes de rochers, & dans des creux d’arbres. Leur cire est molle, & d’une couleur si noire, que rien n’est capable de la blanchir ; mais leur miel est beaucoup plus blanc, plus doux & plus clair que celui d’Europe. Elles n’ont point d’aiguillon. Lonvillers. Le P. du Tertre ajoute, qu’il est impossible d’apprivoiser ces abeilles, qu’elles sont toutes sauvages. Il convient du reste, à cela près, qu’il assure qu’il est faux que leur miel soit plus blanc que celui d’Europe. Celles d’Ethiopie, aussi plus petites que les nôtres & sans aiguillon, font leur miel en terre : elles entrent dans ces niches souterraines par un seul trou très-petit ; quand un homme en approche, cinq ou six le bouchent de leurs petites têtes si juste, qu’on ne s’en apperçoit point sans beaucoup d’attention. Elles sont noires ; mais leur cire est très-blanche, & leur miel très-doux. Ludolf. L. I. C. 13. Voyez Meursius dans sa Creta Liv. i. Chap. 15. sur les abeilles qui obligerent les habitans de Rochus d’aller s’établir ailleurs ; sur les abeilles de l’île de Crète, qui, quand elles veulent doubler un Cap, prennent de petites pierres dans leur museau pour leur servir de lest, & pour n’être point emportées par les vens. La même L. ii. C. 7. & sur celles du Mont Ida qui nourrirent Jupiter.

Le roi des abeilles est femelle, & jette environ six mille œufs par an. Il est deux fois plus gros que les autres abeilles. Il a les ailes courtes, les jambes droites, & marche plus gravement que les autres. Il a une marque au front. Pline dit que le roi des abeilles n’a point d’aiguillon. C’est là-dessus qu’est fondée la réponse qu’on fit au nom d’Urbain VIII après son exaltation. Il portoit des abeilles dans ses armes : un François fit là-dessus ce vers, en faveur de sa nation :

Gallis mella dabunt, Hispanis spicula figent.

Enfin, on répondit au nom du Pape d’une manière fort ingénieuse & fort convenable à la qualité de pere commun des Chrétiens :


Cunctis