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vêque d’Amiens d’empêcher, comme il faisoit, la sépulture des décédés ab-intestat.

☞ ABISCA. s. f. Nom d’une province de l’Amérique méridionale. Abisca. On la place dans le pays des Amazones, vers la source du Tipy, à l’orient de Cusco.

☞ ABISUS. Voyez ATELLARO.

ABJURATION, s. f. Renonciation solemnelle à une erreur, à une Hérésie. Erroris confessio ac detestatio. C’est aussi l’acte en forme, par lequel on justifie que l’on a abjuré. Son abjuration est signée de l’Évêque.

Abjuration, se dit aussi dans l’Histoire & les Loix d’Angleterre, du serment qu’un homme qui a commis un crime de felonie, & qui s’est réfugié dans un asyle, fait de sortir du Royaume pour toujours. C’est S. Edouard le Confesseur qui en fit la Loi ; mais depuis elle a été changée. Harris. Selon Boyer, il signifie exil perpétuel. Ce mot vient du Latin abjurare, qui dans Cicéron & dans les autres bons Écrivains de ce temps-là, signifie, Nier quelque chose avec serment.

ABJURER, v. act. Renoncer solemnellement à quelque mauvaise doctrine, à des maximes erronées. Errorem damnare, detestari. Cet homme a abjuré les erreurs de Socin. On dit simplement & absolument, il a abjuré ; pour dire, il a changé de Religion, il s’est converti. On a dit autrefois, abjurer sa Patrie ; pour dire, Quitter la Province pour n’y plus retourner, comme font les bannis & les proscrits. Abnegare Voyez Abjuration.

L’usage de ce terme n’est pas restreint aux matières de Religion. Il sert à exprimer qu’on renonce pour toûjours à certaines choses, & qu’on les abandonne. Il a abjuré la Poësie. Scar. Elle a abjuré tout sentiment de pudeur & de vertu. Pasc.

Abjuré, ée. part. pass. & adj. Damnatus, abjectus, repudiatus.

☞ ABIXINIE. s. f. Voyez ABYSSINIE. Ce mot s’est formé d’Abex. Il est mieux d’écrire Abissinie sans y, quoique souvent on l’y mette.

ABL.

ABLAB, s. m. Arbrisseau de la hauteur d’un sep de vigne, dont les rameaux s’étendent de même. Il croît en Egypte, & ; subsiste un siècle, également verd en hyver & en été. Ses feuilles ressemblent à celles de nos fèves de Turquie, & ses fleurs qu’il porte deux fois l’an, au printemps, & en automne, sont presque pareilles. Cette plante produit des fèves qui servent de reméde contre la toux & contre la rétention d’urine. Les Égyptiens s’en nourrissent. Voyez HABLAB.

ABLAIS, s. m. Terme de Pratique en quelques Provinces. Dépouille de bleds. La Coûtume d’Amiens défend d’enlelever les fruits, & ablais, quand ils sont saisis, sans donner caution au Seigneur de ses droits. Ablais, dans les Coutumes d’Amiens & de Ponthieu, sont les bleds coupés qui sont encore sur le champ. Segetes detectae in agro jacentes.

☞ ABLAQUE. adj. f. La soie Ablaque n’est autre chose que la soie Ardassine, que l’on tire de Perse par la voie de Smyrne. Ce sont les François qui lui ont donné le nom d’Ablaque. Voyez ARDASSINE.

ABLATIF, s. m. Terme de Grammaire. Sixième cas de la déclinaison du nom & du participe, qui exprime un rapport de séparation, de division, ou de privation. Ablativus Casus, auferendi casus. On dit aussi ablatif absolu, quand il est sans régime. On l’a nommé autrefois ablatif égaré. On dit populairement ablativo tout en un tas ; c’est-à-dire, tout ensemble, avec confusion. Le mot d’ablatif Latin a été fait ab auferendo. Priscien l’appelle aussi comparatif, parce qu’il ne sert pas moins à comparer qu’à ôter, parmi les Latins. Les Grammairiens prétendent que les Grecs n’ont point d’ablatif. L’ablatif est opposé au datif, parce qu’on se sert de l’ablatif pour exprimer l’action par laquelle on ôte, comme on se sert du datif pour exprimer l’action par laquelle on donne. Il n’y a pas en François de marque fixe & certaine dans la Grammaire qui distingue l’ablatif de tous les autres cas ; & nous disons qu’un mot est à l’ablatif par analogie avec la Langue Latine. Ainsi dans ces deux phrases, La grandeur de la ville, & Je viens de la ville, nous disons que de


la ville dans la première est au genitif, & dans la seconde, à l’ablatif ; parce que cela seroit ainsi en Latin, si les deux phrases étoient exprimées en cette langue.

☞ ABLAY. s. m. Nom d’une principauté de la grande Tartarie. Ablaius principatus. Vicien la met au midi de la Sibérie, entre le 91 & le 97e. degré de longitude, & entre le 60. & 61e. de latitude, & il appelle Boëkhaers les Tartares qui l’habitent.

☞ ABLE. C’est la terminaison des adjectifs formés des verbes : comme detestable, recouvrable, exprimable ; qui viennent de détester, recouvrer, exprimer. Cette terminaison finale ne trouve ici sa place, que pour avertir que la langue Françoise hait la plûpart de ces adjectifs ; c’est-à-dire, ceux qui sont nouvellement faits, & ne permet point d’en hasarder de nouveaux.

ABLE, ou ABLETTE, s. m. Petit poisson plat & mince, qui a le dos verd & le ventre blanc. Alburnus. Il se trouve dans les riviéres. Il semble que ce mot vient d’albus, & qu’on dit able, pour albe, à cause de sa blancheur, par une simple transposition de lettres assez ordinaire dans les Langues.

☞ ABLÉGAT. s. m. Sa sainteté nomma Mr. Assemani Ablégat Apostolique en ces quartiers, (chez les Maronites) & le chargea d’une lettre pour le Patriarche. Le souverain Pontife enjoignoit au Patriarche d’assembler un concile de concert avec l’Ablégat, &c. Legati vicarius. Mém. de Trév.

ABLERET, Terme de pêche. C’est une espèce de filet carré attaché au bout d’une perche, avec lequel on pêche les ables, ou autres petits poissons : ce qui est permis par plusieurs Coûtumes. On l’appelle en quelques pays, Carré. Rete quadratum.

☞ ABLON. s. m. Nom propre d’un bourg de l’Isle de France. Ablonium. Il est entre Paris & Corbeil.

ABLOQUIÉS, adj. plur. Terme de Coutume. Celle d’Amiens défend aux Tenanciers de démolir aucuns édifices abloquiés & solivés, dans l’heritage qu’ils tiennent en roture, sans le consentement de leur Seigneur. Ces mots viennent apparemment de amovere à loco & à solo.

☞ ABLUER. v. act. C’est un terme de Maître d’écriture. On appelle Abluer un parchemin, un papier ou de l’écriture, lorsqu’en passant légèrement d’une certaine liqueur sur un parchemin dont l’écriture est effacée & altérée, on la ressuscite, & on la met en état d’être lûe. L’ablution des écritures effacées par le temps est quelquefois d’un grand secours. Cela se fait avec de la noix de galle broyée dans du vin blanc & distillée au feu, dont on frotte légérement le papier. Voyez le traité des Inscriptions en faux, & des reconnoissances d’écritures & signatures de Ragueneau.

ABLUTION, s. f. Ablutio. Qui n’est en usage en François que pour signifier cette goutte de vin & d’eau qu’on prend après la Communion, pour consommer plus facilement la Sainte Hostie, ou qui sert à laver les doigts du Prêtre qui a consacré, ou dans quelque autre cérémonie ecclésiastique. Faire l’ablution. De là vient qu’on appelle aussi ablution, le vin que l’on mettoit dans un calice pour le donner aux enfans, à qui l’on administroit autrefois la Communion sous la seule espéce liquide. On voit cette coutume dans quelques Rituels voisins du douzième siècle. La ressemblance de cette action avec l’ablution que prennent les Prêtres à la Messe, lui a fait donner le même nom.

Ablution, se dit aussi chez les Religieux qui portent des habits blancs, de l’action de les blanchir & de les nettoyer. Lotio, lotura. Il y a des écriteaux qu’on met dans les cloîtres pour marquer les jours d’ablution.

Ablution. s. f. Se dit aussi des bains religieux ou plutôt superstitieux des Turcs. Jamais les Turcs ne prient Dieu dans les mosquées, ni ailleurs, qu’ils n’aient fait la grande ou la petite ablution. La premiére se nomme Ghousl, qui est un lavement général de tout le corps. Cette ablution leur est commandée quand ils ont couché avec leurs femmes, quand ils ont eu quelque pollution en dormant, ou qu’en urinant, une seule goutte d’eau est tombée sur leur chair. D’où vient qu’ils évitent cet accident en s’accroupissant avec un soin ridicule. Et afin que rien ne soit à couvert de l’eau qui les purifie, ils se rognent les ongles, & ils se font tomber, ou rasent tout le poil, ex-


D ij cepté