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51 ABH ABI ABI 52

 Ici gît Monsieur de Clézac
Qui baisoit ab hoc & ab hac.Mén.

ABHORRER. v. act. Avoir uen horreur, détester ; Avoir de l'éloignement & de l’aversion pour une personne. Abhorrere. C'est un mélancolique qui abhorre le mariage. Un tyran est un monstre que tout le monde abhorre. Tout animal abhorre la mort. Un Chrétien doit abhorrer le blasphème. On dit aussi, S’abhorrer soi-même dans l'agitation & dans les remords d'un crime.

 Objet infortuné des veangeances célestes,

Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Racine.

Abhorré, ée. participe.

ABI.

☞ ABIA, ou ALBIA. s. f. Petite rivière de la grande Tartarie. Abia, Albia. Elle coule dans le Zagathay, & après avoir reçu la rivière d’Amu, elle prend le nom d’Abiamu, ou Albiamu, ou plus communément Giehun. Voyez Giehun.

☞ ABIAGRASSO. s. f. Nom propre d'un bourg du Milanez, en Italie. Albiatum, Albiatum crassum. Il est entre Milan & Vigévano, sur la petite rivière de Ticinello.

☞ ABIAMU, ou ALBIAMU. Voyez Abia, ou Giehun.

☞ ABIB. s. m. Nom que les Hébreux donnoient au premier mois de l’année sacrée, & qui répond à la fin de notre mois de Mars, & au commencement de celui d’Avril. Saint Jérôme a traduit le mot Abib par Fruits nouveaux ; & c’est ainsi qu’il est dans la Vulgate. Le P. Calmet dit qu’il signifie des épis verds. On donna dans la suite le nom de Nisan à ce même mois.

☞ ABIBES. Voyez Abaïbes.

ABIBON. s. m. Abibon. Nom propre d’homme. Abibon étoit le puîné des fils de Gamaliel. Baill. Ce mot est Hébreu, formé de אב, ab, pere, & בון, bun, ou bon, Comprendre, être intelligent, & signifie, Pere de l’intelligence. M. Baillet l’appelle Abibas. Quoique ce mot puisse absolument se dire, il paroît mieux de dire Abibon, comme le Martyrologe.

☞ ABICUREN. s. m. Nom propre d'une petite rivière de Perse. Abicurenus. Elle arrose Ispahan, capitale de Perse, & la province d’Erak-Atzem.

☞ ABIDOS. Voyez Aveo et Abyde, Abydos.

ABJECT, ecte, ou ABJET, ette adj. Le dernier est plus en usage. Méprisable. Abjectus, vilis, contemptus. Il se dit surtout de la naissance & de la profession. Une naissance abjecte, un métier abject, un homme abject. On le dit aussi de l'esprit, du courage. C'est un esprit vil & abject, une ame basse & abjecte, qui n'a aucune élévation, qui ne pense à rien de grand. Le commencement des autres arts est bas & abject, mais celui du parasite est illustre, & commence par l'amitié. D'Ablanc. Par les exemples qu'on vient de citer, on peut remarquer que le terme abject marche rarement seul, & sans être accompagné d'une autre épithète qui lui sert de commentaire & d'explication. On le trouve seul dans Vaugelas : La gloire qui s'acquiert sur des ennemis abjects perd bientôt son lustre. Ce mot vient d’abjectio, qui signifie, Jetter par mépris abandonner une chose comme inutile.

ABJECTION, s. f. Condition servile qui fait tomber une personne dans le mépris. Abjectio. La fortune a réduit ce Gentilhomme dans une grande abjection. Quelques-uns ont écrit abjection d'esprit, pour dire, Abattement d'esprit. Le mérite des premiers Chrétiens, des premiers Religieux, a été de vivre dans l’abjection, dans l'humilité, dans le mépris du monde. Il est mal aisé de comprendre que la profession d'un Chrétien n'étant dans la vérité, & dans la croyance de tous les Saints, qu'une abjection & une humiliation continuelle, on puisse condamner l'usage des mortifications dans les Religieux, qui ne sont rien que des Chrétiens obligés de tendre à la perfection de l'Evangile. Ab. d. l. Tr. On ne se sert guère


de ce mot que dans les livres ou les discours de dévotion ; mais il y est fort en usage.

ABIENHEUR, & ABIANNEUR. s. m. Terme de Coutume. Dépositarius. Sequester. Ce sont en Bretagne les Dépositaires, les Sequestres ou Commissaires d’un fonds saisi. Voyez M. Hevin sur Frain.

ABIENS. s. m. plur. Abii. C'est le nom d'un Peuple de Scythie, qu’Homère appelle, Les plus justes de tous les hommes, Δικαιοτάτους ἀνθρώπων. Iliad. V. Quelques Auteurs les placent dans la Thrace. Quoique les Abiens aimassent leur liberté au dernier point, & qu’ils l’eussent toûjours conservée depuis Cyrus, ils vinrent se soumettre volontairement à Alexandre, lorsqu’il étoit à Maracande.

On rapporte trois ou quatre étymologies de ce mot. 1°. On dit qu’il vient du fleuve Abien, Abianus, sur les bords duquel ils habitoient. Si cela étoit, ils eussent été appelés Abianiens, Abiani, plutôt qu’Abiens, Abii. 2°. On le fait venir de l’α privatif, & de ϐίος, vie, comme qui diroit : Des gens qui ne vivent pas, quorum non est vita vitalis, parce qu’ils vivoient dans le célibat, ne se nourrissant que de lait, & demeurant toujours dans des chariots. Le célibat entier d’une nation paroît une fable ; comment se fût-elle perpétuée ? Bien d’autres chez les Scythes menoient une vie encore moins humaine, qu’on n’appeloit point pour cela Abii. 3°. D’autres tirent ce nom de l’α privatif, & de ϐιός, un arc, parce qu’ils ne s’en servoient point. 4°. Enfin, & c’est ici ce qu’il y a de plus probable, d’autres veulent qu’ils fussent ainsi appelés de l’α privatif, & de βία, violence, force, parce qu’ils n’usoient point de force, ni de violence, & n’avoient jamais fait la guerre, à moins qu’on ne voulût attenter à leur liberté. L’épithéte que leur donne Homère, confirme ce sentiment.

ABIGEAT. s. m. Terme de Droit Romain. L’Abigeat est une action qui consiste à emmener les troupeaux des pâturages, pour se les approprier. Celui qui n’enlève qu’un mouton, ne commet point le crime d’abigeat, mais un simple vol. La distinction de l’abigeat, & du vol simple, n’est pas connue en France.

ABIHAIL. s. m. ou f. Selon qu’il est nom d’homme ou de femme. Car c’est le nom de plusieurs personnes dans l’Ecriture. Quand il est écrit par un ה, on l’interprète Pere de lumiére ou de louange. Et quand il s’écrit par un ח, Abihhail, Pere de force, ou Pere de l’armée, ou de douleur, ou la force du Pere. Leur prince est Suriel, fils d’Abihahiel. Sacy. Nomb. III, 35. Il faut lire Abihhail.

ABIMALIC. La langue d’Abimalic, c’est la langue des Africains Bérebéres, ou anciens & véritables Africains naturels du pays. On la nomme ainsi, à ce que l’on croit, de l’Auteur de leur Grammaire, nommé Abimalik, qui n’est apparemment autre chose qu’Abimelech, c’est-à-dire, Pere de Roi, ou Mon pere Roi.

ABIME, ABIMER. Voyez Abyme, Abymer.

ABIMELECH. s. m. Abimelech. Ce nom, qui est Hébreu, composé de אבי, abi, pere, ou mon pere, & de מלך, Roi, & qui signifie par conséquent pere de Roi, ou plutôt, mon pere Roi, comme qui diroit mon pere & mon Roi, est 1°. un nom propre d’homme dans l’Ecriture. 2°. C’est un nom appellatif, ou comme appellatif, qui paroît commun à tous les Rois de Gérare, comme celui de Pharaon l’étoit à ceux d’Egypte. Car le Roi de Gérare, qui reçut Abraham, s’appelle Abimelech ; & Achis, qui reçut David, est aussi appelé Abimelech dans le titre du xxxiii. Pseaume. C’est un nom très-convenable aux Rois de ces premiers temps, qui furent les peres ou les chefs des familles, en sorte qu’on pourroit les appeler Peres & Rois en même temps. Il est croyable que ce fut là un des premiers que les Rois porterent.

☞ ABIN. Château d’Arabie, à l’Orient de la ville d’Aden, à douze milles de la mer.

☞ ABINGTON. Bourg du comté de Bar en Angleterre. Abindonia, Abingtonia. Il est au-dessous d’Oxford, au confluent de la Tamise & de l’Ock.

AB-INTESTAT. Terme de Jurisprudence, qui se dit de celui qui hérite de droit d'un homme qui n'a point fait de testament, & qui avoit pourtant le pouvoir de tester. Intestato. On ne dit point d'un mineur qu'il est mort ab-intestat ; mais on dit d'un fils qu'il est héritier de son Père ab-intestat. Il y a eu un temps où l'on privoit de sépulture ceux qui étoient décédés ab-intestat : ce qui donna lieu à un Arrêt du 19. Mars 1409. portant défenses à l’E-


vêque