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huit Académiciens, ensuite on en ajoûta quatorze. Outre le Directeur, elle a un Secrétaire. La fondation & les statuts de cette Académie, d’où ceci est tiré, ont été imprimés à Madrid à l’Imprimerie Royale en 1715. in-4o.

On dit aussi Academie en parlant des Ecoles des Juifs, & des endroits où ils ont des Rabbins & des Docteurs pour enseigner aux jeunes gens de leur nation la Langue Hébraique, leur expliquer le Talmud, leur apprendre la Cabale &c. Les Juifs n’ont eu de ces sortes d’Académies que depuis le retour de la captivité de Babylone. Les Académies de Tibériade, de Babylone, ont été fameuses.

Quelques Auteurs ont employé ce terme pour signifier aussi ce que nous appellons Université. L’Académie d’Oxford est si illustre, que son Chancelier est toujours un des premiers Seigneurs du Royaume. Larrey. Ce n’est pas parler assez juste. Il est vrai que M. Harris, dans son savant Dictionnaire des Arts, définit le mot Académie, une espèce de hautes Ecoles, ou Université, dans laquelle de jeunes gens sont instruits dans les Arts Libéraux & dans les Sciences ; mais il parle Anglois, & explique ce que signifie ce mot en Anglois. De même en Latin on appelle Académie, ce que nous appellons Université, & tout le VIII. livre de Lymnaeus de Academiis, regarde les Universités. Mais quand on écrit en François, il faut distinguer ces deux choses, qui dans notre langue sont fort différentes. Académie est une Assemblée de gens doctes, qui tiennent entre-eux des conférences sur des matières d’érudition. Université est un Corps composé de Docteurs, de Bacheliers qui aspirent au Doctorat, de Régens qui enseignent dans les Colléges, & de jeunes gens, ou Ecoliers qui étudient sous ces Régens. On peut cependant appeller Académies les lieux où les jeunes gens étoient instruits & élevés. Ainsi l’on dit que pendant que les Romains étoient les Maîtres de la Gaule, il y avoit des Académies à Autun, à Bourdeaux, à Marseille, à Narbonne, à Tours & à Trèves. Le Gendre. Mais en parlant de nos temps cela fait un équivoque qu’il faut éviter, en distinguant ces deux choses, Académie & Université, comme en effet l’usage les distingue.

Académie, se dit aussi des maisons, logemens & manèges des Ecuyers, où la noblesse apprend à monter à cheval, & les autres exercices qui lui conviennent. Epheborum Gymnasium. C’est ce que Vitruve appelle Ephebeum. Au sortir du collège on a mis ce gentilhomme à l’Académie. Newcastle dit que l’art de monter à cheval prit naissance en Italie ; que ce fut à Naples que la première Académie pour monter à cheval fut établie, & que Frédéric Grison, Napolitain, fut le premier qui en écrivit ; ce qu’il fit en vrai cavalier & en grand maître. Henri VIII fit venir en Angleterre deux Italiens, écoliers de Grison, qui remplirent le Royaume d’écuyers. Gui Allard dit que Pluvinel est le premier qui a établi en France des Académies pour apprendre à monter à cheval. Il étoit du Dauphiné. Newcastle dit aussi que le plus célèbre écuyer qui fut jamais en Italie, étoit à Naples & Napolitain, nommé Pignatel ; que la Broue monta cinq ans sous lui, Pluvinel neuf, & S. Antoine plusieurs années ; que ces trois François, qui firent leur apprentissage sous Pignatel, remplirent la France d’Ecuyers François, qui étoit auparavant pleine d’Ecuyers Italiens. Il croit que la Broue a été le premier qui a écrit en François de l’art de monter à cheval.

Académie. Terme de Peinture. C’est une figure entière, dessinée d’après le modèle, qui est un homme nu, ou la copie d’un pareil dessein. Cette Académie ne m’a coûté qu’une heure de travail.

Académie, se dit abusivement du Brélan, ou des lieux publics où l’on reçoit toutes sortes de personnes à jouer aux dez & aux cartes, ou à d’autres jeux défendus. Les Juges de Police sont obligés de veiller à ce qu’on ne tienne point des Académies de jeu. Voulons que les ordonnances de Police pour chasser ceux chez lesquels se prend & consomme le tabac, qui tiennent Académie, brélans, jeux de hasard, & autres lieux défendus, soient exécutées. Ordonnance de 1666. Ces lieux que l’on appelle fort improprement Académies, mais beaucoup mieux du nom infâme de Brélan, tout homme d’honneur doit les éviter, & les loix les condamnent. De la Mare. Cet Auteur montre dans son Traité de la Police, L. III. Tit. iv. C. 2 & 3, que non-seulement les Peres & les Loix ecclésiastiques, mais les Loix civiles chez les Païens, ont défendu ces sortes d’Académies. Les maîtres de ces Académies étoient si infâmes & si odieux, que s’ils étoient volés ou maltraités dans le temps du jeu, ils n’avoient aucune action en justice pour en demander réparation. L. i. Præt. ait. ff. de alea. & ibi gloss. Ulpian.

Académie. Il se prend aussi pour les écoliers mêmes. Ce jour-là un tel Ecuyer fit monter toute son Académie. Acad. Fr.

ACADÉMIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à l’Académie des Arts & des Sciences. Academicus. Les Questions Académiques de Cicéron. Les exercices Académiques continuent en une telle ville.

ACADÉMIQUEMENT, adv. D’une maniére Académique. Academicè. Cette question a été traitée académiquement, pour dire, suivant la méthode des Académiciens.

ACADÉMISTE, s. m. Ecolier qui fait ses exercices chez un Ecuyer, qui apprend à monter à cheval, à faire des armes, à danser, &c. Equestris disciplinae tyro.

ACADIE, s. f. Acadia. Grande Province de l’Amérique Septentrionale, entre le Fleuve de S. Laurent & la nouvelle Angleterre. Elle a environ cent lieues d’étendue. Les Anglois la céderent aux François par la paix de Bréda en 1667. La France l’a rendue à l’Angleterre par celle d’Utrècht, en 1713.

☞ Denys dans sa description de l’Amérique Septentrionale, décrit exactement l’Acadie. La côte d’Acadie commence au sud de la rivière de Pentagouet, dont nous avons parlé en son lieu. De là à celle de Saint Jean, il y a quarante à quarante-cinq lieues. La premiére riviére que l’on recontre est celle des Etéchemins. Continuant vers la riviére de Saint Jean, on rencontre des isles & de grandes anses qui en sont remplies, & à quatre ou cinq lieues des Etéchemins, il y a une autre riviére qui a environ demi-lieue de large. Allant toûjours vers la riviére de Saint Jean, on rencontre des isles & de grandes anses, qui en sont aussi remplies ; & à quatre ou cinq lieues des Etéchemins, il y a une autre riviére qui a environ demi-lieue de large, dans laquelle montant deux ou trois lieues, on rencontre de petites isles couvertes de sapins, bouleaux, chênes & autres bois. Plus haut il y a un saut qui empêche les bâtimens de passer outre : les canots y peuvent aller. Je n’ai pû sçavoir son étendue : Il y a quelques montagnes qui paroissent dans le haut, & nombre de prairies qui la bordent, dont quelques-unes sont assez grandes. Tous les bois y paroissent beaux ; il y a force chênes, & d’autres espéces d’arbres dont on a déja parlé. On tient que ce lieu s’appelloit autrefois Sainte-Croix. Plus loin paroissent des isles, dont la plus grande s’appelle Ménane, qui se voit de loin, venant de la mer, & sert de connoissance pour la riviére de Saint Jean, quoiqu’elle soit éloignée de six à sept lieues de son entrée. Dans toutes ces isles, qui sont en mer, à deux ou trois lieues de la grande terre, il y a grand nombre de toutes sortes d’oiseaux, qui vont au printemps y faire leurs petits, & entre autres force margots, des outardes, des canards, des moyaques, des goislans, des esterlets, des perroquets de mer, des pigeons de mer, & de toutes autres sortes d’oiseaux en grand nombre. De la derniére anse en allant à la riviére Saint Jean, ce ne font que des rochers, six ou sept lieues durant : la côte en est fort dangereuse ; & environ trois quarts de lieue, plus en mer que l’isle Ménane, il y a un rocher qui ne se découvre que tous les six ou sept ans, & qui au rapport des Sauvages, est de lapis lazuli. L’entrée de la riviére Saint Jean est de dangereux abord. Pour ce qui la regarde, voyez au mot Jean. Depuis l’entrée de la riviére de Saint Jean jusqu’à celle de Port-Royal, il y a douze lieues de trajet qui forment ce que nous appellons la Baie Françoise, qui s’enfonce dix à douze lieues dans les terres. En sortant de la riviére de Saint Jean sur la main gauche ; il y a une pointe qui s’avance en mer ; & l’ayant doublée, on entre dans une grande baie qui s’avance dans la terre environ une lieue, au fond de laquelle il y a deux isles ; & continuant le long de la côte, environ trois ou quatre lieues, l’on trouve deux petites baies distantes d’une lieue l’une de l’autre, où l’on dit qu’il y a des mines de fer. Continuant cette route,


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