des propositions universelles affirmantes, qui sont d’ordinaire les premières dans les syllogismes.
AfFIRMATIF, ive. adj. Qui affirme. Vous soutenez que cela est ainsi d’une manière si affirmative, d’un ton si affirmatif, qu’il faut vous en croire. On ne doit rien proposer d’un certain air affirmatif, qui témoigne qu’on ne doute pas de ce qu’on avance, & qu’on ne veut pas même en douter. Nicol. Oui est une particule affirmative.
Affirmatif. s. m. Affirmativus. Terme de l’Inquisition Romaine. C’est le nom que donne le S. Office aux hérétiques qui avouent qu’ils sont dans les erreurs dont on les accuse, & qui, dans les interrogatoires, soutiennent ces erreurs avec opiniâtreté.
Affirmative, est aussi quelquefois substantif, & signifie opinion, proposition par laquelle on affirme. Affirmantis, afferentis opinio. L’affirmative & la négative de la plûpart des opinions, ont chacune leur probabilité. Pasc. L’affirmative paroît la plus probable. Roh. Prendre l’affirmative pour quelqu’un, c’est se déclarer pour lui. Il prend toujours l’affirmative contre moi ; c’est-à-dire, il est toujours contraire à mes sentimens.
AfFIRMATION. s. f. Témoignage qu’on donne qu’une chose est vraie. Affirmatio. Ce mot qui vient du Latin n’est guère en usage que dans le Barreau.
Affirmation en Justice. C’est le serment qu’on prête, & l’assurance qu’on donne de la vérité de quelque fait : ce qui se passe en présence du Juge, lequel fait lever la main, & jurer que la chose affirmée est véritable. On distingue deux sortes d’affirmation, l’une en matière civile, l’autre en matière criminelle. On prétend qu’en matière criminelle l’affirmation se peut diviser ; ensorte que dans la déposition du criminel l’on prenne ce qui fait contre lui, & l’on rejette ce qui tend à sa décharge. Mais en matière civile, lorsque l’affirmation est volontaire, & faite en conséquence d’un serment déféré à l’une des parties, l’on ne peut point la diviser, sur tout si elle contient des choses connexes, & il faut ou l’accepter toute entière, ou la répudier de même. L’affirmation, par exemple, de celui qui déclare avoir reçu, & restitué un dépôt, doit être prise dans son entier, & l’on ne peut l’accepter pour la réception du dépôt, & la rejetter pour la restitution.
Affirmation, est aussi un terme de Logique, opposé à négation, qui signifie l’expression par laquelle une proposition affirme, & dit d’une chose, qu’elle est. Cette proposition contient une affirmation, celle-là une négation. Il est de la nature de l’affirmation, de porter l’esprit à cela. Port-R.
AfFIRMATIONS, au pluriel, se dit en parlant du Greffe des affirmations. Tabularium forense affirmationum. Par l’Ordonnance de 1667, il y a un office de Greffe établi au Parlement pour recevoir, & donner les actes des affirmations des voyages, & du séjour de ceux qui viennent pour faire juger leur procès. Ces actes des affirmations servent au plaideur qui gagne son procès, pour faire taxer ses voyages.
AfFIRMATIVEMENT. adv. D’une manière affirmative. Affirmatè. Il m’a soutenu cela affirmativement & positivement. On dit dans l’Ecole, quand on propose une question, je répons affirmativement ; pour dire que la chose est ainsi.
AfFIRMER, v. act. Soutenir qu’une chose est véritable. Affirmare. On dit qu’une proposition affirme, quand elle tend à établir une vérité positive, & qu’une chose est. L’esprit en concevant deux choses, affirme de l’une, quelle est l’autre, ou au contraire. Roh. Ils affirment que le monde a été composé d’atomes. Bern.
Affirmer, en Justice, c’est se purger par serment, lever la main devant le Juge, qu’une chose est véritable. Jurejurando affirmare. Il a été déchargé de la demande qu’on lui faisoit, en affirmant qu’il avoit payé. Il faut qu’un compte qu’on présente soit affirmé véritable pardevant le Juge ; qu’on affirme la vérité d’une dette, quand on en a obtenu la collocation.
AFFISTOLEUR. s. m. Ce mot veut dire rapporteur, selon Coquillart. Voyez Borel. Il n’est plus du tout en usage.
AfFLEURER. v. a. Terme d’Architecture. Réduire deux corps saillans l’un sur l’autre à une même surface ; comme une trape au niveau du plancher. Æquare ad libellam.
AfFLICTION. s. f. Peine du corps, ou de l’esprit. Dolor, mœror, ægritudo. Les Elus sont éprouvés dans l’affliction. Les discours étudiés de ces consolateurs sans douleur irrite plus l’affliction qu’ils ne l’adoucissent. M. Scud. Le sage dit que toutes les choses de ce monde ne sont que vanité, & affliction d’esprit. Il reçut une sensible affliction de la mort de son ami. Ablanc. Je trouverai la paix dans mon affliction la plus amère. Port-R. Il n’y a qu’une affliction qui dure ; c’est celle qui vient de la perte des biens. La Bruy. Jamais affliction n’a été ni si piquante, ni si vive. P. de Cl. Il y a des femmes qui ont la triste & fatigante
vanité de se rendre célèbres, par la montre d’une inconsolable affliction. Rochef. L’homme doit être dégoûté & lassé de la vie par les douleurs, & par les afflictions. Abad. L’affliction est un tribut que l’homme sage doit payer sans honte à la nature ; & rien en cela ne le doit distinguer des foibles, que la modération. Cail. Il suffit que les afflictions fassent une partie de la profession de l’Evangile, pour en rebuter les gens du monde. Gomber. Scarron a dit d’Enée,
Qu’il pleuroit en perfection,
Et même sans affliction.
AfFLICTIVE, adj. f. Se dit seulement des peines corporelles qu’on souffre par ordre de la Justice. Poena poenaria. Quand on entend un criminel sur la sellette, c’est une marque qu’il y a des conclusions à peine Afflictive.
AfFLIGEANT, ante. adj. Qui afflige. Tristis, Acerbus. La mort de la personne aimée est la chose du monde la plus affligeante. Combien d’affligeantes réflections ne devrions-nous pas faire sur notre malheureuse destinée ? P. Gail.
AfFLIGER. v. act. Faire souffrir quelque chagrin, peine ou douleur. Dolorem afferre, Contristare. Dieu afflige les bons par la prospérité des méchans. Cet homme est affligé de la goutte. Cette ville est affligée de la peste. Je ne vous en dis pas davantage de peur de vous affliger.
Affliger, signifie aussi, maltraiter son corps, le mortifier, le faire souffrir. Affligere, afflictare, cruciare, macerare. Affliger son corps par des austérités. Port. R.. Les Saints ont toujours eu le soin d’affliger leurs corps par le jeûne & par les disciplines. Id.
Affliger, signifie encore, Ruiner, désoler, par toutes sortes de maniéres. Evertere, vastare, depopulari. La guerre affligera l’Etat. Main.
Affliger, avec le pronom personnel, signifie, S’attrister, concevoir du chagrin & de la douleur de quelque chose. Dolere, mœrere. La civilité exige qu’on aille se réjouir, ou s’affliger avec les gens, de mille choses qui ne donnent ni joie, ni douleur. M. Scud. Si la sagesse de Dieu avoit imposé aux hommes la nécessité de vivre toujours, ils s’affligeroient peut-être de leur immortalité. Abad. Pourquoi à la lecture de mes satyres, aimez-vous mieux vous affliger avec les ridicules, que de vous réjouïr avec les honnêtes gens ? Boil.
Affligé, ée, part. Dolens, mœrens. Presque tous ceux qui vont s’affliger avec les affligés, ne sentent rien de ce qu’ils disent sentir. M. Sc. C’est assez d’être du nombre des affligés, pour être de vos amis. Voit. Le temple de la Justice est le refuge inviolable des affligés. Patr.
AfFLUBER. verb. act. Vieux mot, qui veut dire. Couvrir. Borel croît qu’il vient d’insulare. Voyez Affubler. C’est la même chose. Affluber s’est fait d’affubler, par une transposition de l, qui se fait en quelques provinces, où affluber est encore en usage parmi les paysans & le Peuple.
AfFLUENCE, s. f. Abondance. Affluentia, ubertas. L’affluence des eaux a rompu la chaussée de ces étangs. L’affluence des humeurs cause diverses maladies. Le chemin étoit rompu par l’affluence des ruisseaux. Vaug. On dit aussi affluence de paroles, mais le plus souvent en mauvaise part. Verborum copia. Bon Dieu ! quelle affluence de paroles !
On dit encore ce mot figurément, d’une grande abondance de bien. Divitiarum copia. D’un grand concours de monde. Magnus hominum concursus, summa frequentia. Affluence de toutes sortes de bien, grande affluence de Peuple. Acad. Fr.
AfFLUENT, ente. adj. Il se dit d’une rivière qui tombe dans une autre. Affluens. On a expédié des Patentes pour rendre la Seine navigable jusqu’à sa source, & toutes les rivières y affluentes, tant au-dessus qu’au-dessous de Paris.
AfFLUER, v. n. Se rendre en un même lieu. Affluere. Il se dit premièrement des eaux qui coulent vers un même endroit. Il n’y a point de fleuve en France, où il afflue tant d’eau que dans la Loire. Il y a beaucoup de grands fleuves qui affluent dans la mer Caspienne. Ce mot vient de fluere, ab undis fluentibus, parce que la grande affluence & abondance des choses se fait par le moyen des rivières. Ou plutôt, il vient d’Affluere, qui se dit des eaux qui vont se rendre dans un endroit, & s’y ramassent en abondance; puis il s’est appliqué par métaphore à toutes les autres choses qui se rendent & se trouvent en abondance en même lieu. Ce mot déplaît à bien des gens:aucun bon Auteur ne s’en sert aujourd’hui. Réfl. A la vérité Mezerai l’a employé. Il n’est point condamné par Messieurs de l’Académie ; cependant on ne doit pas s’en servir sans scrupule.
Affluer, signifie aussi, Arriver en abondance ; & se dit tant des personnes, que des choses. Les Ecoliers affluoient de toutes parts autrefois dans l’Université de Paris. Les richesses, les délices affluent dans la France. Les mauvaises humeurs affluent sur les plaies.
Tome I. M ij AfFOIBLIR