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a point de villes considérables dans l’Abyssinie ; mais les provinces fertiles sont remplies de villages fort près les uns des autres. Voyez Ablancourt, traduction de Marmol, L. i. C. 20.

ACA.

ACABIT, s. m. Bonne ou mauvaise qualité d’une chose. Natura, genus. Les Rôtisseurs s’en servent en parlant de leurs viandes. On le dit particulièrement des fruits & des légumes, selon qu’ils sont de bonne nature, de bon plan, & de bon terroir. Des poires d’un bon acabit ; ce qui veut dire proprement qu’elles sont d’un bon débit. Quelques-uns le disent aussi des viandes & des étoffes. Ménage dit que le Peuple a dit d’un bon acabit ; pour dire, d’un bon achat. Boursaut a dit acabie. On le dit quelquefois des personnes par métaphore.

On s’en promet en vain quelque chose de mieux,
Il est d’un acabit malfaisant, vicieux,
Sur ce noir sauvageon c’est en vain que l’on greffe, &c.

ACABLEMENT, ACABLER. Voyez ACCABLEMENT, ACCABLER.

ACACALIS, s. m. C’est le fruit d’un arbrisseau qui croît en Egypte.

ACACE, s. m. Acacius. Nom d’homme qui est originairement Grec, & vient de l’a privatif, & de ακαζα, malice, comme qui diroit sans malice. Plusieurs personnages fameux ont porté ce nom, parmi lesquels il en est qui ont bien fait du mal à l’Eglise. Acace de Césarée, surnommé le Borgne, disciple & successeur d’Eusèbe, se rendit fameux au IVe. siècle par ses inconstances en fait de doctrine. Acace Patriarche de Constantinople, & successeur de S. Gennade, est le premier qui ait voulu l’emporter sur les Patriarches d’Alexandrie, d’Antioche & de Jérusalem. Acace de Béroé en Palestine, Evêque savant, vertueux, zélé, & qui n’abandonna jamais dans l’Episcopat les pratiques de la vie Monastique dans laquelle il avoit été élevé dès l’enfance, fut cependant un des plus grands persécuteurs de S. Jean Chrysostome. Acace, Evêque d’Amide en Mésopotamie au Ve Siècle, homme d’une piété rare, & d’une charité extraordinaire, vendit les vases sacrés pour nourrir les Esclaves Persans que Théodose le jeune fit dans la guerre contre Varanes. Le Patriarche d’Antioche successeur de Basile en 458. est le moins recommandable des Acaces. Acace Alexandrin, Capitaine dans les troupes de l’Empereur Adrien, fut pendu pour la Foi. Nous avons quelques Ouvrages d’Acace de Mélitene. Quand on parle de tous ces Acaces, il ne faut point dire Acacius. Au contraire, quand on parle du Rhéteur Acacius, fameux sous l’Empire de Julien, on ne dit point Acace. Ce sont nos Livres sur la Religion & nos Auteurs de l’Histoire Ecclésiastique qui ont fait qu’on a donné une forme Françoise à ce nom, dans le premier cas, au lieu que dans l’autre il est resté Latin, parce qu’on parle peu de ce Rhéteur.

ACACIA, s. m. Terme de Botanique, qu’on donne à divers arbres, quoique fort différens entre-eux. Acacia. Il y a un acacia, qu’on appelle aussi Cassie, ou selon Mr d’Herbelot Gagie, en Latin spina Ægyptia, qui croît en Egypte, & qui est un grand arbre épineux, dont la fleur est jaune en quelques-uns, & blanche en d’autres : son fruit, qui est contenu dans des gousses, est semblable au lupin. Cet arbre nous fournit la gomme Arabique, & un suc qu’on appelle le Vrai acacia. Les Arabes appellent cet acacia d’Egypte Om Gailan, la mère des Satyres, ou des Démons des forêts. D’Herb. Il y a une sorte d’arbre qui croît à Malabar, & à Cranganor, qu’on appelle aussi acacia. En Mésopotamie près du Tygre, & dans les déserts d’Arabie près de l’Euphrate, on donne ce même nom à d’autres Arbres, qui sont pourtant différens. Il y a encore un acacia du Brésil, & un de Virginie. Il y en a un autre différent des précédens, qu’on appelle acacia de l’Amérique, ou acacia Americana Robini. Cet arbre étranger n’est devenu commun en France que depuis 1650. Les premiers pieds qui ont paru ont été élevés au Jardin Royal des Plantes de Paris par Vespasien Robin, qui en a reçu le premier la semence. Monsieur Tournefort l’a nommé Pseudo-Acacia vulgaris, pour le distinguer de l’acacia des Anciens, ou cassie, arbre d’un autre caractère. L’acacia d’Amérique s’élève fort haut ; son tronc est assez ample : son bois est très-dur, jaunâtre, cassant, & couvert d’une écorce brune. Les jeunes branches de cet arbre sont moëlleuses, garnies de quelques épines courtes & d’un rouge obscur. Ses feuilles sont comme rangées par paire sur une côte terminée par une seule feuille : elles ont un pouce environ de longueur sur un tiers moins de largeur. Ses fleurs sont légumineuses, blanches, d’une bonne odeur, & naissent en épi. A ces fleurs succèdent des gousses, à deux cosses courtes & applaties, entre lesquelles sont renfermées des semences brunes applaties, & de la figure d’un rein. Cet arbre donne de l’ombre, & n’est pas difficile à élever. Il fleurit en Juillet & Août. Ses racines ont un goût


de réglisse. Ses fleurs distillées sont bonnes pour les vapeurs. Son bois est cassant & se fend trop aisément pour être employé aux gros ouvrages de menuiserie. Le nom acacia est indéclinable. Deux acacia au pluriel. Ménage.

Acacia, Voyez CASSIE.

Acacia. Terme de Pharmacie. C’est le nom d’un suc épaissi qu’on apporte du Levant dans des vessies. Il paroît noir extérieurement ; mais étant cassé il est haut en couleur & d’un rouge foncé. On le nomme Acacia du Levant, Acacia vera en Latin, pour le distinguer du faux acacia, autre suc épaissi & extrait des prunelles. C’est un excellent astringent d’un grand usage en Egypte pour arrêter les dévoiemens, les dissenteries, les pertes, & pour se préserver de la goutte.

Acacia (Germanica) d’Allemagne, est le suc tiré par expression du fruit de prunier sauvage, qu’on cuit en consistence d’électuaire, & qu’on substitue à la place du vrai acacia. On appelle aussi acacia d’Allemagne, l’arbre même.

Acacia. s. m. Nom qu’on donne à une espèce de sachet, ou de rouleau long & étroit, qui se voit dans les Médailles, à la main des Consuls, & des Empereurs, depuis Anastase. On ne sait pas trop de quoi étoit composé ce rouleau, & il n’est pas aisé d’en deviner le mystère. Les uns disent que c’étoit un mouchoir plié, que jettoit celui qui présidoit aux jeux, pour les faire commencer. D’autres disent que c’étoit un rouleau de mémoires que l’on présentoit à l’Empereur ou aux Consuls. Monsieur Du Cange, dans sa Dissertation sur les Médailles des Empereurs de Constantinople, qui est à la fin de son Glossaire Latin, a traité de l’acacia pris en ce dernier sens. Voyez sur-tout le n. xiii.

ACACIEN, enne, s. m. Acacianus. Secte d’Ariens, ainsi nommée d’Acace de Césarée leur Chef.

ACADÉMICIEN, s. m. Sectateur de Platon, qui est le fondateur de l’Académie. Les Académiciens tenoient qu’il ne faut rien affirmer, & que nous ne savons qu’une chose, c’est que nous ne savons rien : Unum scio, quod nihil scio. Ils prétendoient que l’esprit doit demeurer en suspens, parce qu’il ne peut se déterminer que sur des vraisemblances, & sur des apparences qui le peuvent tromper. Platon avoit pris de Socrate le fonds & la substance de sa Doctrine. Au reste, en apprenant à ses disciples à douter de tout, c’étoit moins pour les laisser toujours flotans, & suspendus entre l’erreur & la vérité, que pour s’opposer aux décisions précipitées des jeunes esprits, & pour les mettre dans une disposition plus propre à se garantir de l’erreur, en examinant sans préjugé. Mr Descartes entre les Modernes a adopté ce principe des Académiciens ; mais il y a bien de la différence dans l’usage qu’il en fait. Les Académiciens doutoient de tout, & vouloient toujours douter. Monsieur Descartes commence par douter de tout, mais il declare qu’il ne veut pas douter toujours, & qu’il ne doute d’abord, qu’afin d’être ensuite plus ferme dans ses connoissances. Je ne prétends pas décider ici s’il y a bien réussi, & s’il s’y est pris comme il faut : je dis seulement que c’est-là son intention, bien différente de celle des Académiciens. C’est à ce propos que les Partisans de Descartes lui appliquent ce qu’Horace a dit d’Homère :

Non fumum ex fulgore, sed ex fumo dare lucem
Cogitat, ut speciosa de hinc miracula prodat
Antiphatem, Scyllamque & cum Cyclope Charibdim.

Dans la Philosophie d’Aristote, disent ces Messieurs, on ne doute de rien, on promet de donner raison de tout, & cependant on n’explique rien, que par des termes barbares & des idées confuses & obscures ; au lieu que Monsieur Descartes commence par vous faire oublier même ce que vous saviez auparavant, & ensuite vous mene comme pied-à-pied dans mille belles connoissances, qu’il vous fait découvrir, & qu’il vous rend si claires & si évidentes, que vous n’en pouvez plus douter. Voilà ce que disent les Partisans de Monsieur Descartes ; mais avant eux Aristote avoit dit que pour bien savoir une chose il falloit en avoir bien douté, & que c’étoit par le doute que toutes nos connoissances devoient commencer.

Académicien, enne, s. m. & f. Qui est reçu dans une Académie d’Arts, ou de Sciences. Academicus. On a ajoûté un féminin en faveur de Madame des Houlières. L’Académie d’Arles lui a envoyé des Lettres d’Académicienne. C’est la première de son sexe à qui l’on ait déféré cet honneur en France ; car en Italie la chose n’est ni nouvelle ni extraordinaire. Il y a des femmes dans l’Académie, ou Ragunanza d’Arcadie à Rome, & la Reine Christine en est comme la Fondatrice. Voyez l’Histoire de cette Académie publiée depuis quelques années en Italie par Mr Crescembeni, qui en étoit pour lors le Custode, ou Président. Voyez aussi l’Histoire des Femmes savantes dans Mr Ménage & autres Auteurs.

ACADÉMIE, s. f. Lieu délicieux, ou maison de plaisance, située dans un Fauxbourg d’Athènes à un mille de la Ville. Ceux


qui