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ÉPÎTRE.

Les siécles à venir ne pourront ignorer, ce que vous devés à cette Puissance, ce qu’elle vous doit à vous-même, par le don que vous lui avés fait d’une Reine, le modéle le plus parfait de toutes les vertus ; nous leur apprendrons ce que nous vous devons pour l’amour que vous nous témoignés, pour la protection que vous accordés aux malheureux ; pour le goût sûr & éclairé qui vous porte à favoriser les sciences & les beaux arts.

Ce sont des qualités que l’univers entier reconnoît dans VOTRE MAJESTĖ.

C’est par elles, SIRE, que vous avés regné long-tems avant qu’elles vous eussent mérité la couronne ; & jamais vous n’avés tant regné que par elles au milieu de vos Etats, & lors même qu’une fatale révolution les eut privés de la douceur de votre regne. Quelle héroïque fermeté n’avés-vous pas fait éclater parmi les plus grandes variations de votre fortune ? L'homme en vous fût toûjours roy, & le roy ne parut jamais homme. Aussi dans ce même tems où vous n'étiés pas encore notre souverain, notre admiration nous rendoit presque vos sujets, malgré notre affection pour nos princes, laquelle seroit encore sans exemple, si elle n’était égalée par celle que nous avons pour VOTRE MAJESTĖ ; mais alors même toute l’Europe, & jusqu’à vos ennemis, touchés de vos vertus, vous faisoient un peuple plus nombreux que celui qu'un triste événement avoit soustrait à votre empire.