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dit que toutes les choses de ce monde ne sont que vanité, & affliction d’esprit. Il reçut une sensible affliction de la mort de son ami. Ablanc. Je trouverai la paix dans mon affliction la plus amère. Port-R. Il n’y a qu’une affliction qui dure ; c’est celle qui vient de la perte des biens. La Bruy. Jamais affliction n’a été ni si piquante, ni si vive. P. de Cl. Il y a des femmes qui ont la triste & fatigante vanité de se rendre célèbres, par la montre d’une inconsolable affliction. Rochef. L’homme doit être dégoûté & lassé de la vie par les douleurs, & par les afflictions. Abad. L’affliction est un tribut que l’homme sage doit payer sans honte à la nature ; & rien en cela ne le doit distinguer des foibles, que la modération. Cail. Il suffit que les afflictions fassent une partie de la profession de l’Evangile, pour en rebuter les gens du monde. Gomber. Scarron a dit d’Enée,

Qu’il pleuroit en perfection,
Et même sans affliction.

AFFLICTIVE, adj. f. Se dit seulement des peines corporelles qu’on souffre par ordre de la Justice. Poena poenaria. Quand on entend un criminel sur la sellette, c’est une marque qu’il y a des conclusions à peine Afflictive.

AFFLIGEANT, ante. adj. Qui afflige. Tristis, Acerbus. La mort de la personne aimée est la chose du monde la plus affligeante. Combien d’affligeantes réflections ne devrions-nous pas faire sur notre malheureuse destinée ? P. Gail.

AFFLIGER. v. act. Faire souffrir quelque chagrin, peine ou douleur. Dolorem afferre, Contristare. Dieu afflige les bons par la prospérité des méchans. Cet homme est affligé de la goutte. Cette ville est affligée de la peste. Je ne vous en dis pas davantage de peur de vous affliger.

Affliger, signifie aussi, maltraiter son corps, le mortifier, le faire souffrir. Affligere, afflictare, cruciare, macerare. Affliger son corps par des austérités. Port. R.. Les Saints ont toujours eu le soin d’affliger leurs corps par le jeûne & par les disciplines. Id.

Affliger, signifie encore, Ruiner, désoler, par toutes sortes de maniéres. Evertere, vastare, depopulari. La guerre affligera l’Etat. Main.

Affliger, avec le pronom personnel, signifie, S’attrister, concevoir du chagrin & de la douleur de quelque chose. Dolere, mœrere. La civilité exige qu’on aille se réjouir, ou s’affliger avec les gens, de mille choses qui ne donnent ni joie, ni douleur. M. Scud. Si la sagesse de Dieu avoit imposé aux hommes la nécessité de vivre toujours, ils s’affligeroient peut-être de leur immortalité. Abad. Pourquoi à la lecture de mes satyres, aimez-vous mieux vous affliger avec les ridicules, que de vous réjouïr avec les honnêtes gens ? Boil.

Affligé, ée, part. Dolens, mœrens. Presque tous ceux qui vont s’affliger avec les affligés, ne sentent rien de ce qu’ils disent sentir. M. Sc. C’est assez d’être du nombre des affligés, pour être de vos amis. Voit. Le temple de la Justice est le refuge inviolable des affligés. Patr.

AFFLUBER. verb. act. Vieux mot, qui veut dire. Couvrir. Borel croît qu’il vient d’insulare. Voyez Affubler. C’est la même chose. Affluber s’est fait d’affubler, par une transposition de l, qui se fait en quelques provinces, où affluber est encore en usage parmi les paysans & le Peuple.

AFFLUENCE, s. f. Abondance. Affluentia, ubertas. L’affluence des eaux a rompu la chaussée de ces étangs. L’affluence des humeurs cause diverses maladies. Le chemin étoit rompu par l’affluence des ruisseaux. Vaug. On dit aussi affluence de paroles, mais le plus souvent en mauvaise part. Verborum copia. Bon Dieu ! quelle affluence de paroles !

On dit encore ce mot figurément, d’une grande abondance de bien. Divitiarum copia. D’un grand concours de monde. Magnus hominum concursus, summa frequentia. Affluence de toutes sortes de bien, grande affluence de Peuple. Acad. Fr.

AFFLUENT, ente. adj. Il se dit d’une rivière qui tombe dans une autre. Affluens. On a expédié des Patentes pour rendre la Seine navigable jusqu’à sa source, & toutes les rivières y affluentes, tant au-dessus qu’au-dessous de Paris.

AFFLUER, v. n. Se rendre en un même lieu. Affluere. Il se


dit premièrement des eaux qui coulent vers un même endroit. Il n’y a point de fleuve en France, où il afflue tant d’eau que dans la Loire. Il y a beaucoup de grands fleuves qui affluent dans la mer Caspienne. Ce mot vient de fluere, ab undis fluentibus, parce que la grande affluence & abondance des choses se fait par le moyen des rivières. Ou plutôt, il vient d’Affluere, qui se dit des eaux qui vont se rendre dans un endroit, & s’y ramassent en abondance; puis il s’est appliqué par métaphore à toutes les autres choses qui se rendent & se trouvent en abondance en même lieu. Ce mot déplaît à bien des gens:aucun bon Auteur ne s’en sert aujourd’hui. Réfl. A la vérité Mezerai l’a employé. Il n’est point condamné par Messieurs de l’Académie ; cependant on ne doit pas s’en servir sans scrupule.

Affluer, signifie aussi, Arriver en abondance ; & se dit tant des personnes, que des choses. Les Ecoliers affluoient de toutes parts autrefois dans l’Université de Paris. Les richesses, les délices affluent dans la France. Les mauvaises humeurs affluent sur les plaies.

AFFOIBLIR. v. act. Rendre plus foible, débiliter, diminuer les forces, les abattre. Debilitare, frangere, infringere. Il se dit également dans le propre, & dans le figuré. La trop grande chaleur affoiblit le corps. A force de rabotter une planche, on l’affoiblit. Les bois affoiblis exprès sont toisés de la grosseur de leur bossage, & comme s’il n’y avoit aucun cintre, ni vuide. Affoiblir le crédit & l’autorité d’une personne. La vieillesse affoiblit la mémoire. L’affectation en matière de langage affoiblit la pensée. Il n’y a rien qui affoiblisse cette preuve. Affoiblir le parti des ennemis. Ablanc. Le temps affoiblit l’amour. Pell. Le relâchement des Directeurs faciles ne tend qu’à affoiblir la vigueur des loix. P. Caill. Le temps affoiblit les plus justes ressentimens. S. Evr. Le vin affoiblit les nerfs. Les afflictions affoiblissent l’esprit. La disette affoiblit bien-tôt une armée. On a ordonné le jeûne pour affoiblir les appétits sensuels. Affoiblir ses appas, pour affoiblir leurs droits. Corn.

Il se dit particulièrement des monnoies. Pondus vimque imminuere. On affoiblit l’or en le mettant dans l’eau forte, en y mêlant de l’argent, du cuivre, de l’émeril. Lorsque le besoin de l’Etat le demandoit, le Roi pouvoit non-seulement lever de grosses sommes sur la fabrication des monnoies; mais même les affoiblir, c’est-à-dire, en diminuer la bonté. C’est ce que nous apprend un plaidoyer fait en l’an 1304. par le Procureur Général de Philippe le Bel, contre le Comté de Nevers qui avoit affoibli sa monnoie. Item abaissier, & amenuiser la monnoie est privilege espéciale au Roi de son droit Royal, si que à lui appartient, & non à autre, & encor en un seul cas, c’est a sçavoir en nécessité, & lors ne vient pas le gaag ne conversit en son profit espécial, mais au profit & en la défense dau commun. Le Blanc.

Affoiblir, se dit d’un corps dont on ôte de l’épaisseur ou de la grosseur, ce qui le rend plus foible. On a trop affoibli cette poutre. Et figurément, on adoucit & on affoiblit la Croix de Jesus-Christ, en sorte qu’elle n’a plus ni dureté, ni pesanteur. Ab. de la Tr.

Affoiblir, est aussi neut. & signifie, devenir plus foible, plus débile, perdre de ses forces & de sa vigueur. Consenescere, debilitari, deficere. L’esprit lui affoiblit de plus en plus. Le parti affoiblit. Ablanc.

Affoiblir, est aussi neut. passif. Et signifie tout de même, Devenir moins vigoureux, moins fort, s’abattre, se débiliter. Son corps & son esprit s’affoiblissent beaucoup. Son autorité s’affoiblit tous les jours. Le tribunal de Drusus semble s’affoiblir.

Affoibli, ie. part.

AFFOIBLISSANT, ante. adj. Qui affoiblit. Debilitans, infringens, imminuens. La saignée trop réitérée est un remède affoiblissant.

AFFOIBLISSEMENT. s. m. Diminution de forces, diminution de vigueur : il se dit également bien dans le sens propre & dans le figuré. Debilitatio, infractio. Affoiblissement de corps. Affoiblissement d’esprit. La fleur de l’âge se passe, & la vigueur a ses affoiblissemens. Port-R. L’affoiblissement de la République de Rome est venu de la grandeur de ses citoyens. La vie austère produit l’affoiblissement des passions. Ces ames ont ressenti de grands affoiblissemens dans le bien que Dieu commençoit à mettre


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