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goût. Ablanc. L’abondance n’est pas toujours la marque de la perfection des Langues. Bouh. Tu épouseras une femme gentille, qui fera venir l’abondance chez toi. Mol. Il étoit dans une heureuse abondance de toutes choses. Patr. Il fit un fonds dans les années d’abondance, pour passer celles de stérilité. Gomb. Il a abondance de bien, ou des biens en abondance. L’Auteur du Dictionnaire Œconomique rapporte plusieurs manières, ou secrets de faire une grande abondance de bled, de crème, de pèches, de poires, &c. On dit aussi, abondance de droit. Dieu verse sur nous ses graces en abondance. Une année d’abondance. Pour exprimer qu’une grande abondance nuit quelquefois, ou rend les gens fainéans & inutiles, on a fait plusieurs devises. L’une a pour corps un arbre, dont les branches se sont rompues sous le poids des fruits dont il étoit chargé, avec ce mot : Inopem me copia fecit. L’abondance m’a appauvri. Ou bien une chandelle qui se fond à un grand feu, au lieu de s’y allumer, avec le même mot. Une chèvre bien grasse : Sterilescit obesa.

On appelle la corne de la chèvre Amalthée, la corne d’abondance. Copiæ cornu. En Sculpture & en Peinture, c’est une figure de corne d’où il sort des fruits. L’Architecture de ce Palais est ornée par-tout de cornes d’abondance. A l’égard des Médailles on observe qu’elle se donne à toutes les Divinités, aux Génies, aux Héros, pour marquer les richesses & l’abondance, procurées par la bonté des Dieux, & par la valeur des Héros. Quelquefois l’on en met deux pour marquer une abondance extraordinaire.

L’abondance est quelquefois représentée sur les Médailles, sous la forme d’une Divinité. Elle tient à la main des épics, & elle a à ses pieds un pavot entre des épics sortant d’un boisseau.

On dit proverbialement, De l’abondance du cœur la bouche parle ; pour dire, qu’on ne peut retenir certaines choses, & qu’on est pressé de s’en expliquer.

ABONDANCE, s. m. Nom propre d’homme. Abundantius. Il y a plusieurs Saints de ce nom. Celui que le Martyrologe Romain appelle Abonde le 27. Février, s’appelle Abondance, comme il paroît par le Martyrologe de Saint Jérôme, & ceux qui l’ont suivi. C’est une erreur de Galesinius d’avoir mis Abondien pour Abondance : ce qui a fait mettre Abonde à Baronius, sans appercevoir que son propre manuscrit de Saint Cyriaque avoit Abondance. Chast.

ABONDANT, ante. adj. Abundans, affluens, circumfluens, qui abonde, qui procure l’abondance. Un jardin abondant en fruits. La langue Grecque est fort abondante en mots. Cette maison est abondante en biens. Ce Prédicateur est abondant en paroles & en comparaisons. La Perse étoit alors paisible & abondante en toutes choses. Vaug.

Abondant, signifie encore, Grand & ample. Une pluie abondante. Une abondante nourriture. La profusion des louanges est aujourd’hui si abondante, qu’il est surprenant que tant de gens en soient si avides. Port-Royal. Un nombre abondant, en terme d’Arithmétique, est celui dont les parties jointes ensemble par addition, font un autre nombre plus grand que celui dont elles font parties. Ainsi 12, est un nombre abondant, parce que ses parties qui sont 1, 2, 3, 4, & 6, font seize. Harris. Mais 10 n’est pas un nombre abondant, parce que 1, 2 & 5, qui sont ses parties, ne font que 8.

d’Abondant. adv. Insuper, prætereà. Il lui a dit cela d’abondant. Ce mot vieillit, & ne se dit guère qu’au Palais pour marquer la surabondance de droit. A toutes ces raisons, j’ajouterai d’abondant.

ABONDE. s. m. Nom propre d’homme. Abundius.

ABONDER. v. n. Avoir beaucoup de quelque chose. Abundare, affluere, circumfluere. Ce pays abonde en froment, en vin, en fourrages. Cet homme abonde en richesses, en esprit. Toutes sortes de délices abondent en ce lieu. Voit. L’eau abonde en cet étang. Cette famille abonde en honnêtes gens.

On dit figurément, qu’Un homme abonde en son sens ; pour dire, qu’il est attaché avec opiniâtreté à ses opinions, & qu’il ne veut jamais s’en rapporter au sentiment des autres. Pertinax. On parleroit mal en disant, Abonder en son sentiment, quoique sens & sentiment soient ici la même chose. Vaug. Tout abonde en vûes & en con-


sidérations politiques. Ab. De la Tr.

Fuyez de tant d’Auteurs l’abondance stérile,
& ne vous chargez point d’un détail inutile. Boileau.

Il abonde en malice, en mauvais raisonnemens. L’Écriture dit que la grace abondera où le péché a abondé. On dit proverbialement, Ce qui abonde ne vitie pas.

Ces mots viennent du Latin abundare, qui vient de unda, & qui se dit en premier lieu des rivières quand elles sont grosses, & ensuite par rapport de toutes les choses qui sont en grande quantité.

ABONNEMENT, ou ABOURNEMENT, ABONNAGE, ou ABOURNAGE. s. m. Traité ou convention, par lequel on abonne, c’est-à-dire, on vend ou on rachete à un prix certain une redevance incertaine. Clientelaris juris venditio, vel redemptio. Ce mot vient de ce qu’on met de certaines bornes & limites aux droits incertains qu’on pourroit prétendre. Paq. On disoit même autrefois bonnes pour bornes, ou limites. C’est pourquoi on disoit, Abonner un héritage ; pour dire, y mettre des bornes. Ménag. Il est abonné à tant par an pour tous droits Seigneuriaux. Ce Marchand est abonné à cent écus par an avec le Douanier, pour les droits d’entrée de toutes ses marchandises. Il se dit avec le pronom personnel : Je m’abonnai, je suis abonné. Dans plusieurs Coutumes, les roussins de service sont abonnés à un écu. Les abonnemens avec les Sous-Fermiers des Aides sont obligatoires, pourvû qu’ils soient rédigés par écrit, & il est défendu d’en recevoir la preuve par témoins. Ordonn. de 1680 sur le fait des Aides.

Abonner ou abourner. v. a. Terme de Palais. Estimer & réduire à une certaine somme d’argent un droit qu’on recevoit ou qu’on payoit en espèces, & dont le prix étoit incertain. Clientelaria jura vendere, vel redimere. Dans l’usage ordinaire on dit abonner, & non pas abourner.

Abonner, signifie aussi, Aliéner, changer : c’est quand un vassal aliène ses rentes, ou change son hommage en quelque autre devoir. Abalienare, commutare. Voyez les Coutumes d’Anjou & du Maine. L’ancienne Coûtume de Tours portoit aliéner, au lieu d’abonner, qui est en la nouvelle.

Abonner, est aussi quelquefois neutre passif, & l’on dit : Je suis abonné à tant avec le Fermier des Aides ; c’est-à-dire, je suis convenu avec lui qu’au lieu de lui payer à chaque tonneau de vin que je ferai entrer, ou que je vendrai, la somme qui lui revient, je lui donnerai par an ou par mois, une telle somme pour tous ceux que je pourrai faire entrer, ou vendre. En cette forme on le joint quelquefois au pronom personnel. Je me suis abonné. Il s’étoit abonné. Vous vous seriez abonné.

Abonné, ée, part. Venditus, vel redemptus. Champart abonné ou abourné. Les Coutumes font aussi souvent mention d’hommes & de femmes serfs abonnés, de quête abonnée, d’aides abonnées ; c’est-à-dire, fixées.

On dit aussi, Des Meûniers abonnés au Seigneur, pour avoir permission de chasser, & de chercher les mounées dans sa Seigneurie.

On dit aussi, Taille abonnée en la Coutume de Nevers, & abournée en la Coutume de Troyes.

ABONNI, IE. part. Melior redditus, effectus. En salant les viandes, elles en sont abonnies. La Quint.

ABONNIR. v. act. & pron. Rendre meilleur, ou devenir meilleur. Rem meliorem facere, meliorem fieri. Les Cabaretiers trouvent moyen d’Abonnir leur vin par des drogues qu’ils y mêlent. On le dit aussi avec le pronom personnel. Cet homme s’abonnit tous les jours depuis qu’il hante les gens de bien. Les fruits s’abonnissent en mûrissant. Ce mot se tire du Latin bonus, bon. Il n’est en usage que dans la conversation.

Abonnir, terme de Potier, qui signifie Faire sécher le carreau, & le mettre en état de rebattre. Siccare, durare.

ABORD. subst. m. Entrée, accès, approche. Aditus. Les abords de cette place sont dangereux. Toutes les côtes d’Angleterre & de Hollande sont de difficile abord. Lecommerce fleurit d’ordinaire dans les ports qui sont de facile abord. Ce mot est composé de à & de bord, signifiant Rivage.


Tome I. C ij Abord