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ceux qui restent dans le Sacrement après la consécration ; la quantité, la couleur, la saveur, &c. D’autres disent qu’il n’y a proprement que la quantité qui soit un accident absolu & sans sujet, que les autres ont pour sujet la quantité. Le premier sentiment est plus conforme à celui des Pères, & à l’ancienne Doctrine ; car les Pères ont reconnu des accidens absolus autres que la quantité, & ailleurs que dans le Sacrement de l’Eucharistie. S. Basile, dans son Homélie VI. sur la création, enseigne, que la lumière ou plutôt la splendeur, la lueur de la lumière, , est différente de son sujet, comme la blancheur du corps blanc, & qu’elle a été au commencement sans ce sujet, ayant été créée quatre jours auparavant, ce qu’il regarde comme un miracle de la toute-puissance de Dieu. S. Grégoire de Nazianze dit la même chose. Orat. 43. Nicétas aussi-bien que Procope sur la Genèse approuvent ce sentiment de S. Basile. Les Cartésiens ont imaginé tout ce qu’ils ont pu pour détruire cette Doctrine des accidens absolus ; mais ils n’ont rien inventé qui satisfasse. Ils disent que sans qu’il reste rien, Dieu fait sur nos sens les mêmes impressions que faisoient le Pain & le Vin avant la consécration. Mais c’est là rejetter la Doctrine de l’Eglise, & au lieu d’une vraie conversion, ne reconnoître qu’une simple substitution. D’autres soutiennent que tous les corps ont beaucoup de matière hétérogène, d’air & d’autres corpuscules renfermés dans leurs pores ; que quand le Pain est détruit, cette matière, qui n’est point du Pain, subsiste ; que Dieu par miracle la conserve dans le même arrangement, qu’elle avoit dans les pores du Pain, avant qu’il fût détruit ; qu’ainsi elle doit produire les mêmes sensations que produisoit le Pain. Mais on répond à cela que c’est encore là n’admettre qu’une pure substitution, & non point une véritable conversion ; que d’ailleurs dans les principes mêmes des Cartésiens toute cette explication doit être fausse ; que l’espace qu’occupoient avant la consécration les parties solides de la substance du Pain & du Vin, ou demeure vuide après la consécration, ou se remplit de quelque autre substance, qui n’est pas du Pain, ni du Vin ; que soit qu’il demeure vuide, soit qu’il se remplisse de quelque autre substance, ce n’est plus le même tissu, ni le même arrangement de parties, puisque ce n’est plus du Pain ni du Vin ; qu’ainsi selon les Cartésiens mêmes ce ne doit plus être les mêmes sensations. De plus, que les parties du Pain n’étant point disposées, ni figurées de la même manière que celles du corps de Jesus-Christ, les pores ne peuvent être non plus disposés de même ; que cela étant il ne se peut faire que la matière interceptée dans les pores du Pain & du Vin, & conservée après la consécration dans la même situation, réponde exactement aux pores du Corps de Jesus-Christ ; qu’en plusieurs endroits elle tombera sur des parties solides ; qu’alors il faut de deux choses l’une ; ou que pour conserver toujours le même arrangement de cette matière, il y ait pénétration de plusieurs de ses parties avec des parties solides du Corps de Jesus-Christ, ce qui n’est pas possible dans les principes de Descartes ; ou que la disposition & l’arrangement se change, & que ce ne soient plus les mêmes sensations, ou impressions sur nos sens, ce qui est faux. Voyez la lettre d’un Philosophe à un Cartésien de ses amis. La substance corporelle ne se peut séparer de ses accidens. Qui vous l’a dit ? Etiez-vous du Conseil de Dieu, quand il tiroit du néant les substances & les accidens ? Peliss.

Accident, en termes de Médecine, est la même chose que symptome, & se dit de tout ce qui arrive de nouveau à un malade, soit en bien, ou en mal. Symptoma. Le remède travailla de telle sorte, que les accidens qui s’ensuivirent fortifierent l’accusation. Vaug. Cette plaie se pourra guérir, s’il ne lui arrive point d’accident ; c’est-à-dire, de fièvre, d’inflammation, ou d’autre symptome.

Par Accident, manière de parler adverbiale. Fortuitò. Elle marque une chose arrivée par malheur, ou un évènement qu’on ne devoit pas naturellement attendre. Le Prince a l’humeur bienfaisante, & s’il fait du mal, ce n’est que par accident. En termes de Philosophie, par accident, per accidens, signifie ce qui ne suit pas de la nature d’une chose, mais de quelque qualité accidentelle qu’elle a, & il est opposé à de soi ; per se, autre manière de parler semblable qui marque ce qui suit de l’essence & de la nature d’une chose. Ainsi le feu brûle de soi, per se, & entant qu’il est feu, &


non pas par accident ; mais un fer, même chaud, ne brûle que par accident, par une qualité accidentelle qui lui est ajoûtée ; & non pas de soi & entant qu’il est fer.

ACCIDENTEL, ELLE. adj. Qui n’est pas de l’essence d’une chose, ce qui est indifférent à un sujet. Adventitius. La blancheur est accidentelle au marbre, la chaleur au fer.

ACCIDENTELLEMENT. adv. Par accident. Ce n’est qu’accidentellement qu’un homme est blanc ou noir, grand ou petit. On ne s’en sert guère qu’en termes de Philosophie.

ACCISE. s. f. Terme de Relation. C’est une certaine taxe, ou impôt qu’on leve dans les Provinces-Unies sur le vin, la bière, & sur la plûpart des choses qui se consument. On condamne à de grosses amendes ceux qui fraudent les accises. Ce mot vient du Latin, disent les Jésuites d’Anvers, Acta. Sanct. April. T. iii. p. 738, de accidere, tailler, parce que c’est une taille, un retranchement. On trouve en Latin moderne Accisia, pour la taille.

ACCLAMATION, s. f. Clameur, bruit confus, cri de joie, par lequel le public témoigne de l’applaudissement, de l’estime, ou son approbation par quelque chose. Acclamati. Le Roi entra dans la ville parmi les applaudissemens & les acclamations du peuple. Ablanc. Les soldats ne purent retenir les pleurs, ni les acclamations par lesquelles une multitude exprime ses mouvemens. Vaug. Aux avénemens des Princes, & à leurs premières entrées dans les villes, les peuples ont accoutumé de faire des acclamations & des réjouissances publiques. Dans le Code Théodosien, L. vii, il est fait mention des acclamations du peuple Romain, aux entrées des Empereurs Auguste & Constantin. De Roch. Voici quelques formules de ces acclamations, que l’Antiquité nous a conservées : Que les Dieux vous conservent pour nous, votre salut, notre salut : Dii te, nobis servent, vestra salus, nostra salus. En vous, ô Antonin, & par vous, nous avons tout. In te omnia, per te omnia habentur, Antonine. Lamprid. Lorsqu’Agripprine entra dans Rome, les peuples crioient qu’elle étoit l’honneur de la patrie, le seul sang d’Auguste, le seul modèle de l’antiquité, & faisoient des vœux pour ses enfans. Tacit. Annal. L. iii. C. 4. Lampridius dit qu’à l’entrée d’Alexandre Sévère les peuples crioient Salve, Roma, quia salvus Alexander ! O Rome, soyez sauve, puisqu’Alexandre est sauf. Les Hébreux crioient Hosanna. Les Grecs Ἀγαθὴ τύχη, c’est-à-dire, bonne fortune. De Roch. Voyez Juste. Lipse, Elect. L. 11. C. 10, & Lymneus, Jus Public. Imper. L. 11. C. 5. Anciennement on se servoit d’acclamation & d’applaudissement dans les églises, comme dans les théâtres : les Magistrats, les Evêques, étoient élus autrefois par les suffrages, & les acclamations publiques. Dans les Conciles on s’en est aussi souvent servi, soit pour souhaiter de longues années aux Empereurs, soit pour opiner.

ACCLAMPER. v. act. Terme de Marine. C’est fortifier un mât par des clamps, qui sont des pièces de bois qu’on y lie, qu’on y attache pour opposer plus de résistance au vent.

☞ ACCOINTABLE. adj. Vieux mot. Gracieux, accostable.

A lui se tint ung Jouvencel
Accointable, très-gent & bel.

Gloss. du Roman de la Rose.Ësc

ACCOINTANCE. s. f. Vieux mot. Habitude, commerce, ou familiarité qu’on a avec une personne. Commercium, consuetudo. Il ne faut avoir aucune accointance avec des gens de mauvaise vie.

Le bel esprit au siècle de Marot,
Des grands Seigneurs vous donnoit l’accointance.

Des Houl.

ACCOINTER. v. act. Vieux mot, & hors d’usage qui


signifioit,