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signifioit, Hanter quelqu’un, faire société avec lui. Habere commercium, inire consuetudinem. Il s’est accointé de cette fille, pour dire, il la voit un peu trop familièrement.

☞ ACCOISEMENT. s. m. verb. Calme. Terme de Médecine. Il n’est d’usage que dans cette phrase, l’Accoisement des humeurs.

ACCOISER, v. act. Vieux mot, qui signifioit, Adoucir, appaiser. Placare, mulcere. La tempête après avoir duré six heures, s’accoisa un peu. La sédition fut accoisée par l’adresse d’un tel Magistrat.

Accoisé, ée, part.

ACCOLLADE, ou Accolade. s. f. Embrassement, caresse qu’on fait en sautant au cou de quelqu’un en l’embrassant. Amplexus, complexus. Les amis qui ont été long-temps sans se voir, se font mille embrassades & accollades.

Accolade, se dit aussi de l’embrassade, & d’une cérémonie dont on use quand on fait un Chevalier, lequel on embrasse en signe d’amitié ; & en ce cas on dit, donner l’accolade aux Chevaliers. Grégoire de Tours rapporte que les Rois de la première race donnoient le baudrier & la ceinture dorée aux Chevaliers, & les baisoient à la joue gauche. Après l’accolade le Prince donnoit un petit coup du plat d’une épée sur l’épaule du Chevalier, qui entroit par là dans la profession de la guerre.

Accolade, dans un compte, c’est un trait de plume qui joint plusieurs articles pour n’en faire qu’un.

Accolade, se dit aussi de deux lapereaux qu’on sert, qu’on présente joints ensemble.

☞ On dit en plaisantant : Donner l’accollade à une bouteille, à un flacon.

Accolade, Ordre Militaire, ou de Chevalerie, en Angleterre. Autrefois il n’appartenoit qu’aux Chevaliers de l’Accolade de porter l’épée & les éperons dorés. Justiniani ne dit rien de cet Ordre dans ses deux volumes des Ordres de Chevalerie.

ACCOLLER, ou Accoler. v. act. Embrasser quelqu’un en lui mettant les bras sur le cou pour le baiser, le caresser. Amplecti, complecti. Ce mot est composé de col, & vient de ad, & de collum. Il se dit le plus souvent en riant.

Accoler, Embrasser le cou.

Psycharpax sur son dos légérement s’élance,
l’accole, & de ses bras le serre étroitement.

Accoler la cuisse, accoler la botte, signifie, Saluer quelqu’un avec grande soumission, avec respect, comme quand on va au devant d’un homme qui arrive, jusqu’à l’endroit où il descend de cheval, & qu’on s’y trouve pour l’y saluer:ce qui est une marque d’infériorité. Ad genua advolvi.

Accoler, en termes de Pratique, signifie, Faire un trait de plume en marge d’un compte, d’un mémoire, d’une déclaration de dépens, qui marque qu’il faut comprendre plusieurs articles sous un même jugement, & les comprendre dans une même supputation pour n’en faire qu’un seul. Multa in unum redigere.

Accoler, en termes de Jardinage, se dit des branches d’arbres, des séps de vigne qu’on attache à des espaliers, à des échalas. Alligare. Il est temps d’accoler la vigne. Les vignes ont besoin d’être accolées, afin que par ce travail donnant plus d’air aux raisins, & empêchant qu’ils ne penchent trop à terre, ils puissent parvenir à une maturité parfaite. Accoler la vigne, est un terme fort bien inventé, car en la liant, il semble qu’on l’arrête par le cou. Liger. Cet Auteur fait entendre que ce mot ne se dit que de la vigne; & en effet je ne l’ai jamais oui dire d’autre chose.

Accoler, signifie aussi, Joindre deux lapereaux ensemble pour en servir une accolade. Componere.

ACCOLLÉ, ou Accolé, ée. part & adj. En termes de Blason, se prend en quatre sens différens. On le dit des animaux qui ont des colliers ou des couronnes passées au cou. Torquatus. Ainsi on dit, un lion de sable armé, lampassé, & accolé d’or. On s’en sert aussi en blasonnant les armes de Navarre, qui sont de gueules aux rais d’escarboucle accolés & pommetés d’or.

Accolé, se dit aussi des choses entortillées à d’autres, comme d’un serpent à un arbre, ou à une colonne, ou de toute autre chose qui est entourée de lierre ; d’un sep de vigne à un échalas ; d’une givre, Alligatus.

Accolé, se dit encore de deux écus qui sont joints ensemble, & attachés par les côtés. Scutum scuto annexum, adjunctum.


Ainsi les écus de France & de Pologne étoient accolés sous une même Couronne du temps de Henri III, ceux de France & de Navarre depuis Henri IV. Les écus de Léon X & de François I. sont en tête du Concordat en deux Ecussons accolés : ils le sont pareillement dans le sceau dont il est scellé. Les femmes accolent aussi leurs écus à ceux de leurs maris.

On dit aussi que des fusées, des losanges & des macles sont accolées, quand elles se touchent de leurs flancs, ou de leurs pointes sans remplir tout l’écu. On se sert aussi de ces termes pour les clefs, bâtons, masses, épées, bannières, & autres choses semblables qu’on passe en sautoir derrière l’écu.

☞ ACCOLURE. s. f. Terme de jardinage. Lien de paille, ou d’autre chose, dont les vignerons se servent pour accoler les vignes. L’accolure n’est pas une marchandise bien chère.

Ce mot signifie aussi l’action d’accoler.

ACCOMMODABLE. adj. m. & f. se dit en matière de différent ; qui se peut terminer, ajuster, pacifier. Quod componi, conciliari facilè potest. Cette querelle est venue de rien, elle est accommodable. Les différens en matière de Religion ne sont guère accommodables.

ACCOMMODAGE. s. m. Travail ou salaire de ceux qui apprêtent, qui accommodent les viandes. Operæ, laboris merces. Quand on porte des viandes au cabaret, il en faut payer l’accommodage, les sauces, l’apprêt. On a tant payé au Tapissier pour l’accommodage des chambres, quand on a déménagé.

ACCOMMODANT, ante. adj. Qui est facile, complaisant, qui veut bien ce que les autres veulent, avec qui l’on peut traiter aisément. Commodus. Vous aurez bientôt conclu votre marché avec cet homme-là, il est fort accommodant. Votre humeur si égale, sociable, & si accommodante me charme. Cost.

Accommodant, signifie aussi, Ce qui nous fait grand bien, qui établit nos affaires. Un gros billet de lotterie, une succession inesperée, sont des choses fort accommodantes.

ACCOMMODATION. s. f. Terme de Palais. Accord qui se fait à l’amiable. Compositio. Ce procès est si embrouillé, qu’il n’y a pas moyen d’en sortir que par voie d’accommodation. On ne s’en sert plus. Il faut dire, accommodement.

On le dit aussi figurément de la conciliation des Loix, des passages des Auteurs qui semblent être contraires. Conciliatio. Le plus grand soin des Commentateurs est de trouver l’accommodation des textes de leurs Auteurs qui se contrarient. Conciliation est meilleur.

Accommodation. Terme de Philosophie. Accommodatio. Connoître par accommodation, c’est connoître une chose par l’idée d’une autre.

ACCOMMODEMENT. s. m. Ajustement, ce qui rend une chose plus commode, ou qui la met en meilleur ordre. Conveniens rerum dispositio, collocatio. Je ne louerai point votre maison, que vous n’y ayiez fait tels & tels accommodemens.

Accommodement, signifie aussi, Réconciliation, accord, traité pour finir un procès, ou un différend à l’amiable. Compositio, reconciliatio. Ces parties sont en voie, en termes d’accommodement. Cet homme n’est point chicaneur, il est homme d’accommodement ; il est porté naturellement à l’accommodement ; il entre volontiers en accommodement ; il écoute tous les moyens d’accommodement. Dans les accommodemens l’on cherche d’ordinaire des termes foibles, pour l’honneur de celui qui fait satisfaction. Bouh. Cet acte d’hostilité a rompu l’accommodement qu’on avoit ménagé. Ils ont fait un accommodement plâtré. [Acad. Fr. Il se prend encore pour un tempérament, & pour un biais de parvenir à un accommodement. Il y auroit un accommodement à proposer, si les intéressés y vouloient consentir ; c’est-à-dire, un moyen, & un adoucissement pour les concilier.

Le ciel défend de vrai certains contentemens.
Mais on trouve avec lui des accommodemens.

Moliere.

Un négociateur qui a ses ordres de la Cour, feint cependant quelquefois de se relâcher de lui-même, & comme par un esprit d’accommodement. La Bruy.

On dit proverbialement, que le meilleur procès ne vaut pas le plus mauvais accommodement.


F iij ACCOMMODER,